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François Hollande hué et insulté au Salon de l’Agriculture

Écrit par sur février 27, 2016

Des heurts ont éclaté samedi matin au Salon de l'Agriculture à Paris, où des manifestants ont totalement démonté le stand du ministère de l'Agriculture. Une personne a été blessée, une autre interpellée.Après être arrivé dans le calme, François Hollande a rapidement été hué et insulté par des éleveurs au Salon de l’Agriculture, qui s’ouvre dans un climat de crise profonde. 

Des manifestants ont totalement démonté le stand du ministère de l’Agriculture. Vers 9h35, une échauffourée a eu lieu à l’entrée du pavillon 4, quand des membres de la FNSEA ont organisé un attroupement avec des sifflets. Ce rassemblement n’avait pas été déclaré aux autorités. Des policiers sont intervenus dans la confusion. Trois personnes ont été exfiltrées du pavillon 4. Dont une avec le visage en sang. Une a été interpellée, possiblement, selon notre reporter sur place Philippe Brochen. Une ambulance est arrivée sur le site. 

«Les cris de détresse, je les entends (….) La colère, je préfère qu’elle s’exprime à l’occasion de ce salon qu’à l’extérieur», et «c’est une demande très forte qui est exprimée», a déclaré le président, protégé par trois cordons de sécurité.

«Si je suis là aujourd’hui c’est pour montrer qu'il y a une solidarité nationale», et «on va tout faire» pour aider l’agriculture, car «en défendant l’agriculture je défends toute la nation», a déclaré le président, accueilli à 06h46 par le président de la FNSEA Xavier Beulin. «Vous arrivez dans un contexte difficile. Un contexte de crise profonde. Elle dure», et «il y a beaucoup de désespérance, beaucoup de colère», lui a confié Xavier Beulin, entouré de membres du syndicat drapeaux à la main.

«C’est l’état d’urgence pour l’élevage !»

Mais le calme n’a pas duré : une heure après le début de sa visite, des éleveurs, revêtus pour certains de t-shirts noirs, ont hué le président en scandant «Démission», avant d'être évacués.

«C’est l’état d’urgence pour l’élevage !», lance l’un d’eux. «Bon à rien»,«on n’est pas des migrants», «connard», «fumier» et autres insultes ont fusé tandis que le président progressait au milieu d’une haie hostile d’éleveurs. «Il s’en fout complètement de nous», clame un autre. «Ca fait un an qu’on mène des actions en France, personne ne nous écoute», renchérit un troisième.

 

Le président, accompagné du ministre du l’Agriculture Stéphane Le Foll, n’a pas interrompu pour autant sa visite. Il a rappelé les mesures gouvernementales pour aider les éleveurs en difficulté et redemandé aux groupes de distribution, dont les négociations tarifaires annuelles avec leurs fournisseurs s’achèvent dans deux jours, de «faire un effort de solidarité» avant d'ajouter : «Il y a des pressions qu’il faut exercer ici en France sur la grande distribution», accusée de contribuer à faire chuter les prix payés aux éleveurs (…) Une loi a été votée il y a quelques années», a-t-il rappelé, allusion à la LME votée en 2008 sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, ajoutant : «Elle doit être revue».

Avec l’effondrement généralisé des cours agricoles qui frappe en particulier les éleveurs, plus de 40 000 exploitations sont en situation d’extrême urgence, selon Stéphane Le Foll. Plus de 60 000 (sur 490 000) ont réclamé de l’aide alors qu’un éleveur de porcs, en Bretagne, perd jusqu’à 6 000 euros par semaine.

«Le coeur n’y est pas»

Malgré le désespoir ambiant, les professionnels n’ont pas boycotté ce salon, foire-exposition de l’excellence des terroirs français et d’un modèle qui s’interroge sur son avenir.

«On y va même si le cœur n’y est pas. C’est souvent la seule semaine de vacances des agriculteurs, mais ils sont à fleur de peau» confie Florent Dornier, Secrétaire général de Jeunes agriculteurs (JA). «C’est peut-être un des salons les plus compliqués depuis 20 ou 30 ans». «Les politiques, il va falloir qu’ils fassent très attention à ce qu’ils nous disent. Il y a un risque de douche froide», a-t-il prévenu.

Par ailleurs le contexte sécuritaire et l’état d’urgence ont réduit les festivités : outre les contrôles renforcés aux entrées, les nocturnes et la soirée des professionnels, le jeudi, ont été annulés.

Pourtant, à l’approche du compte-à-rebours électoral de 2017 et en vue des primaires à droite, plus que jamais le rendez-vous du Salon sera aussi celui des politiques – surtout de l’opposition – qui vont fouler en rangs serrés les allées parmi les près de 700 000 visiteurs attendus jusqu’au 6 mars.

Entre taureaux de compétition et bêtes à concours, se glisseront ainsi Manuel Valls lundi matin, et dans l’opposition Marine Le Pen (mardi), Nicolas Sarkozy et François Fillon (mercredi), Alain Juppé (jeudi) et Bruno Le Maire, ancien ministre de l’Agriculture qui a prévu un triplé minuté – lundi, mardi, mercredi.

A tous, la FNSEA a adressé un questionnaire en 13 points sur les problématiques agricoles. «Ceux qui n’auront pas répondu feront mieux de ne pas s’arrêter à notre stand» prévient Xavier Beulin. «Le cul des vaches, le petit verre qui va bien et le sourire sur photo… aujourd’hui on est sur autre chose» avertit-il carrément.