Chantons sous la pluie, film qui a révélé l'actrice américaine Debbie Reynolds, décédée mercredi 28 décembre, quelques heures seulement après la mort de sa fille Carrie Fisher, est la référence des comédies musicales. Une légende du 7e art qui continue à vivre sur les planches aujourd'hui. Plus de 60 après sortie, le film, co-réalisé par Gene Kelly et Stanley Donen continue d'inspirer.
Sous des trombes d'eau, un homme se met à danser avec son parapluie, après avoir échangé un baiser avec sa belle (Kathy, interprétée par Debbie Reynolds). Cette scène éblouissante de danse et de claquettes est gravée dans les mémoires… même de ceux qui ne connaissent pas le film. Pourtant, à l'époque, Stanley Donen et Gene Kelly «ne savaient pas qu'ils tournaient une scène mythique, raconte à l'AFP Patrick Niedo, conférencier et spécialiste de la comédie musicale américaine.
S'il s'agit d'une scène d'anthologie, c'est parce qu'elle «respire la simplicité et qu'il n'y a pas de meilleure idée que de danser de joie», estime-t-il. Pour l'anecdote, son tournage a nécessité deux jours et demi durant lesquels le costume en laine de Gene Kelly rétrécissait au fur et à mesure des prises, à cause de… la pluie!
«Feel good movie»
Tourné en 1952, un an après le succès d'Un Américain à Paris, également avec Gene Kelly, Chantons sous la pluie («Singin' in the Rain» en version originale) se déroule en 1927, au moment où le cinéma bascule du muet vers le parlant, abandonnant en chemin les stars incapables de relever ce défi. Un film sur les coulisses du 7e art en somme, où Don Lockwood (Gene Kelly) cherche à s'adapter à cette nouvelle donne. Il y parviendra après sa rencontre avec Kathy.
Festival de couleurs, de chansons et de numéros de danse, Chantons sous la pluie est aussi un «feel good movie», mêlant histoire d'amour et ascension vers la gloire d'une jeune femme. Aux Oscars 1953, il ne fut nommé que dans deux catégories: meilleure actrice de second rôle (Jean Hagen) et meilleure musique de film, pour ne finalement remporter aucune statuette.
À partir des années 1980, «Chantons sous la pluie» a été porté à la scène, au grand dam de Stanley Donen qui a notamment détesté l'adaptation à Broadway, en 2003. «Ils ont voulu reproduire le film, ce n'était pas très malin: il aurait mieux valu inventer quelque chose de complètement différent», racontait-il à l'AFP en 2010. La comédie musicale a également été jouée à Londres en 1983, Broadway en 1986, puis de nouveau à Londres en 2000. À Paris, elle a été encore à l'affiche l'an dernier au théâtre du Châtelet avec une mise en scène du Canadien Robert Carsen.
Sacré aux Oscars, le film français The Artist( 2011) décrit aussi le bouleversement entraîné dans les années 20 par l'irruption du cinéma parlant à Hollywood, rendant hommage à Chantons sous la pluie. Jean Dujardin incarne George Valentin, acteur célébrissime du cinéma muet qui voit son étoile s'éteindre avec l'arrivée du parlant, tandis que celle de la jeune figurante Peppy Miller (Bérénice Bejo) grimpe au firmament. Mais là où Chantons sous la pluie fait exploser la couleur et la musique, le film de Michel Hazanavicius reste fidèle aux codes du cinéma muet en noir et blanc.