Charlie Hebdo. L’homme qui avait revendiqué l’attentat tué par un drone
Écrit par Jonathan PIRIOU sur mai 8, 2015
Un haut responsable d'Al-Qaïda, Nasser Al-Ansi, qui avait revendiqué au nom du groupe extrémiste l'attaque contre Charlie Hebdo, a été tué par un drone américain au Yémen.
Ce stratège militaire d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) était apparu dans plusieurs vidéos du réseau.
Dans l'une d'elles, diffusée le 14 janvier, il affirmait que son groupe avait mené, par l'intermédiaire des frères Kouachi, l'attaque ayant décimé une semaine plus tôt la rédaction de Charlie Hebdo, pour « venger » Mahomet, caricaturé par le journal satirique français.
Dans une autre vidéo, le 4 décembre 2014, il avait menacé d'exécuter dans les trois jours le journaliste américain Luke Somers, kidnappé en septembre 2013 dans la capitale yéménite Sanaa et qui apparaissait à l'image.
« Un raid de drone à Moukalla »
Après une opération commando ratée lancée par les États-Unis, il avait, dans un autre enregistrement, accusé le président américain Barack Obama de porter l'entière responsabilité de la mort de Luke Somers et de l'otage sud-africain Pierre Korkie.
La mort d'Ansi a été annoncée par un responsable d'Aqpa, Abou al-Miqdad al-Kindi (connu sous le nom de Khaled ben Omar Batarfi), dans une vidéo de 11 minutes diffusée sur Twitter, selon SITE.
SITE précise que « selon des informations de presse, Ansi a été tué par un raid de drone à Moukalla, une ville du gouvernorat du Hadramout au Yémen, en avril avec son fils et six autres combattants ».
Emprisonné six mois au Yémen
Les États-Unis sont le seul pays à disposer de drones dans la région. Ils considèrent Aqpa comme la branche la plus dangereuse d'Al-Qaïda.
Selon une biographie fournie en novembre 2014 par Aqpa, Nasser ben Ali al-Ansi est né en octobre 1975 à Taëz, au Yémen, affirme SITE.
Il a participé au « djihad » en Bosnie en 1995, avant de retourner au Yémen puis de se rendre au Cachemire et en Afghanistan. Il avait rencontré le chef d'Al-Qaïda, Oussama ben Laden, – tué depuis – qui l'avait chargé de questions administratives, avant de participer à davantage de camps d'entraînement où il avait excellé. Il a été emprisonné six mois au Yémen et avait rejoint Aqpa en 2011.
Un conflit meurtrier
Le 14 avril, Al-Qaïda au Yémen avait déjà annoncé la mort d'un de ses idéologues en chef, Ibrahim al-Rubaish, tué la veille dans une attaque de drone américain. Ce Saoudien était connu pour ses prêches hostiles à l'Occident, aux États-Unis et à la France.
Aqpa avait profité de l'affaiblissement du pouvoir central au Yémen en 2011, à la faveur de l'insurrection populaire contre l'ancien président Ali Abdallah Saleh, pour renforcer sa présence dans le pays.
Et alors que le Yémen est aujourd'hui emporté dans un conflit meurtrier entre rebelles Houthis et partisans du président Abd Rabbo Mansour Hadi, appuyés par des raids d'une coalition arabe menée par l'Arabie saoudite, Al-Qaïda tente de profiter du chaos. Il s'est ainsi emparé en avril de la ville de Moukalla.
300 détenus
Khaled Batarfi, responsable d'Aqpa qui a annoncé la mort d'Ansi, avait été libéré de prison avec quelque 300 autres détenus lors de la prise de Moukalla par Al-Qaïda.
Par ailleurs, le fils aîné de Nasser Al-Ansie t d'autres djihadistes ont trouvé la mort dans le raid du drone américain, précise le groupe SITE, qui surveille l'activité islamiste sur internet.