Déserts médicaux : le plan choc de François Bayrou pour terrasser ce fléau qui touche 8 millions de Français
Écrit par Jonathan PIRIOU sur avril 25, 2025
Le Premier ministre présente ce vendredi 25 avril un pacte de lutte contre les déserts médicaux depuis le Cantal. Objectif : “apporter une réponse rapide, nouvelle et vigoureuse”.Un inédit et une vieille habitude. L’inédit, d’abord : sur les déserts médicaux, pas de friture sur la ligne au gouvernement, tous les ministres sont d’accord. Une rareté depuis sa prise de fonction.
L’habitude, maintenant : comme souvent avec François Bayrou, les concertations ont été nombreuses. Ce plan (un pacte) doit permettre de lutter contre les déserts médicaux et a l’ambition de mettre fin à ce phénomène.
C’est le sens de la visite du Premier ministre dans le Cantal ce vendredi 25 avril 2025, « un territoire fragile en la matière, mais avec des initiatives intéressantes », détaille-t-on dans l’entourage d’un Béarnais que l’on dépeint comme déterminé.Apporter des nouvelles solutions avant de penser à la contrainte »
Dans un contexte parlementaire un peu tendu, avec l’examen de la proposition de loi de Guillaume Garot, qui prévoit, entre autres, une régulation de l’installation des médecins libéraux ou salariés.
Ainsi, le droit de s’installer serait octroyé de droit dans une zone en déficit de soignants, mais dans les territoires mieux pourvus, le médecin ne pourrait s’installer que lorsqu’un autre s’en va. Le gouvernement est contre.Une volonté d’aller vite et de s’adapter aux territoires
Dans un premier temps, priorité est donnée de définir les zones dans le besoin. Une mission confiée aux acteurs de terrain, évidemment les Agences régionales de santé (ARS) en lien avec les préfets. En un mois, elles devront fournir une cartographie avec des zones rouges, « prioritaires ».
Une source, auprès d’actu.fr, confirme ce délai ambitieux afin de mettre en place des mesures rapidement et « apporter des réponses tout de suite à la population ». Pour le locataire de Matignon, cette situation que vivent six millions de Français sans accès aux soins est un « abandon de la République, avec des Français moins égaux que d’autres ».
Alors François Bayrou, qui juge que le dossier des déserts médicaux est « une priorité de rang un », dégaine un pacte ce vendredi.Une solution « nouvelle »
Si celui-ci se répartit en quatre piliers. Mais les conseillers en sont persuadés, une mesure fera davantage parler que d’autres.
Ne leur parlez pas de réguler l’installation de nouveaux médecins. Le gouvernement préfère que les médecins soient « solidaires », un « principe nouveau » et obligatoire.
L’idée est simple : que des médecins de tout le corps médical (généralistes, spécialistes) procèdent à deux consultations par mois dans des zones particulièrement sous-denses, les fameuses zones rouges, de manière à garantir des consultations. La mesure pourrait ensuite être étendue si cela fonctionne.
C’est un dispositif qui serait le fruit des concertations selon le gouvernement.
Une manière « d’apporter un coup de main » aux territoires en difficulté. Enfin, il y aura des contreparties financières si un soignant joue le jeu, et des pénalités, s’il n’est pas solidaire, dans des modalités non définies. Le gouvernement ne touche pas à la régulation, mais force la main sur la solidarité. Une histoire de mots. Pour l’administré, le tarif ne change pas.
Cette solution serait adaptée à chaque territoire, et à chaque spécialité, en imaginant plusieurs formes (téléconsultations, rendez-vous dans des locaux prévus à cet effet).
« On fait confiance aux pros », glisse-t-on. Comprendre le message à peine subliminal en direction des médecins : « Organisez-vous pour assurer la continuité des soins, sinon on passera à la contrainte. »Changement sur la formation
Autre levier essentiel, la formation. L’exécutif part du postulat selon lequel « la probabilité que les médecins s’installent à proximité de là où ils ont été formés ou de là où ils sont originaires est extrêmement forte ».
Alors que les trois quarts des départements proposent une première année d’étude de santé, le gouvernement veut aller encore plus loin pour qu’il y ait une antenne universitaire ou un parcours adapté pour chaque département de France métropolitaine ou d’Outre-Mer.
L’exécutif s’appuiera sur des dispositifs existants comme les options Santé dans les lycées ruraux ou les campus connectés.