Allemagne : un homme tire dans la foule à Munich, au moins neuf morts
Écrit par Jonathan PIRIOU sur juillet 23, 2016
Scènes de terreur à Munich. La ville de Bavière a été la cible d'une fusillade dans un centre commercial. Neuf personnes sont mortes et on compte 16 blessés. Le point sur la situation.
Fusillade dans un centre commercial
C'est peu avant 18 heures que l'alerte a été donnée. Le jeune homme, qui paraît habillé de noir selon une vidéo amateur, a ouvert le feu sur des passants en s'éloignant d'un restaurant McDonald's proche du centre commercial. On le voit tirer sur des personnes qui s'enfuient en criant.
"On entrait dans le McDo pour manger (…) ensuite il y a eu un mouvement de panique" et "les gens sont sortis en courant", a raconté une femme à la télévision publique bavaroise. Elle a entendu trois coups de feu, "des enfants pleuraient, les gens se sont précipités vers la sortie en paniquant", a-t-elle ajouté. Un homme, employé d'un des magasins du centre commercial, a raconté avoir croisé un assaillant : "Il a tiré sur deux personnes et j'ai pris la fuite pour quitter le bâtiment en escaladant un mur. Et là il y avait des cadavres et des blessés."
Le jeune Germano-Iranien a ensuite pénétré dans le centre commercial et continué à tirer sur des badauds, selon les témoignages, avant de prendre la fuite. Blessé par balle par une patrouille de police, il a finalement été retrouvé sans vie à 1 kilomètre de distance. Après avoir envoyé des démineurs pour vérifier qu'il ne transportait pas d'explosifs sur lui, la police a constaté qu'il s'était suicidé. Pendant des heures, toute l'agglomération bavaroise a été placée en état de siège car les autorités ont craint, sur la base de témoignages, que jusqu'à trois auteurs aient pris la fuite dans la ville. Plus de 2 000 policiers de tout le pays et de l'Autriche voisine, dont des unités d'intervention d'élite, ont été déployés, tandis que le ciel était sillonné par des hélicoptères et que la police appelait la population à rester cloîtrée chez elle. Les rues se sont vidées et l'ensemble des transports en commun ont été temporairement suspendus.
Un acte terroriste ?
La police a indiqué en début de soirée "suspecter un acte terroriste" mais ne pas avoir d'éléments pour établir une motivation islamiste. "Quand quelqu'un pénètre dans un centre commercial avec une arme et tire sur les gens comme cela, on peut difficilement penser à autre chose", a dit à un moment le porte-parole de la police, Marcus da Gloria Martins. La police s'est ensuite montrée plus prudente une fois établi que l'auteur avait agi seul, soulignant que les motivations étaient "non élucidées".
Le chef de la police locale, Hubertus Andrä, a indiqué que l'auteur avait crié quelque chose en passant à l'acte, sans pouvoir dire quoi à ce stade, alors que certains médias ont évoqué un slogan djihadiste. Même si les motivations restent à déterminer, cette fusillade intervient dans un climat très lourd en Europe. Il s'agit de la troisième attaque contre des civils en Europe en moins de dix jours, après l'attentat au camion bélier à Nice (sud de la France), le 14 juillet, qui a fait 84 morts, et l'attaque à la hache de Wurtzbourg.
Le tireur : un germano-Iranien
L'auteur de l'attaque est un Germano-Iranien de 18 ans dont les motivations sont à ce stade "totalement non élucidées", a indiqué samedi le chef de la police locale. "L'auteur est un Germano-Iranien de 18 ans de Munich" qui n'était pas connu des services de police et vivait depuis déjà deux ans dans la capitale bavaroise avec la double nationalité allemande et iranienne, a déclaré Hubertus Andrä lors d'une conférence de presse.
Une patrouille de police l'a alors blessé à l'arme à feu mais le jeune homme a réussi à prendre la fuite. Son corps sans vie n'a été trouvé que plus tard, vers 18 h 30, par la police, qui a constaté qu'il s'était donné la mort. Les forces de l'ordre ont pensé dans un premier temps avoir affaire à trois auteurs car une voiture suspecte avec deux hommes à bord avait été aperçue par des témoins en train de fuir à vive allure près de l'endroit des faits. "Il s'est avéré que les deux hommes n'avaient absolument rien à voir" avec cela, a dit Hubertus Andrä.
Un acte ignoble, pour Hollande
Les dirigeants du monde entier ont apporté leur soutien à l'Allemagne. "L'attaque terroriste qui a frappé Munich, faisant de nombreuses victimes, est un nouvel acte ignoble qui vise à saisir d'effroi l'Allemagne après d'autres pays européens. Elle fera face. Elle peut compter sur l'amitié et la coopération de la France", écrit la présidence française, neuf jours après l'attaque au camion qui a fait au moins 84 morts et plus de 300 blessés à Nice le 14 juillet. "Le Président de la République assure le peuple allemand de sa sympathie et de son soutien en ces heures difficiles", d'après l'Elysée. François Hollande "a adressé un message personnel à la chancelière Merkel dès les premières heures du drame", a rappelé la présidence. Et d'ajouter : "Il s'entretiendra avec elle samedi matin." La chancelière allemande Angela Merkel avait exprimé sa solidarité avec la France dans la lutte contre le terrorisme après l'attentat de Nice, assurant que l'Allemagne était "aux côtés de la France dans la lutte contre le terrorisme". "Les mots suffisent à peine pour dire ce qui nous unit à nos amis français", avait-elle ajouté, évoquant sa "stupeur" après cette attaque.
La chancelière allemande Angela Merkel a convoqué pour samedi à Berlin une réunion de son conseil fédéral de sécurité, a annoncé Peter Altmaier, l'un de ses proches, ajoutant : "Nous sommes déterminés à tout faire pour que le terrorisme et la violence inhumaine n'aient pas voix au chapitre en Allemagne". Cette "attaque meurtrière de Munich m'horrifie au plus point", a déclaré le président allemand Joachim Gauck dans un communiqué. Le président américain Barack Obama a promis aux autorités allemandes "tout le soutien dont elles ont besoin".
L'Iran "condamne" cet acte et "exprime sa solidarité avec le peuple et le gouvernement allemand", a déclaré Bahram Ghassemi, porte-parole de la diplomatie iranienne, cité par les agences de presse Irna et Isna. Ghassemi a condamné "l'assassinat d'innocents sans défense" et a affirmé qu'"il n'y a d'autres choix que la lutte totale et sans distinction" contre le terrorisme.