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La défense très bancale des soutiens de François Fillon

Écrit par sur février 1, 2017

Depuis les révélations du «Canard enchaîné» sur Penelope Fillon et l’ouverture d’une enquête par le parquet national financier, la défense du candidat Fillon, orchestrée par ses soutiens, a souvent été contradictoire, parfois carrément bancale. Compilation de ce qui s’est fait de meilleur.Les ratés s’enchaînent. D’abord, il y a eu les contradictions. Venu défendre son candidat au moment où l’incendie se déclarait, l’ancien président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, assurait ainsi avoir «souvent vu» Penelope Fillon «participer à des travaux» au Palais-Bourbon quand Bruno Retailleau, le président du groupe LR au Sénat, expliquait que, forcément on n’avait pas aperçu Penelope Fillon dans les couloirs de l’Assemblée, puisque celle-ci travaillait dans la circonscription de son mari, dans la Sarthe !

Sur la même ligne de défense, on trouvait Florence Portelli, la porte-parole du candidat, qui se lançait dans un argumentaire : «Quand vous êtes député de la Sarthe, comme l’a été François Fillon, vous avez des collaborateurs qui sont à Paris, et d’autres qui sont en province, a-t-elle expliqué. Donc, si on n’a pas vu madame Fillon, c’est parce qu’elle était dans la Sarthe.» CQFD. Sauf que dans la Sarthe, précisément, on s’étonne à l’idée que Madame Fillon ait pu travailler avec son mari au niveau local.Pour en rajouter une couche en matière de cafouillage, la députée Valérie Boyer, venue à la rescousse sur le plateau de C à vous, expliquait qu’il lui était arrivé «d’embaucher» et «rémunérer un de ses fils comme collaborateur», avant d’ajouter : «mais pour des activités réalisées».

Pourquoi vient-on lui chercher des poux ?

Passée cette phase de rodage, et à mesure que les révélations s’enchaînent, venant ternir l’image du candidat, sa défense ne s’est pas vraiment améliorée, variant entre posture victimaire et arguments pour le moins étonnants.

Il y a donc la ligne classique : pourquoi lui, maintenant ? hasard ? acharnement ? conspiration ? Stratégie adoptée par François Fillon lui-même qui se défend en martelant le mot «calomnie» ou sa variante, les«boules puantes». Nouvelle étape ce mercredi : il parle d’un «coup d’Etat institutionnel de la gauche».

Peu convaincante, la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, se lamentait ainsi lundi matin sur France Inter : après «trente ans de vie exemplaire», François Fillon devrait «porter sur ses épaules tout le fardeau des pratiques des parlementaires de la Ve République ?» Quelques jours plus tôt, elle s’étonnait d’ailleurs de «l’époustouflante rapidité» du Parquet national financier qui a ouvert une enquête préliminaire quelques heures après la publication de l’enquête du Canard enchaîné, distillant la petite musique de l’homme à abattre. Sauf que, comme l’expliquait Libération, la saisine immédiate et quasi automatique est devenue la règle depuis la création, en 2014, du parquet en question. Pourquoi on est allé chercher cette histoire alors qu’elle n’avait rien d’illégal ? Quand on vient chercher des poux à un homme politique parce qu’il a connu des choses illégales dans sa carrière, je peux évidemment le comprendre et je l’approuve. Mais quand c’est quelque chose de légal…» a déclaré de son côté Florence Portelli, porte-parole du candidat. Pour rappel, si embaucher un membre de sa famille comme attaché parlementaire est légal, les emplois fictifs ne le sont pas. 

Dans le «Fillongate», notamment du côté des militants, il y a aussi l’habituel «tout le monde fait pareil» et des arguments plus…. inventifs.

De la discrétion à la menace soviétique

La misogynie. L’argument a d’abord été utilisé par François Fillon. «Je voudrais simplement dire que je suis scandalisé par le mépris et la misogynie de cet article. Alors, parce que c’est mon épouse, elle n’aurait pas le droit de travailler ? Imaginez un instant qu’un homme politique dise d’une femme – comme le fait cet article – qu’elle ne sait que faire des confitures. Toutes les féministes hurleraient. Voilà ce que j’ai à dire», déclarait-il la semaine dernière, faisant semblant de croire que leCanard enchaîné dénonçait le fait que Penelope Fillon ait occupé ce poste. Le problème justement, c’est plutôt l’inverse : elle n’occupait pas ce poste, alors qu’elle était payée pour, selon l’hebdomadaire.

«Ce qui est incroyable, c’est que, parce que c’est une femme, il faudrait peut-être la cantonner, comme je l’ai lu dans cet article, à la confection de confitures ou de tartes aux pommes ?» Bruno Retailleau, coordinateur de la campagne, n’a pas hésité à verser dans le même registre. C’est dingue quand même ces journalistes qui renvoient Penelope Fillon à ses confitures… alors que les Républicains, eux, ce sont de vrais féministes. La preuve, ils paient très bien les collaboratrices parlementaires (bon, dans les rangs de l’Assemblée, la parité n’est pas respectée, mais faut pas pousser). «Un collaborateur parlementaire, c’est d’ailleurs un motif de fierté chez nous, [gagne] en brut, en moyenne 3 250 euros pour les femmes et moins de 3 000 euros pour les hommes. Ça doit être un des rares cas où les femmes sont mieux traitées que les hommes», a ainsi déclaré Gérard Larcher.

La discrétion. «Elle a toujours travaillé, dans l’ombre car ce n’est pas son style de se mettre en avant», a expliqué de son côté Thierry Solère.

La géographie. Selon le Canard enchaîné, Penelope Fillon a aussi touché 100 000 euros pendant vingt mois entre 2012 et 2013 pour un poste de «conseillère littéraire» à la Revue des deux mondes, propriété d’un ami du candidat LR, Marc Ladreit de Lacharrière. Problème : l’ancien directeur de la revue, Michel Crépu, «ne l’a jamais vue» dans ses locaux. Explication : Penelope Fillon participait à une «réflexion stratégique informelle», visant notamment à «ouvrir» la revue «vers l’étranger», a expliqué le milliardaire propriétaire de la revue. «J’ai dans mes activités une agence de notation, avec des sièges à New York, Londres et Hongkong, je suis un homme du téléphone et de face-à-face», a-t-il poursuivi.

Le cas Mitterrand. «A l’époque de François Mitterrand, qui est adulé aujourd’hui comme une espèce de modèle pour toute la gauche, pendant quatorze ans, la République a payé pour sa maîtresse et pour sa fille adultérine. Qui trouve ça normal ? Alors, moi, je veux bien qu’on soit plus blanc que blanc, mais il faut que ce soit égal. Moi, je trouve qu’il [François Fillon] prend beaucoup, là», s’est insurgé le député Pierre Lellouche, comparant au passage le cas de la maîtresse et de la fille de l’ancien président, qui n’occupaient aucune fonction, et celui de la femme de François Fillon qui était justement censée en occuper une.