Faut-il annuler l’Open de tennis d’Australie ?
Écrit par Jonathan PIRIOU sur janvier 7, 2020
Autant pour la santé des sportifs que d’un point de vue moral, le maintien des grandes épreuves sportives en Australie, alors que le pays brûle de toutes parts, fait débat. Côté tennis, l’ATP Cup se déroule en ce moment à Brisbane, Perth et Sydney. L’Open de Melbourne, un tournoi du Grand Chelem, qui doit commencer le 20 janvier, est sur la sellette.
Déraisonnable ? Dangereux ? Immoral ? L’immense catastrophe écologique et sanitaire qu’entraîne l’embrasement de l’Australie se déroule alors même que des événements sportifs de premier ordre sont censés y être organisés et que le débat sur leur maintien est loin d’être tranché.
L’Open de tennis d’Australie est prévu du 20 janvier au 2 février à Melbourne. Les qualifications doivent démarrer dès la semaine prochaine.
L’ATP Cup se déroule en ce moment, et les phases finales doivent se jouer à Sydney du 9 au 12 janvier.
Le Tour Down Under, première épreuve cycliste de la saison doit s’élancer le 21 janvier de Tanunda, à 70 km d’Adélaïde.
Du 23 au 29 février, c’est encore loin certes, les championnats du monde de RS : X, planche à voile olympique doivent se dérouler à Sorrento à l’entrée de la baie de Melbourne. Des athlètes, notamment la championne olympique française Charline Picon, sont d’ailleurs déjà sur place pour s’y préparer.
Qualité de l’air très mauvaise
Devant la gravité de la situation et la dégradation dramatique des conditions qui ont déjà coûté la vie à 24 personnes à travers le pays et tué des centaines de millions d’animaux, des voix s’élèvent pour s’interroger sur le maintien de ces épreuves sportives. Notamment les plus proches dans le calendrier.
Depuis plusieurs jours, la ville de Melbourne, dans l’État de Victoria est plongée dans un épais nuage de fumée, et la qualité de l’air s’est fortement dégradée. Elle était même passée au stade de « très mauvaise » lundi en fin d’après-midi.
Même si la situation s’est légèrement améliorée ce mardi, il est prévu qu’elle se dégrade à nouveau à partir de jeudi (graphique ci-dessous) en raison des vents de sud, poussant la fumée des incendies ravageant la Tasmanie vers la région de Melbourne.
Et la santé des joueurs ?
Lundi, Novak Djokovic, numéro 2 mondial et président du Conseil des joueurs à l’ATP a estimé, en conférence de presse, à Brisbane, à l’occasion de l’ATP Cup, que «si les conditions affectent la santé des joueurs, alors oui, il faudra envisager» le report de l’Open d’Australie.«Si la situation ne s’améliore pas, nous en discuterons lors de la réunion du conseil des joueurs dans une dizaine de jours» a même précisé le Serbe.
Des planchistes préparant le championnat du monde ont déjà dû s’équiper de masques, les jours passés, pour éviter de respirer de l’air vicié.
Des taux de particules trop élevés, comme cela risque d’être à nouveau le cas les prochains jours (au-delà de 150 microgrammes par mètre cube d’air, alors que la norme ne devrait pas dépasser 25 à 30) peuvent provoquer des irritations des yeux, de la gorge et du nez, voire des difficultés respiratoires.
En Australie, de nombreux événements sportifs ont déjà été reportés ou délocalisés. À commencer par le tournoi de tennis Challenger de Canberra, la ville la plus polluée par la fumée le week-end dernier, qui a été délocalisé à Bendigo à 150 km au nord de Melbourne.
Pour autant, ce matin, le patron de la Fédération australienne de tennis, Craig Tiley, a refusé d’envisager le report de l’Open d’Australie.
«Au vu des informations dont nous disposons pour le moment – avec les qualifications qui ont lieu la semaine prochaine – les prévisions sont bonnes. Nous ne prévoyons aucun retard et nous avons mis en place des mesures supplémentaires afin de garantir que l’Open puisse se dérouler comme prévu », a-t-il dit, estimant même que«si les images des feux étaient bouleversantes, il n’y avait aucun danger pour les habitants de Melbourne».