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Attaque de la mosquée de Bayonne : le suspect voulait « venger la destruction » de Notre-Dame de Paris

Écrit par sur octobre 29, 2019

Le tireur, un ancien candidat Front national, a blessé deux fidèles âgés de 78 et 74 ans. Des doutes subsistent sur son « état de santé psychique », selon le procureur de Bayonne.

Au lendemain de l’attaque contre la mosquée de Bayonne, au cours de laquelle deux personnes ont été blessées, le procureur de la République de la ville, Marc Mariée, a partagé avec la presse les premiers éléments de l’enquête, mardi 29 octobre.

L’audition de Claude Sinké, 84 ans, « a permis de recevoir ses aveux quant à l’incendie de la porte d’entrée de la mosquée et également de l’incendie du véhicule entièrement détruit », a déclaré le procureur, qui a ajouté que « le gardé à vue conteste avoir eu la volonté de tuer quiconque », précisant qu’il avait pris soin de faire du repérage afin de mener son action à un moment où la mosquée serait vide.

Des aveux contredits en partie par la vidéosurveillance. D’après les images, Claude Sinké a tiré sur l’un des deux hommes blessés qui tentait de fuir à bord de sa voiture. Celle-ci a terminé sa course un peu plus loin. Le suspect aurait ensuite aspergé le véhicule d’essence, puis y aurait mis le feu, alors que la victime se trouvait toujours à l’intérieur.

Quant aux motifs de son attaque, le mis en cause « explique son geste par la volonté de venger la destruction de la cathédrale de Paris, affirmant que l’incendie de cet édifice a été provoqué par des membres de la communauté musulmane », précise M. Mariée.

L’audition du suspect « interroge sur son état de santé psychique », a dit le procureur. « Nous sommes en contact permanent avec le procureur national antiterroriste », afin de savoir si ce dernier doit se saisir, a-t-il conclu.

Victimes dans un état stable

Selon les premiers éléments de l’enquête, l’auteur présumé des faits, interpellé peu de temps après le drame et placé en garde à vue pour « tentative d’assassinat », est d’abord arrivé aux abords de la mosquée muni d’un bidon d’essence, avec l’intention d’y mettre le feu.

C’est alors que deux fidèles âgés de 78 et 74 ans, très impliqués dans l’animation du lieu de culte, se seraient précipités à l’extérieur du bâtiment pour l’entraver. Claude Sinké les aurait pris pour cible avec son arme : touchés par plusieurs coups de feu, ils ont été grièvement blessés et transportés d’urgence au centre hospitalier de la côte basque. Tous les deux étaient mardi matin dans un état stable à l’hôpital.

Une perquisition a été menée au domicile du suspect, à Saint-Martin-de-Seignanx (Landes), et une arme de poing a notamment été retrouvée dans sa voiture. Le retraité, tireur sportif, était également détenteur de trois armes déclarées de catégorie B et de grenades d’exercice à plâtre.

Un ancien candidat Front national

L’assaillant était surtout connu dans la région pour s’être présenté avec l’étiquette du Front national lors des élections départementales des 22 et 29 mars 2015. Sur Facebook, où il était inscrit, Claude Sinké ne cachait pas non plus il y a quelques années son admiration pour le polémiste d’extrême droite Eric Zemmour et sa haine des musulmans.

Selon le quotidien régional Sud Ouest, il avait adressé le 25 octobre une lettre rageuse au bâtonnier de Bayonne et au procureur de la République de Dax, avec copie à la rédaction du journal. Dans ce courrier, remplis de propos « discriminatoires et xénophobes », selon Sud Ouest, il annonçait sa volonté de porter plainte contre Emmanuel Macron.
Mardi, le premier ministre, Edouard Philippe, a exprimé son « émotion », ses « vœux de prompt rétablissement » et « une vraie pensée amicale et républicaine » aux victimes de l’attaque. « Dans une démocratie mûre comme la nôtre, dans une République sûre de ses principes, nous pourrions tous ensemble considérer qu’il n’y a qu’une seule communauté, la communauté nationale », a-t-il lancé lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. « A chaque fois que l’on pointe telle ou telle confession, ou telle ou telle partie du peuple, alors on appauvrit ce qu’est la République, a continué le chef du gouvernement. C’est-à-dire une union, une nation, un plébiscite de tous les jours, de gens qui ne sont pas semblables, qui ne croient pas la même chose, qui ne se ressemblent pas tous, mais qui sont unis dans les valeurs de la République et dans le respect de la loi. »