Brexit: Boris Johnson veut des élections le 12 décembre
Écrit par Jonathan PIRIOU sur octobre 25, 2019
Le premier ministre conservateur défie le travailliste Jeremy Corbyn à l’affronter dans les urnes pour débloquer la situation à Westminster.
Boris Johnson défie Jeremy Corbyn. Ratifier son accord sur le Brexit d’ici à début novembre ou accepter de nouvelles élections: voici le marché qu’il lui a mis en main dans une lettre de deux pages et demie adressée jeudi. Pour accentuer la pression sur l’opposition et crédibiliser son bluff, il va solliciter lundi un vote du Parlement pour approuver des législatives anticipées le 12 décembre.
«Cela signifie que nous pouvons mener à bien le Brexit avant les élections, le 12 décembre, si les députés le choisissent, explique le premier ministre dans sa missive. Mais si le Parlement refuse de saisir cette opportunité et échoue à le ratifier d’ici au 6 novembre, comme je le crains, alors la question devra être résolue par un nouveau Parlement. Une élection le 12 décembre permettra un nouveau Parlement et un nouveau gouvernement d’être en place pour Noël.»
Le premier ministre conservateur tente ainsi de résoudre la synthèse entre deux tendances qui s’opposaient ces dernières heures au sein de son cabinet: donner la priorité à la ratification du Brexit ou foncer vers des élections faute de consensus possible aux Communes sur la sortie de l’UE.Le pari d’une élection risque de voir s’évaporer cette fragile dynamique derrière son accord
Seul hic, de taille, il lui faut les voix des deux tiers des députés pour approuver la dissolution de la Chambre et de nouvelles élections. Or, par deux fois depuis la rentrée, le Labour de Jeremy Corbyn a refusé de les lui accorder. L’argument était alors que l’opposition voulait d’abord s’assurer d’un report de la date du Brexit pour éviter une sortie brutale de l’UE le 31 octobre. Celui-ci est désormais écarté dans l’immédiat. Le principe du report est acquis. Mais les Européens s’écharpent sur sa durée. Une décision pourrait être prise vendredi. Donald Tusk, président du Conseil européen, comme Angela Merkel et une majorité de dirigeants des Vingt-Sept, plaident pour une extension de trois mois, jusqu’à la fin janvier, conformément au texte de la loi Benn adoptée par les Communes pour contraindre Boris Johnson à demander un délai.
À l’inverse, Emmanuel Macron veut en finir au plus vite. Il réclame une extension très limitée, de quinze jours à un mois, juste le temps de laisser la Grande-Bretagne finir d’examiner et d’approuver l’accord conclu avec les Vingt-Sept à Bruxelles la semaine dernière. Mardi soir, pour la première fois, une majorité de députés britanniques ont voté en faveur de ce texte aux Communes lors d’une étape intermédiaire de son examen, avant de se prononcer aussitôt contre le calendrier proposé par Boris Johnson qui voulait mener à bout la procédure d’adoption en trois jours. D’où la demande, contre son gré, d’un report aux Européens et de la mise en «pause» de l’examen de l’accord sur le Brexit.
Le pari d’une élection risque de voir s’évaporer cette fragile dynamique derrière son accord. La campagne sera l’occasion de relancer les intarissables débats sur les mérites du Brexit. Boris Johnson s’appuie sur des sondages donnant une confortable avance aux conservateurs (autour de 35% d’intentions de vote), tandis que les travaillistes se traînent une quinzaine de points derrière. D’où leurs réticences à soutenir une élection. Mais lorsque Theresa May a convoqué un scrutin anticipé en 2017, elle caracolait aussi en tête dans les sondages. Ce qui ne l’avait pas empêché de perdre sa majorité.