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Guerre en Ukraine : Pourquoi est-il si difficile d’envoyer des avions de combat à Kiev ?

Écrit par sur mars 9, 2022

Formation des pilotes, peur de devenir « cobelligérant », problèmes techniques… L’envoi d’avions de combat en Ukraine, réclamé à cor et à cri par Volodymyr Zelensky, dont le pays est constamment bombardé par Moscou, présente de nombreuses difficultés.

Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, les pays occidentaux ont envoyé missiles antichars, Stinger antiaériens, lance-roquettes, fusils d’assaut, munitions… Pourtant, côté avion de combat, ça coince. 20 Minutes fait le point sur les spécificités et difficultés de cet enjeu majeur de la guerre en Ukraine.

Quels avions peuvent être envoyés en Ukraine ?

Afin d’aider les Ukrainiens à défendre leur pays contre l’invasion russe, les Occidentaux ne peuvent pas envoyer n’importe quels avions. La flotte militaire ukrainienne est exclusivement composée de vieux avions de chasse soviétiques de types Mig-29 et Sukhoi-27, ainsi que de chasseurs bombardiers Sukhoi-25.

Les envois d’avions de combat sont donc limités à ce type de modèles. « Les pilotes sont toujours formés sur un seul type d’avion et quand ils changent de modèle, il leur faut des semaines voire des mois pour apprendre à s’en servir », explique l’ancien général Vincent Desportes.

Une difficulté accentuée par le type d’avions auxquels les Ukrainiens sont habitués. « Passer d’un Mirage à un Rafale, ça prend du temps mais ça n’est pas si compliqué. Mais d’un Mig-29 à un F-16, c’est très compliqué ! Ce n’est pas du tout le même système d’arme, le même système d’avion », souligne le professeur de stratégie à Sciences Po et HEC. Seuls quelques pays de l’Est de l’Europe disposent d’avions sur lesquels les pilotes ukrainiens sont formés. La Pologne est le pays qui possède le plus de Mig-29, une petite trentaine au total, devant la Slovaquie qui en possède 14.

Pourquoi les pays occidentaux ont peur de livrer des avions à l’Ukraine ?

Malgré des annonces et des « discussions » sur l’envoi d’avions de combat à l’Ukraine, ça patine. Dans la nuit de mardi à mercredi, Varsovie a proposé de mettre à disposition de l’Otan, 23 de ses avions Mig-29 – en échange d’autant d’avions d’occasion des Etats-Unis, des F-16. La Pologne a offert de les transporter gratuitement sur la base militaire américaine de Ramstein en Allemagne afin qu’ils s’occupent eux-mêmes de la livraison à l’Ukraine. Mais les Etats-Unis ont refusé immédiatement, estimant que cette proposition suscitait de « sérieuses préoccupations pour l’ensemble de l’Otan ».

Vincent Desportes évoque un « jeu de dupes ». D’un côté, les Polonais refusent de faire décoller les avions de leur territoire puisque Vladimir Poutine menace de considérer quiconque prendrait cette décision comme un « cobelligérant ». De l’autre, les Etats-Unis, qui assuraient « encourager » la livraison d’avions, rétropédalent dès que la Pologne leur fait une proposition concrète.

« L’Amérique refuse de s’engager, c’est très clarifiant », estime l’ancien directeur de l’Ecole de guerre, dont le prochain livre Visez le sommet est consacré aux questions de stratégie. D’après lui, « il y a beaucoup de ruse de la part de Vladimir Poutine, qui a bien compris qu’il s’agissait d’un outil de dissociation entre les pays européens et les Etats-Unis ». En provoquant cette « fissure » dans l’unité des pays occidentaux, le chef du Kremlin « cherche à inhiber les pays de l’Otan ». Et semble y parvenir.

Au-delà des peurs, est-ce physiquement possible ?

Matériellement, transférer des avions à l’Ukraine est extrêmement compliqué. Sauf à passer par la voie aérienne, une méthode qui risquerait d’entraîner de facto le pays qui s’y décide dans un conflit armé avec Moscou, l’exercice est presque impossible. Les voies maritimes sont tenues par l’armée russe.

Et par la voie terrestre, c’est « impossible », lance, catégorique, Vincent Desportes. « Un avion, ça ne passe pas par la route. Ou alors il faut démonter et remonter dans des usines », détaille-t-il. Des usines difficiles à trouver quand le pays est en proie à des bombardements nourris depuis quatorze jours. Et si ces avions étaient transportés tels quels, « la Russie les verrait immédiatement avec ses satellites et ils seraient bombardés ».