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“Cendrillon” – Kenneth Branagh : “Prouver que la bonté peut être sexy”

Écrit par sur mars 25, 2015

INTERVIEW. Le spécialiste de Shakespeare signe un remake du classique de Disney loin des canons contemporains d'ironie et de subversion.

Il a décidément pris l'habitude d'être là où on ne l'attend pas. Kenneth Branagh, "l'homme de Shakespeare", le vénérable Irlandais qui cultivait Hollywood par ses adaptations oscarisées des pièces du poète de Stratford-upon-Avon, est désormais celui que l'on va voir pour parler super-héros, super-espion ou super-princesse ! Après Thor et Jack Ryan, le nouveau défi de Branagh s'appelle Cendrillon : une relecture du célèbre conte et du non moins célèbre film d'animation de 1950. Cette fois, pas de révolution, la demoiselle rêvant d'aller au bal ne se transforme pas en guerrière façon Kristen Stewart dans Blanche-Neige et le Chasseur et la marâtre n'a rien d'une bonne fée. Le nouveau Cendrillon opte pour le respect des traditions et une tonalité légère qui conviendra particulièrement aux jeunes enfants. Explications.

Le Point : Qui êtes-vous et qu'avez-vous fait de Kenneth Branagh, le réalisateur qui adaptait les pièces de Shakespeare ?

Kenneth Branagh : (Rires.) Je ne sais pas ce qui s'est passé ! Je crois qu'il y a eu différentes phases dans ma vie créative. Je suis entré dans un nouveau chapitre, un chapitre où je ne craignais pas d'avoir peur, où j'en avais envie. Vous savez, j'ai été aussi surpris que vous qu'on me propose de réaliser Cendrillon. Mais j'ai été encore plus surpris de découvrir dans cette histoire des qualités que je ne soupçonnais pas. Ces anciens contes qui ont traversé des siècles, des pays, des cultures sont d'une richesse extraordinaire.

Vous avez choisi de vous montrer très fidèle au film d'animation de notre enfance. On est loin d'une adaptation subversive façon Maléfique

Si j'avais voulu faire des changements radicaux, les possibilités étaient légion. Mais je pense qu'avec les grands classiques on n'a pas besoin d'inventer, il faut simplement révéler. Quand on aime une chanson, on ne l'écoute pas qu'une seule fois en se disant "ça y est, maintenant, j'ai fini de l'écouter". On va peut-être l'écouter toute sa vie pour en découvrir de nouvelles nuances. Avec un conte comme Cendrillon, pas besoin de faire du "neuf", il faut simplement remettre en lumière.

Mais, du coup, votre Cendrillon n'est-elle pas un peu vieux jeu à rêver encore du bal ?

 ©  Disney

C'est facile de balayer les choses qui parlent d'innocence et de sincérité comme étant niaises ou irréalistes. Certains pensent que Cendrillon devrait donner un coup de tête à sa marâtre, être "une héroïne mains sur les hanches", figure très en vogue aujourd'hui. Mais je ne voulais pas d'une héroïne qui soit forte simplement parce qu'elle emprunterait, en quelque sorte, des traits masculins, parce qu'on lui aurait mis un pistolet ou un arc dans les mains. Le vrai défi, c'est de prouver que la bonté, la générosité peuvent être séduisantes, charismatiques, sexy. Nous vivons dans un monde très cynique, un monde postmoderne où tout doit être ironique. Mais je pense que cette ironie permanente fait vieillir les choses plus vite. Finalement, en choisissant de faire dans le classique, je me montre original (rires) !

Quel est le lien entre Thor, Jack Ryan et Cendrillon ? Pourquoi avoir accepté de réaliser tous ces blockbusters ?

S'il y a quelque chose qui explique mon plaisir de réaliser ces films, je dirais que c'est une sorte de retour à mes amours d'enfance. Le premier instant d'éblouissement quand j'étais gosse, le premier moment de magie, mon "Cinema Paradiso". Je me rappelle le rituel familial de la sortie cinéma, ces grands films avec leur faste, leurs couleurs vibrantes, leur opulence. Ce sont des choses qu'on n'a pas dans la vie réelle, des expériences qu'on ne peut faire que dans les grandes productions du cinéma.

Vos fans d'aujourd'hui doivent être assez différents de ceux d'hier…

(Rires.) C'est agréable de pouvoir s'adresser à un plus large public parce que le public complète l'oeuvre, il est sa fin ultime. Mais, au bout du compte, même pour des films comme ceux de Marvel, il faut être capable de se boucher les oreilles et de s'extraire de la frénésie des fans. Autrement, on finirait par essayer de faire un film pour plaire à tout le monde au lieu de faire un film dans lequel on croit soi-même.

 ©  Disney

Bon, mais Cendrillon est-il vraiment du niveau du spécialiste de Shakespeare ?

Vous savez, à la fin de sa vie, Shakespeare écrivait des romances et des contes de fées. Le Conte d'hiver, une pièce que j'adore, est souvent méprisé par la critique parce que jugé trop sentimental, trop fantastique. Mais je trouve très révélateur qu'un aussi grand artiste ait choisi, au sommet de sa gloire, des histoires plus simples. Si c'était assez bon pour Shakespeare…

Source : http://www.lepoint.fr/culture