En France, l’embargo sur le gazole russe maintient la pression sur les prix à la pompe
Écrit par Jonathan PIRIOU sur février 4, 2023
La France parviendra-t-elle encore à s’approvisionner à la hauteur de ses besoins en gazole dans les mois à venir ? Et, surtout, à quel prix ? La préoccupation est de taille pour les automobilistes du pays, où le moteur diesel (environ 55 % du parc en circulation) domine encore l’essence. Et l’inquiétude va grandir, dimanche 5 février, date du début de l’embargo de l’Union européenne (UE) sur les produits pétroliers raffinés en provenance de Russie, deux mois après l’entrée en vigueur de celui sur le pétrole brut.Alors que le gouvernement a remplacé, depuis janvier, une remise carburant systématique pour tous par une indemnité de 100 euros à l’année pour les plus modestes, les prix à la pompe ont déjà regagné des hauteurs considérables : 1,94 euro le litre de gazole en moyenne la semaine du 27 janvier. Le pic en la matière reste celui de mars 2022 (2,14 euros le litre) ; le mois de juin l’aurait, certes, dépassé sans la ristourne gouvernementale de 18 centimes par litre.
Le choc le plus notable se serait ainsi déjà produit, affirment les organisations patronales de l’industrie pétrolière. Car la guerre en Ukraine a rendu incertain, dès son déclenchement, en février 2022, l’acheminement des livraisons russes. Soit, en 2021, environ 9 % des importations de brut en France, et 30 % de celles en gazole. « L’embargo sur le gazole russe a plus d’impact en France que celui sur le pétrole brut, mais cet impact est déjà anticipé dans les prix du gazole depuis plusieurs mois », déclare Jean-Nicolas Fiatte, directeur général du Comité professionnel du pétrole.
Contrats lointains
A l’échelle européenne, « dès le mois de mars 2022, les cotations du gazole à Rotterdam [aux Pays-Bas, l’indice de référence] ont augmenté davantage que celles du brut [le cours du Brent de mer du Nord] », observe Olivier Gantois, président de l’Union française des industries pétrolières (UFIP). Si bien que la marge brute de raffinage – la différence entre la valeur du produit raffiné par rapport à la valeur initiale du brut – est passée du simple… à plus du septuple : 101 euros par tonne en 2022, contre 14 euros en 2021, selon les chiffres compilés par l’UFIP.