Croissance, retraites, immobilier: ce qu’a dit François Hollande
Écrit par Jonathan PIRIOU sur octobre 19, 2015
Pendant une heure sur RTL, le président de la République a fait le point sur la situation économique du pays. Selon lui, «la France va mieux». Le président s'est aussi exprimé sur la Syrie et les élections régionales.L'Europe va mieux, la France aussi». Sur RTL ce lundi,François Hollande a voulu se montrer rassurant sur la croissance française. Le président de la République, qui s'est prêté au jeu des questions-réponses pendant une heure, s'est aussi exprimé sur le climat social, les retraites ou encore la Syrie. Le Figaro fait le point sur ses principales déclarations.
Une croissance confirmée à 1,1%
Pour le président de la République, «l'Europe va mieux, la France aussi». Ce dernier a confirmé une croissance à 1,1% cette année. «Mais ce n'est pas suffisant. Toute la politique que je mène, c'est pour relancer la croissance», a-t-il ajouté.
Nouveau coup de pouce pour les primo-accedants
François Hollande a souligné que si la France enregistrait «moins de croissance qu'espéré, ça tenait notamment à l'activité de l'immobilier». Le président a donc promis des mesures pour faciliter l'accès à la propriété: «On va encore prendre des dispositions pour que l'accession à la propriété – l'accession à la propriété, ça intéresse beaucoup de nos concitoyens, notamment les primo-accédants – puisse être facilitée, et je ferai des propositions dans cette direction», a déclaré le chef de l'Etat. «Nous avons besoin de construire», a exhorté François Hollande.
Et d'énumérer les autres difficultés de l'économie française: «On manque de souplesse, d'où la réforme du code du travail qui va permettre une meilleure adaptation. Enfin, nous préparons l'avenir, avec le numérique. À nous de donner toutes ses chances à l'économie française».
Une formation pour chaque chômeur
François Hollande s'est expliqué sur sa volonté de mettre en place un «compte personnel d'activité»,: «Nous voulons donner un patrimoine à chaque salarié, qui sera fonction de son ancienneté. S'il change d'emploi, il gardera les points accumulés. Au chômage, il aura la capacité d'utiliser ces points pour une formation. On ne peut pas priver un salarié de ses droits».
François Hollande reconnaît que «Pôle emploi doit proposer des formations» en nombre plus important. «Nous avons réformé le système de formation et nous avons permis que face à 150.000 emplois non pourvus, des demandeurs d'emploi soient formés à ces métiers», assure le chef de l'Etat. François Hollande annonce en ce sens que «chaque demandeur d'emploi se verra proposer une formation qui débouche sur un emploi, j'en prends ici l'engagement. Cela doit marcher d'ici la fin du quinquennat» afin de «donner des incitations à la reprise du travail et en même temps garantir des droits».
Pas de report de l'âge légal de départ à la retraite
Non, l'accord sur les retraites complémentaires trouvé vendredi par les partenaires sociaux ne signifie pas un report de l'âge légal du départ à la retraite. C'est ce qu'a assuré François Hollande: «Cette réforme dit que l'âge légal des départs est toujours de 62 ans. À partir de 2019, ceux qui voudront partir à 62 ans auront une décote, mais ce n'est pas un report. Ils feront leur choix. Cette décote durera 3 ans et ensuite ils retrouveront un taux plein. C'est un choix. Il y a une incitation plutôt à rester mais on peut toujours partir», a-t-il insisté. «Les employeurs ont accepté leur contribution au régime, chacun a donc fait un pas en direction de l'autre. Les régimes de retraite sont pérennisés jusqu'en 2030», précise-t-il. «À mesure que l'espérance de vie va s'allonger, la durée de cotisation va s'allonger. Ça vaudra pour le régime général, complémentaire et les régimes spéciaux», a promis le président.
Une conférence sociale pour une société «apaisée»
François Hollande a dit attendre des organisations syndicales un «engagement pour le dialogue», quelques heures avant le lancement de la conférence sociale boycottée par la CGT, qui l'a qualifiée de «grand-messe d'experts patronaux». «Ce que j'attends des syndicats, c'est de l'engagement pour le dialogue. Nous devons vivre dans une société apaisée. L'objet de la conférence sociale, c'est de se donner une feuille de route. La conférence sociale n'est pas la seule journée où on va parler, ce n'est pas celle où l'on va conclure des accords. La conférence sociale, c'est une journée où on va se consacrer à toutes les questions qui doivent être traitées dans les mois qui viennent», a-t-il affirmé.
Le référundum? Pas la solution idéale
Interrogé sur le cas du constructeur automobile Smart, où un référendum a été organisé sur le projet de la direction d'un retour aux 39 heures, payées 37, le chef de l'État a souligné que s'il y a «un referendum dans le pays, chacun fait campagne et s'exprime librement» mais «le référendum dans une entreprise c'est difficile. Il y a des pressions qui peuvent se faire. Ca ne peut pas être une méthode répétée».
