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Dictée quotidienne: des effets limités sur la compréhension des textes

Écrit par sur décembre 5, 2017

Le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a annoncé ce mardi que les élèves de primaire auront désormais une dictée quotidienne, à l'école. Une mesure que les syndicats d'enseignants et les parents d'élèves accueillent avec prudence.

La dictée va devenir un exercice quotidien pour les écoliers. Le ministre de l'Education nationale l'a annoncé ce mardi matin, au cours d'une conférence de presse consacrée à la maîtrise du français: les élèves du CP au CM2 plancheront désormais tous les jours sur un exercice de dictée. 

"La grammaire de phrase doit retrouver sa pratique régulière dans l'enseignement primaire. Le vocabulaire c'est la richesse du vocabulaire. L'orthographe c'est le résultat de cela, avec la dictée quotidienne. C'est une mesure qui avait été promise par ma prédécesseure, je l'accomplirai. La dictée quotidienne doit devenir une réalité", a ainsi déclaré Jean-Michel Blanquer, face à la presse.

"La dictée est toujours pratiquée"

Comme l'a souligné lui-même le ministre, l'annonce ne constitue pas vraiment une nouveauté. En septembre 2015, la ministre de l'Education d'alors, Najat Vallaud-Belkacem, avait déjà évoqué cette idée dans une tribune publiée dans le quotidien Le Monde, titrée "Oui aux dictées quotidiennes à l'école". "La pratique répétée de la lecture et de l'écriture, la discipline exigée par des dictées quotidiennes, sont indispensables", écrivait-elle.

A l'époque, l'annonce avait été accueillie plutôt froidement par les syndicats enseignants, qui s'étaient montrés perplexes. Deux ans après, l'accueil réservé à cette mesure ne semble pas être très différent.

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Interrogée sur BFMTV sur le bien fondé de cette idée de dictée quotidienne, Francette Popineau, co-secrétaire générale et porte-parole du SNUIPP-FSU, premier syndicat dans le primaire, rappelle qu'il s'agit d'une "idée récurrente", et finalement peu novatrice. "On aurait espéré dans le volontarisme pédagogique affiché par le ministère, des orientations un petit peu plus novatrices. On laisse toujours entendre, comme on le fait du calcul mental, que la dictée aurait été abandonnée. Or la dictée est toujours pratiquée",  rappelle-t-elle.

Un problème de formation

Pour Francette Popineau, étant donné l'échec constaté malgré le nombre important d'heures consacrées à la lecture et à l'apprentissage de la langue française, la problématique ne vient pas de là. "Je crois que l'accent doit être mis sur la formation", estime-t-elle ainsi. 

"Sous la présidence Sarkozy, on a décidé que l'enseignement était un métier qui ne s'apprenait pas. On a donc des collègues qui ont démarré avec un handicap puisqu'ils n'étaient pas formés. Il y a un retard en termes de formation initiale, et un en termes de formation continue. Il faut mettre l'accent là-dessus", insiste Francette Popineau.

Un avis partagé par Liliana Moyano, présidente de la FCPE, l'une des deux principales fédérations de parents d'élèves. "Nous pensons qu'avant tout il faut travailler sur la question de la formation des enseignants, qui n'est pas à la hauteur des enjeux. Il faut donc travailler sur la pédagogie d'une part, et d'autre part donner plus de temps aux élèves, développer un accompagnement personnalisé, pour arriver à les faire sortir des difficultés passagères qu'ils peuvent rencontrer", juge-t-elle, au micro de BFMTV.

Une compréhension et une interprétation nécessaires

Mais au-delà du simple exercice de dictée, il est nécessaire de travailler sur la bonne compréhension des mots, chez les élèves. C'est ce qu'avance Francette Popineau pour qui les notions acquises lors des dictées et des cours d'écriture doivent être enseignées dans le sens de cette compréhension. 

"Les enfants savent déchiffrer, mais ils ont des difficultés à comprendre des textes complexes. Il ne faut pas se contenter d'apprendre des petits sons détachés, mais il faut au contraire travailler immédiatement le sens", explique-t-elle. 

Pour le linguiste Alain Bentolila, l'idée d'une dictée quotidienne est une mesure "secondaire". "L'important n'est pas simplement la dictée quotidienne. Pourquoi pas en faire une, cela améliorera peut-être l'orthographe, un petit peu le vocabulaire", estime le spécialiste, rappelant que les élèves ne savent pas interpréter, et prendre de la distance par rapport à un texte.

"Cela veut dire être incapable de critique et d'interprétation", martèle Alain Bentolila, pour qui il s'agit là de l'enjeu principal, afin que les enfants puissent développer leur esprit critique.