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Congrès du PS: à Poitiers, Valls vient marquer son territoire.

Écrit par sur juin 6, 2015

Outre son discours samedi midi, le Premier ministre doit multiplier les rencontres au fil du congrès du PS, ce week-end à Poitiers. Une façon de prendre sa part dans la victoire de Jean-Christophe Cambadélis, élu premier secrétaire du parti?

Avant même son arrivée à Poitiers, vendredi soir, Manuel Valls était annoncé comme omniprésent au congrès du PS… Signataire de la motion victorieuse menée par Jean-Christophe Cambadélis, le Premier ministre ne se contente pas de prononcer un discours samedi midi: il doit passer près de 48 heures sur place et multiplier les rencontres. Tout sauf un détail, aux yeux de ses amis comme à ceux des frondeurs. 

Car, il ne vient pas seul: tout son gouvernement ou presque a rendez-vous dans la Vienne… Jean-Marie Le Guen est ainsi venu saluer les "Réformateurs" réunis pour un apéritif, vendredi soir, autour du maire de Lyon Gérard Collomb. Avec un message pour ces sociaux-libéraux assumés: "Après l'aggiornamiento du gouvernement, il en faut un au parti aussi. Maintenant que le congrès a clarifié la situation, il va falloir secouer le cocotier au sein du PS!", s'enthousiasme le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement. 

"Attention à la mystification!"

Une analyse que, bien sûr, ne partagent pas les frondeurs, se revendiquant désormais comme la "deuxième force du PS". "Le but est sans doute d'imprimer l'idée que le PS est rassemblé derrière Manuel Valls. Il veut faire la démonstration qu'il a la mainmise sur le parti et que c'est sa ligne qui a gagné", analyse Laurent Baumel, aux côtés de Christian Paul. Ce dernier, candidat malheureux au poste de premier secrétaire du PS pour les frondeurs de la "motion B", dénonce d'ailleurs "l'OPA libérale menée au PS" dans les colonnes de L'Obs. 

"Mais attention à la mystification", met en garde Laurent Baumel. La "motion A" a également été "signée et nourrie par Martine Aubry", qui assistera au discours du Premier ministre. La maire de Lille "a-t-elle servi à gagner au bénéfice d'un autre? Nous a-t-on joué un Bourget bis, en tenant un discours aux militants pour mieux pouvoir faire autre chose?", s'interroge le député. Comme les autres frondeurs, il attend de Jean-Christophe Cambadélis qu'il obtienne des inflexions du gouvernement, sur la base de ce texte. Faute de quoi "il n'y aura pas le rassemblement souhaité". 

Manuel Valls et ses 135 000 "amis"

Du côté de la "motion A", on démine. "Le jour où les socialistes arrêteront de débattre, ils ne seront plus socialistes", assure Carlos Da Silva, porte-parole du PS. Soulignant "l'attachement viscéral" de Manuel Valls pour le PS (qu'il n'est plus question de rebaptiser), il a ajouté qu'il ne voyait "que des amis du Premier ministre parmi les 135 000 militants". Des amis qui le sifflent parfois, comme lors des précédentes universités d'été du PS à La Rochelle… "Il a aussi été salué et applaudi", rappelle ce proche du Premier ministre, à juste titre. 

Une double casquette peu commode quand il s'agit de commenter l'éventualité d'une primaire pour 2017 et le fait que Manuel Valls pourrait être un recours si, d'aventure, François Hollande ne briguait pas un second mandat. Silence souriant de Carlos Da Silva: "Ce n'est pas le moment de trancher cette question". 

Un récent sondage OpinionWay pour Le Figaro et LCI montre tout de même la nette préférence des sympathisants socialistes pour une candidature du Premier ministre (42%) plutôt que celle du président de la République (27%). Ce score représente une progression virtuelle notable pour Manuel Valls qui, en 2011, n'obtenait que 5% des voix militantes lors de la primaire pour l'élection présidentielle de 2012. Un chiffre qui lui colle à la peau et que les frondeurs se plaisent à lui rappeler. 

Mais, l'heure est davantage au marquage de territoire. Manuel Valls va "jouer les barons à Poitiers", commente Le Parisien, tandis que France Inter s'attend à "beaucoup de Valls et peu d'enjeux". Peu d'enjeux en effet, en raison notamment des nouveaux statuts du PS qui ont transformé le congrès en exercice de validation de votes organisés en amont, bien loin du psychodrame de Reims en 2008… Au moins Manuel Valls arrive-t-il en terrain connu à Poitiers. A défaut d'être en terrain tout à fait conquis.