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Elections en Turquie : « Erdogan est affaibli car c’est la première fois qu’il n’est pas élu dès le premier tour, mais il fait mieux que prévu »

Écrit par sur mai 15, 2023

Le premier tour de l’élection présidentielle turque s’est tenu dimanche 14 mai. Le scrutin a opposé le sortant, Recep Tayyip Erdogan, à deux adversaires. Le principal est Kemal Kiliçdaroglu, un économiste de 74 ans, candidat du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) à la tête d’une coalition de six partis. Le second est Sinan Ogan, 55 ans, qui représente une alliance de quatre mouvements nationalistes.

Des élections législatives se tenaient également dimanche : les électeurs devaient renouveler les six cents sièges de la Grande Assemblée nationale de Turquie. Quelles sont les perspectives pour le second tour de la présidentielle en Turquie, après un premier tour serré ? Marie Jégo, ancienne correspondante du Monde en Turquie et journaliste au service International, a répondu à vos questions.Marie Jégo : Ses chances sont assez minces. L’outsider Sinan Ogan, qui a recueilli 5,3 % des voix, n’a pas donné de consigne pour le report. Il va être courtisé. Son ultimatum : il donnera la consigne de voter pour Kiliçdaroglu à condition que ce dernier renonce à ses liens avec le HDP, le parti prokurde.

Par ailleurs, Recep Tayyip Erdogan apparaît en position de force au second tour notamment parce que les résultats préliminaires des élections législatives dessinent une majorité parlementaire pour l’alliance au pouvoir (AKP + MHP + Hüda Par).

Vivier56 : Quels seraient les changements majeurs pour les femmes si Erdogan était remplacé ?

La Turquie pourrait renouer avec la convention d’Istanbul, qui protège les femmes notamment des violences domestiques, un fléau en Turquie. Recep Tayyip Erdogan a dénoncé la convention d’Istanbul – signée à Istanbul en 2011 – dix ans plus tard en juillet 2021, de façon unilatérale. Cette décision a été critiquée par de nombreuses femmes y compris au sein de l’AKP, le parti présidentiel.

Ana : Comment expliquez-vous que la gestion catastrophique du séisme du président Erdogan ne s’est pas fait ressentir dans les urnes ?

Vous avez raison, c’est l’une des surprises majeures de ce vote, surtout dans la région du Hatay (Antakya) très ravagée et dont les habitants, en majorité de confession alévie, disaient bien qu’ils ne donneraient pas leur voix à Erdogan. On peut soupçonner des fraudes, car on ne sait pas comment le vote a pu se tenir normalement dans cette région très sinistrée.