Épidémie de coronavirus : carnet de bord des croisiéristes en quarantaine à bord du Diamond Princess
Écrit par Jonathan PIRIOU sur février 10, 2020
CLOÎTRÉS EN MER – Alors que le nombre de cas déclarés de coronavirus ne cesse de croître à bord du Diamond Princess, un paquebot stoppé au Japon, l’inquiétude et l’impatience des 3700 personnes à son bord augmentent elles aussi. Maintenus en quarantaine, les passagers racontent leur quotidien à bord de ce luxueux bateau devenu prison flottante.
Un navire bloqué au large du Japon. À son bord, 3700 personnes, d’une cinquantaine de nationalités différentes, condamnées à vivre quatorze jours ensemble, enfermées. Ce n’est pas le début d’une nouvelle série Netflix mais bien le sort actuellement réservé aux passagers du Diamond Princess. Mis en quarantaine, officiellement depuis le mercredi 5 février bien que le bateau soit à la dérive depuis lundi, les croisiéristes doivent rester cloîtrés jusqu’au 19 février.
Sur les réseaux sociaux, dans des interviews ou dans un groupe Facebook, ils détaillent leur quotidien, sur fond d’inquiétudes, de maladie et d’activités limitées. Jour après jour, LCI recueille leurs témoignages.
Jour 6 : de la Zumba pour faire patienter
Environ 65 personnes de plus parmi les passagers et personnels contrôlés positifs au coronavirus : l’inquiétude est vive, ce lundi, à bord du géant des mers. Notamment au sein des autorités françaises, le Quai d’Orsay ayant révélé que quatre concitoyens sont présents à bord : trois passagers et un membre d’équipage.
Malgré ces mauvaises nouvelles, les vacanciers s’occupent comme ils peuvent. Sur Twitter, une jeune femme a diffusé la photo d’un cours virtuel de Zumba, dispensé “pour un meilleur sommeil”. “On se prépare pour un nouveau combat demain”, a ajouté celle qui, pour patienter, s’initie aussi à… l’origami.
Vous serez tous ravis d’apprendre qu’on nous a livré des masques à porter en toute occasion”, a fait savoir de son côté Matthew Smith, un avocat américain lui aussi présent à bord, qui a également partagé des photos de son repas du soir : salade de lentilles, petits pains, pâtes à la sauce tomate, avec câpres et olives et dessert à la pistache.
Jour 5 : le dimanche, c’est jour de ménage
Encore une fois, le bateau s’est réveillé au son des ambulances. Six nouveaux cas ont été détectés. Sauf que cette fois-ci, l’heure n’est plus à l’inquiétude. En tout cas pas pour les 428 passagers américains. Car ils ont été directement rassurés par le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC). Pour répondre à leurs angoisses, notamment celle liée à la qualité de l’air qui circule dans le bateau, l’agence fédérale des États-Unis a écrit aux ressortissants américains. Elle déclare n’avoir à l’heure actuelle “aucune preuve” suggérant que le virus pouvait se propager entre les chambres via le système de traitement de l’air. Un porte-parole de Princess Cruises assure d’ailleurs lui aussi que le système de filtration est “aux normes”.
Mais ce n’est pas la seule lettre du jour! Tous les passagers ont du courrier ce dimanche. L’un directement signé par le président de la compagnie Princess Cruises, Jan Swartz. De sa plus belle plume, il annonce aux croisiéristes que, vu les “circonstances” du voyage, chacun sera entièrement remboursé.
Un geste commercial particulièrement apprécié à bord. Tout comme l’autre petit cadeau du jour : un peu de détergent. Avec un service de chambre qui n’est plus celui d’une croisière de luxe, les passagers font leur propre ménage. Heureusement, le soleil est au rendez-vous, permettant aux plus chanceux de sécher leurs vêtements en un temps record. Tout en profitant de la vue!
Jour 4 : c’est une “prison contaminée”
Dans ce huis clos où trois nouveaux cas ont été détectés, la situation devient “vraiment, vraiment effrayante”. C’est Michael Ryan lui-même, un haut responsable de l’OMS, qui le dit. Alors que le bilan ne devrait pas s’arrêter là, puisque de nouvelles analyses ont enfin été effectuées sur toutes les personnes considérées “vulnérables”, la tension monte dans les rangs. Pour Gay Courter, ce luxueux lieu de vacances n’est plus qu’une “prison contaminée”. Elle vient de Floride, et implore le gouvernement et le président des Etats Unis, Donald Trump, d’agir pour sauver ses ressortissants de cet environnement qui “n’est pas sûr”.