Biathlon: Fourcade, la réponse du patron
Écrit par Jonathan PIRIOU sur février 12, 2017
Il a remis les pendules à l'heure: sevré de titre depuis l'ouverture des Mondiaux-2017, la superstar du biathlon Martin Fourcade a effectué une véritable démonstration dimanche pour ouvrir son compteur et remporter la poursuite.
Le Français s'était jusque-là contenté de deux accessits (2e du relais mixte, 3e du sprint), indignes de son statut et de son immense talent. Mais on a enfin retrouvé le vrai Martin Fourcade, celui qui domine outrageusement sa discipline depuis cinq ans et écoeure ses adversaires cette saison.
Le psychodrame de jeudi et la passe d'armes avec les Russes au sujet du dopage, qui lui ont sans doute coûté cher samedi dans le sprint, ne sont plus que de lointains souvenirs. Le N.1 mondial a repris ses bonnes habitudes pour signer la 60e victoire de sa carrière, la 11e de l'exercice actuel, et obtenir son 10e sacre mondial devant les deux Norvégiens Johannes Boe, médaillé d'argent la veille, et l'inusable Ole Einar Bjoerndalen.
Le Français n'en finit plus d'écrire l'Histoire et il n'est plus qu'à une unité des deux records de Bjoerndalen (12 titres individuels en Championnats du monde, 12 succès en une saison), qui ne devraient plus être que des formalités pour lui. En attendant de supplanter le légendaire Norvégien, il a offert aux Bleus une 4e médaille dans ces Mondiaux.
"C'est beaucoup de bonheur, a estimé Fourcade. Cette course efface la petite déception d'hier. J'avais beaucoup gagné en début de saison et j'avais dit que je venais ici pour une médaille d'or. Cela aurait été une déception de repartir des Mondiaux sans victoire. Aujourd'hui, ça m'enlève cette petite pression et ça me libère pour la suite."
Pas de 'sentiment de revanche'
Le Français a toutefois refusé d'y voir "un sentiment de revanche" après les tensions avec la Russie sur la question du dopage.
"Ce ne sont pas les petites polémiques de la semaine qui me font oublier la chance que j'ai de faire ce sport", a-t-il déclaré.
La journée a été aussi très spéciale pour Bjoerndalen. Avant de monter à 43 ans pour la 45e fois sur un podium d'un Championnat du monde, le Norvégien avait pu suivre la médaille d'argent de sa femme Darya Domracheva dans la poursuite dames qui est revenue pour la 2e année d'affilée à l'Allemande Laura Dahlmeier. A 30 ans, la Bélarusse, triple championne olympique en 2014, fait figure de revenante, elle qui a passé une saison blanche à soigner une mononucléose avant d'accoucher et n'est revenue à la compétition qu'en janvier.
Sa 2e place est donc un véritable exploit, surtout compte tenu de son résultat sur le sprint qui l'a obligée à s'élancer en 27e position lors de la poursuite.
Dahlmeier était elle intouchable et s'affirme à 23 ans comme la patronne du circuit et de ces Mondiaux. Leader du classement général de la Coupe du monde, l'Allemande opère un quasi-sans faute à Hochfilzen après sa victoire sur le relais mixte et sa 2e place sur le sprint.
Les Bleues frustrées
"Je suis très heureuse, a-t-elle réagi. C'est comme un rêve. La poursuite est ma course favorite. Je savais qu'il fallait que j'assure au tir parce que je ne me sentais pas très forte sur la neige. C'était le plus gros défi de la journée et ça a provoqué une belle bagarre sur la dernière boucle."
Le bilan est en revanche assez frustrant pour les Françaises, auteures d'un joli tir groupé sans atteindre le podium. Mais avec 4 biathlètes parmi les 11 premières (Justine Braisaz 5e, Marie Dorin Habert 6e, Célia Aymonier 9e, Anaïs Chevalier 11e), les Bleues ont une nouvelle fois fait admirer leur forte densité, ce qui promet pour le relais de vendredi.
La déception vient surtout de Marie Dorin. Grande dame des Mondiaux l'an dernier en Norvège (6 médailles dont trois d'or), la chef de file de l'équipe de France est pour le moment en train de manquer le rendez-vous autrichien.
"Je n'ai pas réussi à répondre présent, a-t-elle expliqué. C'était un énorme objectif. J'étais remontée comme un coucou mais j'ai en ai mis deux dehors sur le premier tir debout et ça m'a fait complètement perdre la course."