En ce moment

Titre

Artiste


Grève : trafic “très fortement perturbé” à la SNCF, “normal” dans le métro

Écrit par sur mars 7, 2016

Les syndicats, vent debout contre le projet de loi du travail porté par Myriam El Khomri, ont lancé un appel à la grève de mardi 22 heures à jeudi 8 heures.Salaires, emploi, conditions de travail : les syndicats de la SNCF, ressoudés, et ceux de la RATP appellent à cesser le travail mercredi, et de fortes perturbations sont attendues sur le réseau SNCF, le réseau RATP étant moins affecté. La SNCF a prévenu que le trafic serait "très fortement perturbé" sur son réseau, avec en moyenne un tiers des trains prévus en Ile-de-France, sur les lignes régionales et la plupart des lignes TGV nationales. Aucun Intercités de nuit ne circulera entre 19 heures mardi et 8 heures jeudi, soit la durée du préavis déposé par la CGT, l'Unsa, Sud et la CFDT. Le trafic international sera beaucoup plus proche de la normale, avec notamment 80 % des Eurostar (Grande-Bretagne) et 100 % des Thalys (Belgique) et trains Alleo (Allemagne).

Côté RATP, où la CGT et Sud appellent à la grève de mardi 22 heures à jeudi matin, un train sur deux seulement circulera sur la portion du RER B gérée par la régie en direction de Massy et Saint-Rémy-les-Chevreuse. Mais le métro parisien devrait rouler normalement.

Ces grèves, le jour des épreuves du prestigieux concours de l'agrégation pour 3 000 candidats, coïncident également avec une première démonstration dans la rue, à Paris et dans une centaine de villes en région, contre le projet de réforme du code du travail.

À la SNCF, la précédente grève unitaire des quatre syndicats représentatifs, en juin 2013 contre le projet de réforme ferroviaire, avait été suivie par environ 70 % des conducteurs et contrôleurs et seules quatre liaisons sur dix avaient été assurées en moyenne. "Cela va être une journée forte, autant qu'en 2013" car "on est arrivés à l'os sur l'emploi", prévient Thierry Nier, porte-parole de la CGT-Cheminots (premier syndicat), selon lequel "même dans l'encadrement, le mécontentement monte".

Les syndicats pointent une gestion "catastrophique" des effectifs qui se traduit notamment par des TER supprimés aux heures creuses dans plusieurs régions, faute de personnel. Pour 2016, 1 400 suppressions nettes de postes sont encore prévues. Depuis 2003, la SNCF en a supprimé plus de 25 000, via des départs à la retraite non remplacés.

"Coup de semonce"

Outre une hausse des salaires, les syndicats appellent surtout les cheminots à défendre leurs conditions de travail au moment où se négocient les futures règles communes au secteur (public/privé, fret/voyageurs). Il s'agit du volet socialement le plus délicat de la réforme ferroviaire votée en 2014. Car bouger les règles d'organisation (durée de travail, coupures, astreintes, repos…) et les contreparties à la flexibilité exigée des salariés pour assurer un service 7 jours sur 7 en toute sécurité, a des conséquences sur la productivité des entreprises ferroviaires et la vie quotidienne des cheminots. Le secrétariat d'État aux Transports s'est donné jusqu'au 15 mars pour amender son projet de "décret-socle", dont la première mouture ne satisfait aucun syndicat.

Parallèlement, les négociations au niveau de la branche pour ajouter d'ici à juillet une convention collective commune n'avancent guère. Les syndicats accusent l'UTP (qui regroupe la SNCF et ses concurrents privés) de jouer "l'immobilisme". La SNCF, qui vise des gains de coûts, doit rallier ses concurrents à un compromis économiquement acceptable, qui lui permettrait de réduire son retard de compétitivité.

À défaut, le risque pour la SNCF est de tout voir renvoyé dans l'accord d'entreprise à négocier également d'ici l'été. Les discussions, qui vont bientôt démarrer, pourraient notamment porter sur une réduction du nombre de RTT.

Dans ce contexte, la grève de mercredi est un triple "coup de semonce" envoyé "au gouvernement, à l'UTP et à la SNCF", explique Didier Aubert, de la CFDT-cheminots. Si les cheminots ne sont pas entendus, ils "réagiront de nouveau", prévient M. Nier.

À la RATP, CGT et Sud appellent eux à débrayer essentiellement pour peser sur les négociations salariales annuelles. Celles-ci devaient à l'origine démarrer mercredi mais ont été repoussées de deux jours "de peur de voir une convergence de luttes avec les agents SNCF" et une "levée de boucliers" contre la réforme du travail, selon la CGT, qui appelle les agents à manifester à 10 heures devant le siège de la régie.

Tags