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Guy Novès: “Je n’arrive pas comme Zorro. Mais je sais que je vais prendre des coups”

Écrit par sur novembre 13, 2015

XV DE FRANCE – Ce vendredi, au CNR de Linas-Marcoussis, Guy Novès a présenté son staff et son projet de jeu pour le XV de France. S’il refuse d’endosser le costume de sauveur de l’équipe de France, le nouveau manager tricolore focalise son discours sur le plaisir du jeu mais s’interdit, pour l’instant, d’évoquer les ambitions et les objectifs de résultats des Bleus.

Guy, en arrivant à Marcoussis, vous avez enfin matérialisé l’importance de votre rôle…

Guy NOVES: A partir du moment où les dirigeants et la Fédération m’ont fait confiance, j’ai commencé à prendre conscience de ma fonction. Je vois que les choses se précipitent, s’accélèrent et que le temps compte. Mais comme certains disent, je n’arrive pas comme Zorro ou avec une baguette magique. Ça n’existe pas.

Dans la composition de votre staff, on a le sentiment que vous avez voulu ménager tout le monde. Il y a forcément un peu de politique derrière ces choix…

G.N: Ceux qui me connaissent savent que je ne fais pas trop de politique. Je ne cherche pas à ménager qui que ce soit, le staff, les journalistes ou d’autres. Je sais dès aujourd’hui que je vais prendre des coups. Je me suis donc préparé en conséquence (sourire). Ce staff me paraît légitime. Il me correspond et correspond au jeu que j’ai en tête. Ce sont des personnes pour lesquelles j’ai beaucoup d’admiration. Ce ne sont pas des moutons. Ils sont capables de donner leur point de vue.

Mais quelle est la philosophie de staff ?

G.N: Ce sont des gars qui ont beaucoup d’espoirs, qui sont très positifs avec pour Yannick (Bru) et Jeff (Dubois) une éducation identique au Stade toulousain. Automatiquement, on est obligés de réaliser l’évolution du rugby, les points sur lesquels il faudra insister même si on reste sur nos bases en terme d’éducation. C’est ce qu’on va remettre à l’ordre du jour.

" Est-ce que le rugby français a déjà brillé au plus haut niveau ? C’est ça la vraie question"

C’est important d’avoir Yannick Bru à vos côtés, lui qui a vécu l’expérience de l’ère Philippe Saint-André ?

G.N Très peu d’entraîneurs ont eu la chance de postuler sur deux mandats. Il me semblait important d’avoir non pas des remontées de dirigeants qui avaient vécu un certain nombre de mandats mais quelqu’un qui était au cœur de l’événement, de l’action. Mais Yannick est surtout là par compétence. On peut reconnaître aujourd’hui les compétences de l’entraîneur néo-zélandais (Steve Hansen) puisqu’il est champion du monde mais on n’oublie de rappeler qu’il a battu le record de défaites avec le pays de Galles (entre 2002 et 2004, ndlr). A l’heure actuelle, l’échec ou la réussite ne veulent pas dire grand chose.

Le XV de France va-t-il aussi mal qu’on le dit ?

G.N: Je ne suis pas venu en conférence de presse pour parler de ce qui s’est passé hier. Mais je peux éventuellement vous parler de l’espoir que j’ai pour demain. Après, les quatre ans qui sont passés, et pas que la Coupe du monde, vont me servir de point de départ. C’est un relais qu’on m’a passé. Je remercie Philippe (Saint-André) que je vais rencontrer d’ailleurs de manière à ce qu’il me donne son point de vue de vive voix. Il va surement m’évoquer les pièges qu’il a rencontrés. Son expérience va m'être nécessaire et me faire gagner un peu de temps.On sent que la notion de plaisir est une vraie priorité…

G.N: Il faut donner du plaisir même si le Français a souvent la mémoire courte. Il faut que les joueurs prennent conscience que lorsqu’ils mettent ce maillot, ils sont en mission. Ils sont élus. Le rugby est un sport collectif de combat. Il faut en prendre bien conscience. Quand on rentre dans un commando pour combattre, même s’il y a des règles, on représente une nation. On veut être fier de ceux qui nous représentent. Ce sont eux qui jouent. Quand il y a un intervalle qui se présente mais qu’un joueur ne le prend pas, c’est de sa responsabilité. On ne joue pas avec une télécommande en permanence. J’ai été joueur pendant treize ans. Il ne faut pas aller se plaindre ailleurs. Pour être compétiteur, le joueur doit être responsable, vouloir gagner ses duels, son combat. Quand on est chef de famille, on est responsable. Quand on va voir un film, qu’on se régale et qu’à la fin la personne idyllique meurt, on s’est quand même régalé tout le film. Mais si on s’ennuie tout le film et qu’à la fin la personne vit, on s’est emmerdé (sic) pendant tout le film. Je veux que les gens se régalent.

" Est-ce que Serge Blanco sera mon tuteur ? Non. Je pense que les choses sont bien claires"

Le rugby français a-t-il les joueurs pour briller au plus haut niveau ?

G.N: C’est l’avenir qui nous le dira. Mais si je pensais que je n’avais pas les joueurs pour, je ne serais pas là. Est-ce que le rugby français a déjà brillé au plus haut niveau ? C’est ça la vraie question. Depuis vingt ans, il y a eu des éclats très intéressants, à d’autres moments moins. Est-ce que le rugby français joue dans la continuité ? On voit que le rugby argentin a brillé sur cette Coupe du monde même si on n’oublie de dire que le rugby argentin avait eu de meilleurs résultats en Coupe du monde (troisième en 2007, ndlr). Le rugby français, s’il se remet en question, est capable de redonner envie à nos jeunes de revenir sur les terrains.

Vous parlez très peu d’objectifs de résultats. On imagine pourtant que la Fédération vous a demandé des résultats…

G.N: Non. La Fédération, un peu comme mon club, comme le Président de mon club pendant 22 ans, ne m’a jamais demandé d’être champion de quoi que ce soit. Et la Fédération a eu l’intelligence de ne pas me mettre dans ce piège-là. Nous essaierons d’avoir les meilleurs résultats possibles, à savoir gagner quelques matches. Si on en gagne un peu plus que "quelque", ce sera très bien. Et si nous sommes en situation de conquérir quelque chose, ce sera fabuleux.

" Le capitaine, que ce soit Thierry ou un autre, fait partie de notre réflexion mais nous avons d’autres priorités à l’heure actuelle"

Vous avez volontairement resserré votre staff mais paradoxalement le Comité de suivi dirigé par Serge Blanco est maintenu. Quel sera véritablement son rôle à vos côtés ?

G.N: Quand je parle avec Serge, sa vision des choses m’intéresse. Est-ce qu’il sera mon tuteur ? Non. Je pense que les choses sont bien claires. Mais je ne pense pas que l’on doive s’appuyer sur la Coupe du monde pour déblayer d’un revers de main la présence ou l’absence du Comité de suivi autour de Serge Blanco. Il y a des choses très intéressantes.

Vous souhaitez donner un temps de réflexion à Thierry Dusautoir par rapport à son avenir en équipe de France. Mais avez-vous décidé d’une dead line ? Avant la fin de l’année ?

G.N: Vous allez apprendre à me connaître (sourire). Vous le saurez au prochain épisode. Ne me mettez pas la pression là-dessus. Le capitaine de l’équipe de France sera désigné en temps utile. Le capitaine, que ce soit Thierry ou un autre, fait partie de notre réflexion mais nous avons d’autres priorités à l’heure actuelle. Si vous étiez avez nous, vous verriez qu’il y a énormément de choses à faire avant de choisir le capitaine de l’équipe de France.