Cinéma : l’oiseau Paradis fait son nid
Écrit par Jonathan PIRIOU sur juin 26, 2018
Premier rôle d’Un couteau dans le cœur, de Yann Gonzalez, Vanessa Paradis y interprète Anne, une productrice de films pornos gay, en 1979, à Paris. Dans ce film maniériste, pop et provocateur, l’actrice détonne, étonne. Sans être inédit, ce genre d’écart n’est pas si fréquent dans une carrière tripartite (chanteuse, actrice, mannequin) qui roule si bien et depuis si longtemps qu’elle semble dépourvue d’aspérités, ontologiquement intégrée au paysage de la renommée nationale.
Sans être nécessairement fan, sans s’intéresser particulièrement ni à la chanson ni au cinéma, on se remémore sans mal les étapes de cette ascension. En 1981, « L’Ecole des fans », de Jacques Martin, où elle interprète, à 7 ans, Emilie Jolie, de Philippe Chatel. Joe le taxi, mégatube (3 millions de disques vendus), à 14 ans. Premier rôle au cinéma à 16 ans au côté de Bruno Cremer, dans le sulfureux Noce blanche, chef-d’œuvre et succès populaire (près de 2 millions d’entrées) de Jean-Claude Brisseau. Ne lui reste plus, à 18 ans, qu’à devenir l’égérie du parfum Coco de Chanel, dans un clip de Jean-Paul Goude qui la représente moulée de noir, sifflotant dans une cage dorée, sous les yeux d’un matou blanc.
Une star près de chez vous
Dès lors, cela ne s’arrête plus. Côté chanson, Serge Gainsbourg, Lenny Kravitz, Matthieu Chedid, Alain Bashung, Alain Chamfort, Brigitte Fontaine écrivent pour elle. Côté cinéma, elle tourne sous la direction de Jean Becker (Elisa, 1995), de Patrice Leconte (La Fille sur le pont, 1999), de Pascal Chaumeil (L’Arnacœur, 2010). Un même tropisme régit apparemment sa vie privée, qui navigue entre Florent Pagny, Lenny Kravitz, Stanislas Merhar, Johnny Depp, Benjamin Biolay ou Samuel Benchetrit. D’acteur en chanteur, de chanteur en acteur, l’oiseau Paradis fait son nid. Il n’est pas jusqu’à sa fille, Lily-Rose Melody Depp, qui ne se destine à son tour à la carrière.