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Burkina Faso : un mort et soixante blessés après le coup d’État

Écrit par sur septembre 17, 2015

Un militaire burkinabé a annoncé jeudi à la télévision nationale la destitution du président de transition, Michel Kafando, et la dissolution du gouvernement. Ce coup d'État avait débuté mercredi soir par une prise d'otage en plein conseil des ministres. Des violences ont également éclaté à OuagadougouLe Burkina Faso est confronté à une tentative de coup d'État. Jeudi matin, le lieutenant-colonel Mamadou Bamba a annoncé, dans un message lu à la télévision, avoir «dissous» les institutions de la transition et promis d'organiser des «élections inclusives». Le général Gilbert Diendéré a été nommé par la junte comme «chef du conseil de transiton».

Des soldats du Régiment de sécurité présidentielle (RSP)détiennent depuis mercredi le président par intérim Michel Kafondo, le premier ministre Isaac Zida et plusieurs ministres dans une caserne du palais de Kosyam. Le RSP fut fondé en 1996 et choyé par Blaise Compaoré, l'ex-président destitué par un mouvement populaire en octobre 2014. Cette garde prétorienne de l'ancien régime s'est depuis régulièrement confrontée avec les autorités de transition qui ont remplacé Blaise Compaoré. Des officiers ont ainsi déjà exigé le départ du premier ministre, pourtant ex-numéro 2 du RSP. «Ce coup d'État est une nouvelle tentative de CDP (l'ex-parti au pouvoir) de revenir dans le jeu et de garder de l'influence. L'exclusion de la course électorale de certains barons risque de leur faire tout perdre», assure une source à Ouagadougou.

Le choix de Diendéré, qui fut longtemps le tout puissant chef du RSP et très proche de Blaise Compaoré, confirme cette hypothèse. Mais dans un entretien à France 24 ce jeudi après-midi, le nouveau «chef du conseil de transition» a affirmé n'avoir eu aucun contact avec l'ancien président Compaoré. Diendéré a également déclaré avoir le soutien de l'armée.

Les auteurs de ce coup de force tentent de prendre la main pour dénoncer une loi n'autorisant pas les partisans de l'ancien président à se présenter aux élections présidentielle et législatives qui doivent avoir lieu le 11 octobre. Ce texte controversé rend «inéligibles» 42 personnalités, accusées d'avoir soutenu la tentative de Blaise Compaoré de se maintenir au pouvoir. «Une large concertation est engagée pour former un gouvernement qui se dévouera à la remise en ordre politique du pays et à la restauration de la cohésion nationale pour aboutir à des élections inclusives et apaisées», a affirmé le putschiste.

Vaines négociations

A ce mouvement de colère, s'en ajoute un autre venu de la base de RSP cette fois. Lundi, le comité avait suggéré la dissolution du RSP et son remplacement par un corps d'élite de la police. «La colère du RTSP vient un peu de ces deux choses. Mais ni tous les militaires, ni même tout le RSP, ne font pas partis du mouvement. C'est un groupuscule», assure un encore la même source.

Toute la nuit, des négociations, conduites par l'ancien chef d'état Jean-Baptiste Ouédraogo, ont eu lieu pour tenter de trouver une issue pacifique à la crise.


Avant même la déclaration des militaires, le président du Conseil national de la transition (assemblée de transition) Cheriff Sy, avait dénoncé un «coup d'État» et appelé sur RFI «le peuple à se mobiliser immédiatement contre cette forfaiture». De son côté, Salif Diallo, le conseiller d'un des principaux candidats à la présidentielle avait exclu tout arrêt de la transition. «Nous tiendrons le calendrier, que les militaires le veuillent ou non», appelant à se mobiliser..

Un mort et une soixantaine de blessés

« Nous sommes mobilisés et nous ne laisserons pas faire. Le peuple tient à sa révolution »

Guy-Hervé Kam, porte-parole du Balai citoyen

Jeudi matin, les militaires quadrillaient la capitale Ouagadougou, tirant en l'air pour éviter le regroupement, notamment place de la Révolution, d'où étaient parties les marches contre Blaise Compaoré. «Ils patrouillent et font feu dès qu'ils nous voient», raconte le leader étudiant Serge Bayala. «Nous sommes mobilisés et nous ne laisserons pas faire. Le peuple tient à sa révolution», déclare pour sa part Guy-Hervé Kam, porte-parole du Balai citoyen, l'une des principales organisations de la société civile burkinabè. Ce groupe très actif semble particulièrement ciblé par les militaires. Jeudi, Smokey, son chef, a assuré sur Twitter que son domicile avait été perquisitionné. «Mais les choses sont difficiles. Nous sommes confrontés à des gens armés. La communauté internationale doit nous aider sans attendre qu'il y ait de morts».

À l'issue de ces violences, un mort et 60 blessés ont été recensés au principal hôpital de la ville, a déclaré un médecin de l'établissement. Le mort, un homme touché par une balle, est décédé ce jeudi. Les blessés ont été touchés par balle ou souffrent de traumatismes divers, toujours selon la même source.

François Hollande a condamné jeudi le «coup d'État» et exigé la reprise du processus électoral, tout comme l'Union européenne. «Je condamne ce coup d'Etat, je le condamne fermement parce qu'un processus électoral était en cours, les dates étaient arrêtées, le corps électoral était recensé et il y avait donc un processus. Il ne peut pas être expliqué que des groupes puissent empêcher cette transition démocratique qui était en cours. J'appelle donc ceux qui ont commis cet acte à libérer les personnes qui sont retenues et notamment le président de la transition qui encore aujourd'hui est pris en otage et j'appelle ces groupes à cesser immédiatement leur action», a déclaré le chef d' l'État.

Dès mercredi, l'ONU et l'Union africaine avaient exigé la libération des otages. La junte devait annoncer la fermeture des frontières terrestres et aériennes du pays et l'instauration d'un couvre-feu.