Des syndicats trop importants pour être écartés
Interrogé sur le rôle des syndicats, François Hollande s'est emporté: «S'il n'y a plus de représentants, avec qui vous allez discuter? Nous avons besoin de représentants qualifiés. Sans cet échelon, nous sommes dans une forme de désordre. Dans quelle société nous voulons vivre? Qu'on ne compte pas sur moi pour discréditer le combat syndical, à condition qu'à un moment on s'engage», a-t-il lancé.
Le conflit à Air France «ne résume pas l'état de la France»
François Hollande a estimé que «le conflit à Air France ne résum(ait) pas l'état de la France», s'en prenant au passage aux «champions du thermomètre» qui prédisent une explosion sociale en France. «Il y a toujours des observateurs qui veulent qu'il y ait une marmite qui chauffe et qui explose. Le conflit à Air France ne résume pas l'état de la France. Il peut y avoir des décisions brutales, ce n'est pas le cas chez Air France», a-t-il expliqué. «En revanche, il y a un sujet qui est celui de remettre l'entreprise en capacité d'être compétitive. La méthode doit être celle de la vérité des chiffres, le dialogue, la négociation. Il y a une réunion jeudi, je demande aux partenaires sociaux d'être responsables. On peut éviter des licenciements si les pilotes font les efforts nécessaires, si le personnel au sol est conscient de certaines réalités. Chacun doit faire la part du chemin. Il n'y a pas eu assez de dialogue social chez Air France».
Interrogé sur les arrestations de salariés, le président a botté en touche: «C'est la justice – le procureur de Bobigny – qui décide des interpellations. Ce n'est pas moi. Si je faisais un commentaire sur ce qu'elle a fait, alors je me perdrais car je suis respectueux de l'indépendance de la justice. Je pense qu'il y a d'autres méthodes mais ce n'est pas à moi de le décider».
Les villes doivent aussi faire des efforts
François Hollande s'est agacé des commentaires sur l'inquiétude des communes face à la baisse des dotations de l'État: «l'État fait des économies sur le fonctionnement. Il ne peut pas être seul pour réduire le déficit, les collectivités locales doivent faire des efforts. Que ces collectivités fassent un travail d'économies, notamment dans le fonctionnent! Un certain nombre de dépense peuvent être baissées», leur a-t-il lancé.
Et les autres thèmes…
Pas de «casse-toi pov' con»
François Hollande a défendu sa réaction lors de l'incident de Saint-Nazaire, où deux syndicalistes avaient refusé de lui serrer la main, l'opposant implicitement au «casse-toi pov' con» lancé par son prédécesseur Nicolas Sarkozy. «Un syndicaliste vient vers moi (…). Il préfère ne pas me serrer la main, je vais m'en aller? Je vais prononcer une phrase -vous savez il y en a eu-, qui pourrait également être regardée comme vulgaire ou grossière, sûrement pas. Moi, je le regarde en face. Il veut me parler, qu'il me parle, il ne veut pas me serrer la main, tant pis pour lui, parce que dans la vie, celui qui manque de respect est celui qui commet la faute, pas celui qui est l'objet de cette indélicatesse».
Sur Jean-Yves Le Drian:
«Jean-Yves Le Drian est un très bon ministre de la Défense. Et il m'a accompagné dans des décisions très difficiles que j'ai eues à prendre, sur le Mali, la Centrafrique, l'Irak, la Syrie aujourd'hui. Il est candidat pour les élections régionales (des 6 et 13 décembre) et je l'ai autorisé à pouvoir être candidat et être ministre de la Défense et il assumera parfaitement cette tâche. Ensuite, s'il est élu, il connaît parfaitement la règle. La règle, je l'ai posée: c'est celle du non-cumul».
Les Français visés en Syrie
«Nos frappes visent des lieux d'entrainement en Syrie. Je ne peux pas savoir qui s'y trouve. Dans ces lieux il y a des terroristes qui s'entraînent pour aller au combat mais aussi pour aller poser des bombes dans notre pays. Il y a environ 600 Français qui sont dans les zones de combats (Syrie et Irak). Nous avons la certitude qu'ils peuvent revenir chez nous donc nous devons les neutraliser à leur retour».
Les régions gagnées par le FN?
«Vous savez quand des votes se font, ils ont toujours un impact en France et à l'étranger. Une région FN cela aurait des conséquences y compris dans les décisions que ces élus auraient à prendre: abandon des politiques sociales, discriminations, conséquences économiques… Des grandes régions verraient des activités économiques remises en cause. Et puis il y a l'image internationale. Je préfère le dire pour ne pas qu'il y ait de surprise. On ne joue pas avec ce vote pour donner un avertissement, parce qu'on ne serait pas content. Chaque citoyen est responsable. Je fais en sorte que la France puisse se regarder comme un grand pays qui ne se recroqueville pas».
L'autorité du chef de l'Etat
«La société ne se dirige pas comme une armée. La société française ce n'est pas une armée qui écoute au doigt et à l'œil les décisions que je prends».
Sa relation avec Manuel Valls
«Entre Manuel Valls et moi, vous n'arriverez pas à faire la moindre distinction. Ce que dit le premier ministre m'engage, et ce que dit le président de la République engage le premier ministre. Il y a un exécutif, c'est un bloc, avec le gouvernement. C'est la politique que j'ai décidée et que le premier ministre met en œuvre en coordonnant la politique gouvernementale».