Pourquoi dit-on «peigner la girafe» ?
Écrit par Jonathan PIRIOU sur août 23, 2017
On peut avoir une langue de vipère, estimer qu’il y a un loup, enculer les mouches ou… peigner la girafe. Concrètement : faire un travail inutile, ou, mieux, ne rien faire. Mais d’où peut donc bien venir cette paresseuse expression ?
Première version. Il était une fois, une girafe nommée Zarafa qui fut offerte en 1826 par le pacha d’Egypte, Méhémet Ali au roi de France, Charles X. Ce fut la première fois qu’une girafe vivante vint en France. La bête fut bien sûr fort bichonnée, avec quatre personnes mises à son service, dont une chargée de la peigner. Pas très fatigant.
Il y aurait aussi eu à la même époque (en 1827), un gardien au Jardin des plantes réputé pour se tourner les pouces mais doté d’un certain sens de la formule, puisque chaque fois que son supérieur lui demandait où il était passé, il répondait : «Je peignais la girafe.» Les plus coquins qui se passionnent pour cette expression penchent plutôt du côté des pratiques masturbatoires. Oui, la girafe a un long cou, aisément assimilable – par les plus vantards – à un sexe en érection. Cela n’a pas échappé à Boris Vian. Dans Vercoquin et le plancton (1946), il fait explicitement une allusion à l’onanisme : «J’ai tellement peigné ma girafe qu’elle en est morte.» Mais quel rapport avec le fait de ne rien faire ? Comme l’explique le site Expression.fr, il suffit de penser au mot «branleur» pour que tout s’éclaire… On notera enfin que l’expression «peigner la girafe» a de sympathiques équivalences, telles que «pisser dans le sable» (Algérie), «faire un trou dans l’eau» (Grèce), ou «faire un nœud à une goutte d’eau» (Brésil).