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Envoi de troupes militaires en Ukraine : Emmanuel Macron et le retour de la manivelle

Écrit par sur mars 2, 2024

Ce devait être un signal fort de la détermination des Européens et en premier lieu du président français « à tout faire pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre ». L’effet obtenu pourrait bien être l’inverse de celui escompté. Interrogé le 26 février sur un possible engagement de militaires Occidentaux sur le terrain de guerre ukrainien, Emmanuel Macron aurait pu répondre sur un ton diplomatique que « la question n’est pas à l’ordre du jour ». Quitte à rajouter « un pour le moment » afin de conserver une certaine ambiguïté stratégique. Factuellement incontestables, les mots présidentiels reconnaissaient qu’il n’y a « aucun consensus pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes au sol » mais il soulignait aussi que « rien n’est exclu ».

Une fois de plus, Emmanuel Macron aura peut-être le tort d’avoir eu raison trop tôt, comme avec sa phrase choc sur « la mort cérébrale de l’Otan » lancée en 2019 entraînant un salutaire débat. Mais il n’y a mis ni les formes, ni la manière et surtout, il n’a pas choisi le meilleur moment. La liste de tels dérapages verbaux présidentiels est longue aussi bien à propos de la Russie « qu’il ne faut pas humilier » ou de la Chine quand il confie à des journalistes en revenant de Pékin que la France n’a pas à s’impliquer avec les Américains dans un conflit sur Taïwan. Cette fois le couac est encore plus sérieux.

Emmanuel Macron, un président va-t-en guerre

Les propos d’Emmanuel Macron ne sont pas absurdes en termes de crédibilité de la dissuasion. Bien au contraire. « Le message est triple : aux Ukrainiens, nous disons que nous sommes prêts à prendre des risques à leurs côtés. A la Russie, cette guerre est très importante pour nous. A l’opinion publique, les enjeux sont tels qu’on ne peut pas exclure cette possibilité » analyse Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l’Otan et représentant à Bruxelles du think tank European Council for Foreign Relations (ECFR). Mais une telle annonce implique à tout le moins de s’assurer du soutien au moins d’une partie de nos partenaires. Cela n’a pas été fait, ou mal fait. La suggestion du chef de l’État sera selon toute probabilité interprétée par Vladimir Poutine comme un signal de faiblesse et de division des Occidentaux.

La question d’une présence au sol de militaires de pays de l’Alliance Atlantique pour l’assistance, loin des lignes de front, est discutée depuis plusieurs mois. C’est déjà une réalité reconnue à demi-mot par Londres dont des experts militaires aident les Ukrainiens à adapter les missiles Storm shadow. Il n’est pas exclu que des Français soient aussi sur zone pour les Scalp. C’est aussi, voire d’abord, parce qu’il ne veut pas déployer, même en petit nombre des militaires allemands sur le sol ukrainien que le chancelier Olaf Scholz se refuse à livrer les missiles Taurus malgré les demandes répétées de Kiev.Les mots d’Emmanuel Macron n’étaient pas très bien choisis : parler de « troupes au sol » implique l’idée de nombre et de forces combattantes ce qui n’est absolument pas à l’ordre du jour, ni même dans l’esprit du chef de l’État. En outre briser publiquement le tabou sur un sujet aussi sensible nécessitait une vraie concertation avec nos principaux partenaires à commencer par Berlin et Washington. On assure à l’Elysée que de telles discussions ont eu lieu en amont. Sa sortie n’en a pas moins entraîné une cacophonie politique et surtout diplomatique montrant un quasi total isolement du président français.