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Escalade en Syrie : Ankara riposte contre le régime d’Assad après la mort de 33 soldats turcs

Écrit par sur février 28, 2020

C’est une escalade brutale. Au moins 33 soldats turcs ont été tués jeudi dans des frappes aériennes dans la province d’Idleb. Dans la nuit de jeudi à vendredi, Ankara a annoncé être en train de riposter en bombardant « toutes les positions connues du régime » de Bachar al-Assad, après un conseil de sécurité convoqué par Recep Tayyip Erdogan.

Le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg a condamné « les frappes aériennes aveugles du régime syrien et de son allié russe » et appelé à la « désescalade ». Il a appelé Damas et Moscou à « cesser leur offensive », et « exhorté toutes les parties à une désescalade de cette situation dangereuse, et à éviter que ne s’aggrave davantage la situation humanitaire épouvantable dans la région ».

Nous soutenons notre allié de l’Otan, la Turquie, et continuons d’appeler à un arrêt immédiat de cette offensive odieuse du régime d’Assad, de la Russie et des forces soutenues par l’Iran », a déclaré un porte-parole de la diplomatie américaine dans un communiqué.

Soutien de Moscou

Les lourdes pertes essuyées par Ankara jeudi interviennent après des semaines d’escalade à Idleb entre les forces turques et celles du régime de Bachar al-Assad, qui se sont affrontées à plusieurs reprises. Les pertes essuyées par la Turquie jeudi, qui portent à au moins 42 le nombre de militaires turcs tués à Idleb en février, risquent en outre de creuser un fossé entre Ankara et Moscou, principal parrain du régime syrien. Le bilan de soldats turcs tués jeudi pourrait encore s’alourdir, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), une ONG, ayant fait état de plus de 30 morts dans des bombardements aériens et d’artillerie du régime.

Un nouveau round de pourparlers entre Russes et Turcs visant à trouver une issue à la crise d’Idleb s’est achevé jeudi à Ankara, sans annonce de résultat concluant. Selon l’agence de presse étatique Anadolu, le chef de la diplomatie turque s’est entretenu jeudi soir avec le chef de l’Otan, Jens Stoltenberg.

Avec le soutien de l’aviation de Moscou, Damas a déclenché en décembre une offensive pour reprendre le dernier bastion rebelle et djihadiste d’Idleb. Le régime et son allié russe ont mis les bouchées doubles ces dernières semaines et repris plusieurs localités dans cette province frontalière de la Turquie. Cependant, les groupes rebelles, dont certains sont appuyés par Ankara, ont contre-attaqué et repris jeudi la ville stratégique de Saraqeb, selon l’OSDH.

L’ONU réclame un cessez-le-feu humanitaire

Jeudi, les membres occidentaux du Conseil de sécurité de l’ONU ont réclamé un « cessez-le-feu humanitaire », resté lettre morte face au refus de la Russie. Sept civils, dont trois enfants, ont péri jeudi dans des bombardements syriens et russes sur la province d’Idleb, d’après l’OSDH. Depuis décembre, plus de 400 civils ont été tués dans l’assaut selon l’OSDH et plus de 948.000 personnes, dont plus d’un demi-million d’enfants, ont été déplacées d’après l’ONU.

A l’ONU, le désaccord reste total entre les pays occidentaux et la Russie. « Le déplacement de près d’un million de personnes en seulement trois mois, le meurtre de centaines de civils, la souffrance quotidienne de centaines de milliers d’enfants doivent cesser », ont souligné dans une déclaration conjointe le vice-Premier ministre belge, Alexander De Croo, et le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas.

L’ambassadeur russe à l’ONU, Vassily Nebenzia, a jugé pour sa part que « la seule solution à long terme, c’est de chasser les terroristes du pays ». Le Comité international de Secours a estimé jeudi que « les parties en conflit doivent ressentir la pression pour mettre fin à cet assaut contre les civils ».

« Nous avons un besoin désespéré d’une cessation des hostilités » et de « pauses humanitaires régulières », a martelé la directrice de l’Unicef, Henrietta Fore. Déclenchée en mars 2011 par la répression de manifestations pacifiques, la guerre a fait plus de 380.000 morts.