Droit à l’avortement : cinq minutes pour comprendre sa remise en cause aux Etats-Unis

La Cour suprême américaine étudie la possibilité de revenir sur le droit à l’avortement. En cas de décision favorable à l’annulation d’un arrêt datant de 1973, au moins 26 Etats seraient susceptibles de durcir le ton sur ce sujet.

L’annonce a eu l’effet d’une bombe. Lundi soir, le site d’informations Politico a indiqué s’être procuré l’avant-projet d’une décision majoritaire rédigé par le juge conservateur de la Cour suprême Samuel Alito et daté du 10 février concernant une annulation de l’arrêt historique sur le droit à l’avortement. Dans les heures qui ont suivi cette révélation, les rues de Washington ont été envahies par des centaines de manifestants, certains s’insurgeant de cette éventuelle annulation, quand d’autres s’en félicitaient.

Quand l’arrêt historique a-t-il été voté ?

Le 22 janvier 1973, la Cour suprême des Etats-Unis reconnaît l’avortement comme un droit constitutionnel, invalidant notamment toutes les lois le restreignant, l’interdisant ou le pénalisant. Une décision actée après une action judiciaire lancée en mars 1970 par Norma McCorvey, connu dans un premier temps sous le pseudonyme de Jane Roe, qui avait contesté la législation texane alors qu’elle ne souhaitait pas avoir un troisième enfant, estimant anormal que l’Etat du Texas criminalise son avortement.

« Cette décision intervient dans une période post-1968, avec une montée du progressisme et de la lutte pour les droits des minorités. Les conservateurs ont été très surpris de voir le monde changer aussi vite. A l’époque, face à Jane Roe, la Cour s’était montrée progressiste et avait donné gain de cause à la jeune femme », raconte Jean-Éric Branaa, spécialiste de la politique et de la société américaine.

Pourquoi la Cour suprême veut-elle l’annuler ?

Dans les documents que s’est procurés Politico, la Cour suprême estime que l’arrêt Roe versus Wade est « totalement infondé dès le début ». Le juge conservateur Samuel Alito indique ainsi que le droit à l’avortement « n’est protégé par aucune disposition de la Constitution » et que « l’avortement constitue une question morale profonde ». « La Constitution n’interdit pas aux citoyens de chaque État de réglementer ou d’interdire l’avortement », ajoute le juge dans le texte de 98 pages.