Corse: la lutte contre les incendies se poursuit
Écrit par Jonathan PIRIOU sur février 25, 2019
En 24 heures, 48 départs de feu ont été enregistrés ce week-end sur l’ensemble de la Corse. Au moins trois incendies sont toujours sous surveillance. Le maire de Calenzana où 1200 hectares ont brûlé a décidé de porter plainte.
Quelque 1600 hectares de végétation partis en fumée. De multiples incendies se sont déclarés dans la nuit de samedi à dimanche en Corse, notamment dans la région de la Balagne. En 24 heures, 15 départs de feu ont été enregistrés en Corse-du-Sud et 33 en Haute-Corse. Le plus important est parti vers 20 heures samedi à Calenzana, à une centaine de kilomètres à l’ouest de Bastia. Ce lundi, il n’avait toujours pas été maîtrisé par les pompiers. À lui seul, cet incendie a ravagé 1200 hectares de maquis.
Une reconnaissance aérienne effectuée dimanche en fin d’après-midi a toutefois permis de constater une évolution plutôt favorable. Des moyens aériens (2 Tracker et 2 Canadair) et 150 personnes restaient mobilisés
pour traiter les foyers situés sur des crêtes, mais «plus aucune habitation ou exploitation agricole n’était menacée», selon la préfecture.
Un acte «criminel et lâche»
Après une nuit de frayeur pour ses habitants et la destruction de forêts, le maire de Calenzana, Pierre Guidoni, a de nouveau dénoncé un «feu criminel». Il a annoncé qu’il déposerait plainte mardi. «C’est lâche d’avoir craqué
«Les éléments ne portent que sur des origines accidentelles ou des écobuages mal maîtrisés»
Le général Jacques Plays, commandant de la légion de gendarmerie de Corse
une allumette sur ce site-là avec la tempête de vent qu’on a connu», a-t-il dit tout en précisant attendre les résultats de la police criminelle. «La route de la Flata est une vallée visée par les pyromanes en pleine saison estivale. On ne pensait pas qu’au mois de février il puisse y avoir un incendie d’une ampleur pareille», a-t-il ajouté.
Dans un communiqué publié dimanche soir, le parti indépendantiste Corsica Libera a pointé du doigt «la responsabilité d’EDF et de l’État», attribuant des départs de feux à un transformateur défectueux et à la vétusté du réseau. La préfète, Josiane Chevalier, a quant à elle pointé du doigt «des gens particulièrement imprudents et irresponsables» qui, «dimanche encore, alors que personne ne pouvait ignorer les incendies, continuaient à brûler tout un tas de choses».
Au total, trois enquêtes de gendarmerie ont été ouvertes en Corse-du-Sud et cinq en Haute-Corse, a précisé la préfète. En Corse-du-Sud «il ressort à ce stade des trois enquêtes des éléments qui ne portent que sur des origines accidentelles ou des écobuages mal maîtrisés (débroussaillement par le feu, NDLR», a indiqué le général Jacques Plays, commandant de la légion de gendarmerie de Corse. En Haute-Corse, «on est également pour l’essentiel sur des écobuages». Le général s’est montré plus prudent au sujet de l’incendie le plus important, celui de Calenzana: «Les techniciens ont commencé leurs constatations en début d’après-midi, donc on ne peut pas encore savoir de façon formelle, mais il n’est pas impossible que ce soit également d’origine accidentelle».
Une source proche de la préfecture indiquait à l’AFP que si des écobuages étaient à l’origine de feux, ces derniers ne pourraient pas pour autant être considérés comme «accidentels» par la justice, car la pratique était interdite depuis plusieurs jours en Corse en raison de vents violents.
D’autres incendies toujours sous suveillance
Ces incendies ont été favorisés par un vent violent tourbillonnant. Météo France a de nouveau placé l’île de Beauté sous vigilance jaune au «vent fort» ce lundi matin. «Je crois que le dérèglement climatique est à l’oeuvre. On ne s’attend pas à avoir des feux en hiver mais maintenant je crois qu’il faudra s’y habituer», a indiqué lors d’une conférence de presse Josiane Chevalier. «On a un sol très sec, pas de pluie depuis un certain temps et beaucoup de soleil, mais aussi de l’imprudence avec des écobuages (débroussaillement par le feu, NDLR) inappropriés sur toute la Corse», fustige-t-elle par ailleurs. L’usage du feu est interdit dans l’ensemble de la Corse par arrêté préfectoral, jusqu’à nouvel ordre.
Dimanche soir, 170 personnes, pompiers et gendarmes notamment, restaient mobilisés dans le département, et 166 en Corse-du-Sud. Des renforts venus de Brignoles (Var) pour la Haute-Corse et de Marseille pour la Corse-du-Sud doivent arriver par bateau lundi matin. Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a annoncé l’envoi de renforts aériens sur Twitter. Trois Canadairs et deux Tracker sont arrivés du continent en début d’après-midi. Il a également salué le travail des sapeurs-pompiers de Corse et des militaires de la sécurité civile de Corte.
L’île de Beauté est régulièrement touchée par les incendies, même en dehors de la période estivale. En janvier 2018, environ 2000 hectares avaient été incendiés sur la façade orientale de l’île, calcinant une vingtaine d’habitations, et décimant plusieurs troupeaux. La Corse a connu un été 2018 exceptionnellement calme sur le front des incendies alors que durant l’été 2017 en France, plus de 4000 feux avaient parcouru près de 25.000 hectares.