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Football : l’arbitrage vidéo ne déclenche pas l’enthousiasme

Écrit par sur mars 29, 2017

Les conséquences de l'usage de l'arbitrage vidéo lors du match France-Espagne (0-2) suscitent le débat. Tour d'horizon des réactions. 

Etrange soirée au Stade de France. L’emploi inédit de l’assistance vidéo pour arbitrer le match amical France- Espagne (0-2) a provoqué plusieurs décisions qui ont fait basculer la rencontre. Le but inscrit par Antoine Griezmann (49e minute) a été invalidé en raison d’un léger hors jeu de Kurzawa, constaté par l’arbitre vidéo Tobias Stieler. A la 68e minute, la vidéo a permis au contraire de confirmer le pénalty accordé à l’Espagne et transformé par David Silva. Enfin, le second but espagnol, marqué par Deulofeu (77e), d’abord refusé pour un hors-jeu, a finalement été accordé.

 

Bilan de ce premier test grandeur nature en France : deux fautes d’arbitrage évitées. Et pourtant, chez les joueurs comme chez les observateurs, ce nouveau dispositif est loin de déclencher un enthousiasme débordant.

 

Les Bleus divisés sur la question

 

«C’est une bonne chose car ça rend les décisions justes. Mais ça peut tuer le ressenti après un but, comme on a pu l’avoir», a réagi le gardien de but Hugo Lloris. « Prendre un but et le voir annuler deux minutes après c’est dur», regrette Kevin Gameiro. Antoine Griezmann, qui a sauté de joie après un beau but de la tête, peut en parler mieux que tout le monde. «C’est chiant, parce qu’il faut attendre pour célébrer le but, mais tant que c’est pour aider l’arbitre, tant mieux pour lui. Je ne suis ni pour ni contre, s’ils ont envie de le mettre, ils le mettront. On continuera à jouer au football. Dans les deux cas, il faudra jouer et essayer de gagner le match. »

54 secondes qui ont paru interminables

L’attaquant français Kylian Mbappé, lui, a regretté les longs temps morts induits par cette nouvelle forme d'arbitrage. «Le seul problème ça a été le timing, on a attendu 3 ou 4 minutes. On se refroidit et ensuite c’est un coup de massue, psychologiquement, qu’on le veuille ou non. Je suis pour, mais il faut que le timing soit amélioré». En réalité, l’arbitre allemand Felix Zwayer a mis 54 secondes pour invalider le but de Griezmann. Les Espagnols, eux, ont attendu 42 secondes avant de voir leur deuxième but accepté après avoir été injustement refusé.

 

Vers un sport deshumanisé ?

Si personne ne conteste la validité des décisions prises mardi, beaucoup d’observateurs s’inquiètent de la perte d’un ingrédient essentiel du football : les petits coups du sort qui peuvent déclencher une émotion intense.
 

Rédacteur en chef des Cahiers du football, Jérôme Latta, adversaire de longue date de l'arbitrage vidéo, voit dans le match de mardi la concrétisation de ce qu’il redoutait depuis longtemps : «Il va falloir reprogrammer le logiciel émotionnel, apprendre à avoir des demi-joies, à les retarder, à les diluer dans l’attente de la vraie décision, écrit-il sur son blog. Nous entrons dans le régime de l’émotion en différé, dans un jeu où un arbitre en cabine inscrira des buts».