Cours enregistré à l’EM Lyon : Wauquiez «assume» et annonce porter plainte
Écrit par Jonathan PIRIOU sur février 20, 2018
silencieux tout le week-end, le président du parti Les Républicains est revenu ce mardi soir sur ses propos polémiques enregistrés à son insu la semaine dernière dans une école de commerce de Lyon. Il dit «assumer» mais «regretter» les attaques contre Nicolas Sarkozy.
Sa réaction était très attendue après la diffusion en deux temps, vendredi et lundi, des enregistrements discrets de ses cours polémiques à son cours à l’EM Lyon dans l’émission Quotidien. Alors que Laurent Wauquiez y avait tour à tour dézingué Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron, Gérald Darmanin ou encore Alain Juppé – et provoqué un tollé général – le président du parti Les Républicains a accordé ce mardi une interview à BFM TV pour s’expliquer de ses propos sans filtre. « Un chef de parti devrait pouvoir dire ça », a-t-il rapidement assumé en préférant toutefois s’attarder à dénoncer le « déchaînement médiatique », le « cirque pendant quatre jours » auquel se sont selon lui livré les journalistes.
« J’ai décidé de porter plainte et saisir le CSA »
Ceux de l’émission Quotidien en particulier ont utilisé « des méthodes de voyous », estime Laurent Wauquiez. Celui qui, selon le président LR, aurait convaincu un élève d’enregistrer son intervention s’est « livré à une manipulation et a tendu une embuscade », regrette-t-il. Et d’indiquer : « J’ai décidé de porter plainte et saisir le CSA. »
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Dans la première salve d’extraits diffusés par Quotidien vendredi, on entend Laurent Wauquiez mettre en garde les étudiants de l’école de commerce : « Si j’ai la moindre interface qui sort par le moindre élève, là, pour le coup, ça se passera très mal. » Et de justifier : « Sinon ça ne peut pas être un espace de liberté, et ce que je vais vous sortir serait juste le bullshit (connerie, NDLR) que je peux sortir sur un plateau médiatique. »
« Je n’ai pas de double langage »
Ce mardi soir, « j’assume les propos qui ont été les miens. Je n’utilise évidemment pas les mêmes mots quand je suis dans une enceinte devant une classe et devant vous, mais je n’ai pas de double langage », finit-il par dire très clairement, poussé par son interlocutrice.
Rappelant que jamais ses attaques n’ont été dirigées vers les citoyens, Laurent Wauquiez loue les vertus d’un discours franc : « Les Français en ont soupé de ces politiques qui servent un langages policiés, des gentils petits bonbons sucrés qui sont juste destinés à cacher la vérité (…) J'ai fait le choix d'une parole libre, parfois trop claire, mais je ne renoncerai pas », prévient-t-il.
« Il aurait digne pour Darmanin de se retire »
Dans les différentes séquences diffusées sur TMC, on entend par ailleurs l’ancien ministre tacler son ancien collègue des LR passé chez LREM, Gérald Darmanin (visé par une plainte pour viol classée sans suite vendredi ainsi qu’une plainte pour abus de faiblesse) : « Il sait très bien ce qu’il a fait, il va tomber […] C’est du Cahuzac puissance 10 ! » en référence à l’ancien ministre qui avait menti « les yeux dans les yeux » à l’Assemblée et en direct à la télévision.
J’ai présenté mes excuses à Nicolas Sarkozy »
Dans ce même cours, Laurent Wauquiez avait également expliqué que Nicolas Sarkozy, alors président de la République, « contrôlait les téléphones portables de ceux qui rentraient en Conseil des ministres. Il les mettait sur écoute pour pomper tous les mails, tous les textos. » Et le président LR d’assurer ce mardi soir : « J’ai présenté mes excuses à Nicolas Sarkozy (…) C’est la seule séquence que je regrette. » Sur le fond, « ce n’était qu’une rumeur, je n’ai jamais pensé que les ministres étaient écoutés. »
Sur les syndicats, « il y a un problème »
Sur les syndicats Medef et la CGPME, dont « la seule chose qui les intéresse, c’est encaisser l’argent » avait-il estimé dans le cours, « oui je maintiens que je considère qu’on a un problème sur le financement des syndicats », a-t-il commenté ce mardi soir. Dans l’après-midi, la Confédération des petites et moyennes entreprises a exprimé sa « déception », estimant que les propos de Laurent Wauquiez traduisaient un « véritable mépris pour les représentants » des petites entreprises.
Les «guignols» de LREM ? «J’ai été sobre !»
Quant aux députés de La République en marche, « en utilisant le terme de guignols, j’ai été très sobre », a-t-il de nouveau taclé ce mardi soir en énumérant quelques déconvenues et déclarations malheureuses des nouveaux élus, peu habitués au pouvoir et que la direction du parti a parfois du recadrer.
Lors du cours à l’EM Lyon, il les avait déjà qualifié de « parlementaires qui n’ont pas le moindre pouvoir aujourd’hui », des « guignols qui ont tous le petit doigt sur la couture », assènait-il en parlant de « dictature totale » du pouvoir en place, et visant tout particulièrement Emmanuel Macron qu’il a de nouveau largement attaqué ce mardi soir.
« Je suis devenu une cible »
Globalement, « j'ai commencé à reconstruire la droite, à regagner les élections. Du coup, je suis devenu une cible », fait valoir Laurent Wauquiez dans cette séquence de service après-vente. « Il y a besoin d'une droite qui assume ses idées et qui ne s'excuse pas !» lance-t-il également, maintenant la même stratégie de défense tout au long de l’interview.