Grève Jour 16 – Nouvelle journée à quelques heures d’un grand week-end de départs – L’UNSA Ferroviaire a décidé de poursuivre le mouvement demain dans sept régions
Écrit par Jonathan PIRIOU sur décembre 20, 2019
L’UNSA Ferroviaire a décidé de poursuivre le mouvement demain dans sept régions, annonce Didier Mathis, secrétaire général, sur BFMTV. La direction de l’UNSA Ferroviaire avait appelé hier à une trêve pour la période de Noël.
La SNCF a essuyé des critiques vendredi pour avoir supprimé le service «Junior et compagnie», qui prend en charge les enfants de 4 à 14 ans.closevolume_off
«Pour tenir les promesses des ministres (…) on a dégagé les enfants (non accompagnés, ndlr) pour assurer de la place pour les adultes, qui d’ailleurs paient leurs billets beaucoup plus cher», a réagi Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT. Un «scandale» pour Xavier Bertrand, le président du conseil régional des Hauts-de-France. La SNCF annonce qu’aujourd’hui le taux global de grévistes est de 9,5 %. Il y a 58,3 % de conducteurs en grève ce vendredi.
Le point sur la situation à la mi-journée
Au seuil d’un grand week-end de départs avant Noël, la France vit vendredi son 16e jour de grève dans les transports contre la réforme des retraites portée par Edouard Philippe, qui a affiché quelques «avancées» pour arracher une trêve d’ores et déjà compromise.
La situation à la SNCF s’est un peu améliorée par rapport aux jours précédents avec la moitié des TGV et un Transilien sur quatre «en moyenne» en circulation.
Petit mieux aussi pour les usagers de la RATP, avec six lignes de métro fermées et une «amélioration globale», selon la régie. A 07H45, le trafic était quasi normal pour les tramways et conforme aux prévisions pour les RER et le métro.
Pour les jours suivants, 59% des TGV et Intercités programmés les 23 et 24 décembre sont supprimés, et la moitié des voyageurs ayant réservé devront échanger leur billet. Les annonces de la SNCF vendredi sur les trains circulant le jour et le lendemain de Noël sont très attendues.
Une trêve complète pour les fêtes paraît hors de portée. La CGT-Cheminots et SUD-Rail, 1ère et 3e fédérations syndicales de la SNCF, ont décidé de continuer le mouvement. Et si le bureau de l’Unsa ferroviaire, 2e syndicat de la compagnie, a invité à «une pause pour les vacances», plusieurs de ses unions régionales et locales ne sont pas sur cette ligne.
Les regards sont maintenant tournés vers la CFDT-Cheminots, 3e chez les conducteurs, qui doit se positionner vendredi sur la suite du mouvement. «Je souhaite évidemment qu’elle puisse aussi appeler à une pause», a souligné la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne. «J’espère que la CFDT-Cheminots aura une avancée positive dans la journée», a abondé la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye.
A la RATP, l’Unsa (1er syndicat), qui estime «incomplètes» les réponses à ses revendications, préfère laisser les assemblées générales, «souveraines, se positionner».
Le Premier ministre a de son côté «appelé à la responsabilité de chacun pour permettre très vite aux millions de Français qui le souhaitent de rejoindre leurs familles en cette fin d’année».
Edouard Philippe «n’a pas, lui, décrété la trêve puisqu’il maintient son projet», a critiqué vendredi le numéro un de la CGT Philippe Martinez, estimant que «le gouvernement jette de l’huile sur le feu» avec une «communication» qui «met les cheminots en porte-à-faux».
Prise en compte «plus généreuse» de la pénibilité, main tendue sur la retraite progressive pour les fonctionnaires, «améliorations» concernant le minimum de pension, «marges de manoeuvre» pour parvenir à l’équilibre financier, progressivité de la réforme des régimes spéciaux… Après deux jours de rencontres à Matignon avec les syndicats et le patronat, Edouard Philippe a relevé jeudi soir des «avancées concrètes», et promis de nouvelles réunions dans «les premiers jours de janvier» sur le projet, qui doit être transmis au Conseil d’État avant Noël et présenté en Conseil des ministres le 22 janvier.
Mais le chef du gouvernement est loin d’avoir convaincu tous les partenaires sociaux.
Même pour les syndicats favorables à la réforme, le compte n’y est pas. La CFDT, a rappelé son numéro un Laurent Berger, reste «fermement opposée» à l’«âge d’équilibre» assorti d’un bonus-malus que le gouvernement veut introduire dès 2022 et fixer à 64 ans en 2027 pour inciter chacun à travailler plus longtemps et assainir les comptes.
«Le Premier ministre a dit qu’on pouvait imaginer un cocktail de mesures et il a évoqué notamment cette possibilité de cotisations (patronales). C’est encore sur la table», a affirmé le dirigeant du premier syndicat français vendredi sur France Inter.
– Bataille de l’opinion indécise –
«La seule chose de concrète, c’est que le Premier ministre n’a pas entendu la rue», a dit Philippe Martinez qui, au nom de l’intersyndicale CGT, FO, FSU, Solidaires et quatre organisations de jeunesse, appelle à une nouvelle «puissante» journée de grèves et de manifestations interprofessionnelles le 9 janvier.
Emmanuel Macron «doit prendre la parole pour dire +on fait pause, on appuie sur le bouton stop, on revient autour de la table sans préalables+», a estimé vendredi Yves Veyrier, le numéro un de Force ouvrière.
Certains secteurs d’activités commencent à souffrir de la grève, notamment le commerce parisien avec des baisses de chiffre d’affaire de 25% à 30% la semaine dernière, selon Procos, la fédération du commerce spécialisé.
La bataille de l’opinion, elle, reste indécise entre le gouvernement et les grévistes, au regard de récents sondages desquels n’émerge pas encore de gagnant. C’est surtout le projet d’instaurer un âge pivot ou d’équilibre, plus que le projet d’un système universel, qui cristallise les mécontentements.