Audiovisuel public
Écrit par Jonathan PIRIOU sur novembre 4, 2024
France 3 et France Bleu deviennent «Ici», les syndicats redoutent «une perte d’identité»
Le nouveau logo remplacera mardi 5 novembre celui de France 3 lors des émissions régionales, tandis que l’intersyndicale de l’antenne appelait lundi à la grève pour protester contre la mise en place de cette marque vue comme une nouvelle étape vers la fusion.
Bientôt, votre radio change de nom», peut-on entendre depuis ce lundi 4 novembre sur les ondes de France Bleu. Officialisé il y a déjà un an, le rassemblement des marques de l’audiovisuel public France Bleu et France 3 sous la dénomination commune «Ici» se concrétise un peu plus ce mois-ci. A la radio, on annonce par exemple qu’«en 2025, France Bleu Paris devient Ici Paris Ile-de-France», tandis qu’à la télé, dès ce mardi 5 novembre, le logo Ici vient remplacer celui de France 3 pendant les programmes régionaux. Ce changement sera ainsi visible de 6h30 à 14h15, lors des JT Ici 19/20 et pendant les émissions régionales du week-end et de deuxième partie de soirée. Les émissions nationales garderont encore pendant un temps le logo actuel. «France 3 existe toujours», indiquait ainsi Philippe Martinetti, le directeur délégué des antennes et des programmes chargé de l’offre de proximité de France Télévisions, lors d’un point de presse mercredi 30 octobre. «Mais nous poussons le curseur un peu plus loin» sur la régionalisation de son offre avec le label Ici.
Le déploiement de cette nouvelle marque est cependant loin de satisfaire tout le monde. Les salariés de France 3 étaient ainsi appelés par l’intersyndicale CFDT-CGT-FO-SNJ-SUD à une grève de vingt-quatre heures à partir de lundi minuit pour contester cette initiative. «Ce projet peut être lu comme un premier pas vers une fusion des réseaux de France 3 et France Bleu», étaye-t-elle dans son préavis, dénonçant «une perte d’identité» et «une grande insécurité socio-économique» dans «un contexte de transformation lourde» de l’audiovisuel public et «de flou» sur son financement. Outre «l’abandon du projet de l’effacement de France 3», les syndicats réclament «l’assurance du maintien de leur contrat de travail dans France Télévisions» ou encore «l’arrêt de la publication sur le site francebleu.fr [rebaptisé Ici, ndlr] d’articles rédigés par des journalistes de France 3». Le comité social et économique du réseau régional a en outre adopté «une résolution pour contester en justice le développement» de la marque Ici, propriété de Radio France, selon les syndicats.
45 millions d’euros d’économies
Les premiers rapprochements entre France Bleu et France 3 datent de 2018. «France 3 et France Bleu doivent combiner leurs forces respectives», annonçait déjà la ministre de la Culture de l’époque, Françoise Nyssen. L’année d’après, ce fut l’arrivée des premières matinales filmées : ce sont désormais 37 des 44 matinales de France Bleu qui sont visibles à la télévision sur France 3, et deux de plus sont attendues en 2025. Et, à terme, des locales publiques radio-télé regroupées dans les mêmes bâtiments ? C’est la crainte des salariés, qui perçoivent bien ce rapprochement des deux entités comme une fusion «par le bas» de l’audiovisuel public, à défaut de réussir, pour le moment, à opérer une fusion «par le haut». Un rapprochement qui était poussé en 2023 par la mise en place d’une part variable dans le budget de l’audiovisuel public pour les années à venir, destiné à mener à bien des projets de transformation, parmi lesquels ce chantier d’un média de proximité. Une enveloppe qui ne semble finalement plus d’actualité ces dernières semaines face aux mesures d’économie décidées par le gouvernement, et alors que l’audiovisuel public s’est vu raboter 45 millions d’euros dans son budget 2025 – on ignore encore la façon dont cette coupe sera répartie entre les différentes entités – lors des dernières annonces du gouvernement pour trouver cinq milliards d’économies supplémentaires.