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Grand Est : lâché par ses colistiers, Masseret soutenu par… Philippot !

Écrit par sur décembre 8, 2015

La tête de liste PS qui tient tête aux consignes de Paris pourrait être obligée de se retirer si au moins la moitié de ses colistiers le décidaient.On attend 18 heures, on n'est sûrs de rien encore."  Le candidat PS dans le Grand Est, Jean-Pierre Masseret, vacillerait-il ? Face à la détermination de la tête de liste à se maintenir s'est dressée la non moins déterminée numéro un de la liste PS dans le Bas-Rhin, Anne-Pernelle Richardot : "Nous sommes en train d'appeler tous les candidats, les uns après les autres. Nous essayons de les convaincre de se retirer", a-t-elle expliqué à l'AFP après avoir elle-même annoncé son retrait sur Twitter pour "faire barrage" au Front national.Jean-Pierre Masseret avait déposé sa liste dès lundi après-midi, après un vote en faveur du maintien au second tour, par 13 voix contre 7, des chefs de file du PS dans les dix départements d'Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine et des têtes de liste départementales. Une décision fustigée depuis Paris par le Premier ministre Manuel Valls. "Personne ne peut comprendre qu'on puisse favoriser" la victoire du FN, a-t-il lancé en appelant à voter pour le candidat de la droite Philippe Richert au second tour. À l'instar des secrétaires d'État Jean-Marc Todeschini et Christian Eckert, tous deux lorrains, et des maires de Metz et de Strasbourg.

Candidats malgré eux

Pour obtenir le retrait de la liste Masseret, la moitié des candidats doivent signifier par écrit qu'ils renoncent, soit 95 personnes sur 189. Leur décision doit être enregistrée en préfecture avant ce mardi à 18 heures. Au-delà, la liste sera considérée comme définitivement enregistrée – avec ou sans l'accord de ceux qui y figurent. "J'ai appris que je pourrais être candidat malgré moi. J'ai du mal à le digérer. C'est un déni de démocratie", s'est ainsi offusqué le maire (PS) de Verdun, Samuel Hazard, avant-dernier de la liste dans la Meuse.

L'ex-ministre et ex-eurodéputée Catherine Trautmann, candidate dans le Bas-Rhin, s'est aussi prononcée pour le retrait, de même que le président du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle Mathieu Klein.Jean-Pierre Masseret, qui répète depuis des semaines qu'il vaut mieux "affronter le FN" plutôt que l'éviter, a précisé qu'il n'avait pas de prise sur la démarche de ceux qui essayent d'enterrer sa liste. "Si 50 % de mes colistiers font une demande collective de se retirer, je n'ai plus juridiquement de liste, et je suis cuit, mais ce n'est pas à mon initiative, en aucun cas", a-t-il souligné au micro d'Europe 1. Un secrétaire de fédération socialiste a confirmé à l'AFP que la direction nationale du PS appelait tous les candidats, un par un, pour leur demander de se retirer : "Ils ont commencé dès lundi." Pour autant, "on ne peut pas parler de menace", explique Mme Richardot, qui évoque "une séquence politique complètement inédite, que personne n'avait imaginée".

"Suicidaire"

Selon des informations rassemblées par l'AFP, les candidats favorables à l'enterrement de la liste seraient majoritaires dans le Bas-Rhin et dans la Marne. "En Meurthe-et-Moselle, on en est à la moitié, mais en Moselle, c'est plus dur", a dit à l'AFP Julien Vaillant, tête de liste en Meurthe-et-Moselle. La décision de M. Masseret continuait mardi à déchirer électeurs et militants du PS. "Le débat public, ça ne se passe pas que dans l'hémicycle du conseil régional", estime Olivier Bitz, conseiller départemental et adjoint au maire de Strasbourg, qui milite au PS depuis l'âge de 15 ans et est bien décidé à voter "sans aucun état d'âme" pour la liste LR. "Dimanche prochain, je vote Masseret !" a inversement clamé l'eurodéputé PS Édouard Martin, qui juge "suicidaire" de se priver d'élus de gauche dans la future assemblée.

Faire pression sur les colistiers de Jean-Pierre Masseret pour qu'ils se retirent "n'est pas démocratique. Le parti doit respecter la décision qui a été prise" par les têtes de liste et les secrétaires fédéraux lundi, dénonce sous le couvert de l'anonymat l'un d'eux, qui envisage désormais de quitter le PS.

Le soutien de Florian Philippot

 

Dans sa décision de plus en plus solitaire de se maintenir, Jean-Pierre Masseret a obtenu le soutien inattendu de… Florian Philippot. M. Masseret "a sans doute un peu plus de courage que ses collègues de Nord-Pas-de-Calais-Picardie et de Paca" qui se sont désistés à la demande du PS, a commenté la tête de liste FN en déposant elle-même sa liste à la préfecture de Strasbourg. Selon Philippot, cette attitude pourrait l'avantager : "Je me demande si ça ne va pas l'avantager un petit peu, le faire passer pour quelqu'un de courageux", car "tout ce qui vient de Manuel Valls, qui est quand même responsable en grande partie du chaos économique, social, sécuritaire, islamiste qui s'abat en France, ce n'est pas un coup de pouce, c'est un moins", a souligné le candidat frontiste.

 

La liste PS n'a obtenu dimanche au premier tour que 16,11 % des voix, à une vingtaine de points derrière le candidat FN Florian Philippot (36,06 %) et une dizaine derrière M. Richert (Républicains-UDI-MoDem, 25,83 %).