Eurovision 2024 : 0 point pour le Royaume-Uni, sifflets… Ce qu’il faut retenir de la finale
Écrit par Jonathan PIRIOU sur mai 12, 2024
La finale de l’Eurovision 2024 devait se dérouler à la Malmö Arena samedi avec vingt-six pays. Il n’y en a finalement eu que vingt-cinq au programme après la disqualification des Pays-Bas. Si l’affaire entourant le chanteur Joost Klein n’est pas terminée et devrait connaître d’autres rebondissements, son exclusion samedi midi n’a pas fait l’unanimité du côté des délégations. Selon nos informations il y a même eu une réunion de crise qui s’est tenue avec l’UER (Union européenne de radiodiffusion), organisatrice de la compétition. En dehors de cette tension en coulisse, l’essentiel s’est passé sur scène. Voici ce qu’il faut savoir.
Les bookmakers se sont plantés
On a tendance à leur faire une confiance aveugle. Le palmarès de cette édition nous aura démontré qu’ils peuvent être à côté de la plaque… Juste avant l’annonce des résultats, les spécialistes des paris estimaient à 52 % les chances de victoire du Croate Baby Lasagna – qui a dû se contenter de la deuxième place – et à seulement 15 % celles de Nemo, qui a triomphé.
La non-binarité célébrée
Dix ans après que Conchita Wurst a décroché le trophée pour l’Autriche, cette édition de l’Eurovision aura marqué un nouveau jalon pour la communauté LGBTQ. Nemo est devenu·e la première personne non binaire (c’est-à-dire qui ne s’identifie ni au genre masculin, ni au genre féminin) à remporter le concours. « J’espère que cette compétition pourra continuer à encourager la paix et la dignité pour chacun », a-t-iel déclaré au moment de son sacre. Lors de la parade des drapeaux, qui a ouvert la finale, iel a brandi la bannière de la communauté non binaire qu’iel a « été obligé.e de passer en douce », comme l’a révélé Nemo en salle de presse. En effet, à l’Eurovision, seuls les drapeaux des pays participants, de l’UE et l’arc-en-ciel de la communauté LGBT sont autorisés.
Bambie Thug, artiste également non binaire, restera comme l’une des figures fortes de cet Eurovision. Outre sa performance mémorable (et assez horrifique) avec sa chanson Doomsday Blue, qui lui a permis d’offrir une sixième place à son pays, l’Irlande, elle aura été celle qui aura exprimé le plus vif soutien à la population palestinienne.
La France dans le top 5
Qu’il est agréable d’entendre « France, 12 points » ! Cette année, grâce à Slimane, c’est arrivé à quatre reprises : les jurys de l’Arménie, de l’Islande, de la Belgique et de la Slovénie ont classé le Français premier de leurs palmarès. Au final, il termine à la quatrième position. Un résultat qui, si l’on excepte la deuxième place de Barbara Pravi en 2021, ne s’était pas produit pour la France depuis 2002 avec Natasha St-Pier qui avait fini à la même place et qui, ironie de l’histoire, était la porte-parole du jury français cette année. « Je ne suis pas premier, mais j’ai chanté en français avec une ballade qui parle d’amour, en suivant mon chemin et ce que j’avais dans le cœur », a déclaré Slimane à chaud après la finale.
Un top 5 sous les huées pour Israël
Malgré les appels au boycott ou à l’exclusion du pays de l’Eurovision, Israël a été autorisé par l’Union européenne de radiodiffusion (UER, qui organise le concours) à participer. La présence de la délégation de l’Etat hébreu à Malmö n’a cessé de provoquer la controverse et d’alimenter débats et discussions durant la semaine de la compétition. La chanteuse Eden Golan a représenté son pays entourée d’un imposant dispositif de sécurité. Copieusement sifflée lors de la répétition de vendredi et à nouveau pendant le direct ce samedi, elle finit à la cinquième place. Si les jurys l’ont classée 12e avec 52 points, elle a été plébiscitée par les publics de l’ensemble des trente-six autres pays participants qui lui ont tous accordé au moins un point au télévote. Le score maximal de 12 points lui a été décerné par le public votant de douze pays, dont la France. En tout, elle a récolté 323 points du côté des téléspectateurs. Seule la Croatie en a récolté davantage (337). Par ailleurs, Israël est arrivé en tête de la deuxième demi-finale jeudi, pour laquelle seul le public était appelé à voter, tandis que Nemo, qui était en lice le même soir, n’avait fini que quatrième.
United Kingdom, zéro point »
A l’Eurovision, on peut avoir une certaine notoriété et susciter l’indifférence du public. Olly Alexander, ancien leader du groupe Years and Years et comédien, en a fait l’amère expérience. Si les jurys l’ont classé à la treizième place avec quarante-six points, il termine dernier du télévote avec un zéro pointé. Au classement général, le Royaume-Uni est 18e. Sa mise en scène audacieuse avec ses boxeurs déployant leur esthétique érotico-gay a semble-t-il clivé, tandis que sa voix n’était pas toujours la plus assurée. A noter que l’Allemagne, qui avait fini bonne dernière en 2022 et 2023, a rompu la malédiction : dixième des jurys et dix-neuvième du télévote, elle finit à la 12e place, représentée par Isaak.
La remontada ukrainienne
Alyona Alyona et Jerry Heil n’ont fini que cinquièmes des votes des jurys mais elles ont été troisièmes du télévote. Au final, elles terminent sur la troisième marche du podium. Avec son épique chanson Maria & Teresa mêlant rap et ballade pop, le duo avait écopé, dans l’ordre de passage, du spot 2, celui que personne ne veut. Généralement, il condamne les artistes à finir loin du top 10 : depuis 2008, seul un seul artiste, Dino Merlin qui représentait la Bosnie Herzegovine, avait pu s’y faire une place en finissant sixième. Le fait que, nouveauté de cette année 2024, les votes soient ouverts dès le début du show et non une fois que tous les artistes ont chanté sur scène a sans doute donné un coup de pouce aux Ukrainiennes.