Après l’échec de Hamon, Hollande se met en marche pour Macron
Écrit par Jonathan PIRIOU sur avril 24, 2017
Dans une allocution lundi depuis l'Elysée, le président de la République a mis en garde contre le «risque» de «l'extrême droite». Ses ministres s'inquiètent pour l'avenir du Parti socialiste.
Tout sauf une surprise. Cela faisait des semaines que le chef de l'État égrenait des messages de plus en plus explicites en faveur d'Emmanuel Macron. Lundi 24 avril, lors d'une allocution en direct de l'Élysée, François Hollande est sorti de l'ambiguïté face au «risque» que «l'extrême droite fait peser sur l'avenir de la France ». «La mobilisation s'impose mais également la clarté des choix. Pour ma part, je voterai Emmanuel Macron », a déclaré François Hollande. Son ancien conseiller «est celui qui défend les valeurs qui permettent le rassemblement des Français dans cette période si particulière, si grave que connaît le monde, l'Europe et la France », a-t-il ajouté.
Maintenant que le frondeur Benoît Hamon s'est écrasé, le chef de l'État peut sortir du bois au profit d'Emmanuel Macron sans paraître déjuger le Parti socialiste, son ancienne formation politique qu'il a dirigée pendant dix ans. Au sein d'En marche!, l'annonce du chef de l'État a fait sourire certains élus. «François Hollande n'a jamais été en avance sur son temps, il a toujours été dans l'indécision », a ironisé un pilier d'En marche !. Il faut dire que le soutien in extremis du président le plus impopulaire de la Ve République n'est pas forcément vu comme un atout.
Ne pas «tuer» Solferino
Au sein du gouvernement, les ministres, eux, n'ont pas attendu le top départ du chef de l'État pour se faire entendre. À peine les résultats du premier tour connus, certains – qui avaient brillé ces dernières semaines par leur discrétion – ont dégainé des appels à voter Emmanuel Macron sur leur compte Twitter ou Facebook. Jean-Marc Ayrault a ainsi exhorté tous les républicains à se «mobiliser pour E. Macron, pour la France, la République, l'Europe ». Quant à Ségolène Royal, elle a appelé à la «mobilisation autour d'@EmmanuelMacron » pour «faire gagner les valeurs et talents de France, regardée par le monde et qui veut inventer le futur ». «J'appelle tous les électeurs à faire barrage au Front national en votant massivement pour Emmanuel Macron », a aussi écrit la ministre de l'Éducation Najat Vallaud-Belkacem, l'une des rares à avoir mouillé la chemise pour le candidat du PS.
Une fois n'est pas coutume, plusieurs membres du gouvernement ont participé au bureau national exceptionnel du Parti socialiste, qui s'est tenu lundi matin. Parmi eux, Najat Vallaud-Belkacem, Laurence Rossignol, Jean-Marie Le Guen et le plus hollandais d'entre eux Stéphane Le Foll. Le ministre de l'Agriculture, qui a appelé dès dimanche soir à voter Macron au second tour, entend jouer un rôle dans la reconstruction qui se profile, Rue de Solferino. Avec d'autres collègues du gouvernement (Marisol Touraine, Myriam El Khomri, Alain Vidalies, Clotilde Valter…) et des élus de la majorité du parti, Le Foll vient de préparer un texte qui salue le bilan du quinquennat et prône une gauche qui s'appuie sur la démocratie sociale. Avec un message en arrière-plan : «que le PS ne devienne ni un satellite d'En marche ! ni de La France insoumise », résume-t-on dans son entourage. S'ils veulent faire barrage au Front national, ils n'entendent pas pour autant «tuer » Solferino. Leur parti doit survivre à la crise.