Affaire Cambridge Analytica: Facebook “scandalisé d’avoir été trompé”
Écrit par Jonathan PIRIOU sur mars 21, 2018
Facebook a réagi pour la première fois alors que la société Cambridge Analytica, accusée d'avoir exploité des données de ses utilisateurs, s'est séparée de son patron.
Un réseau social dans la tourmente. Touché de plein fouet par le scandale Cambridge Analytica, du nom de cette société accusée d'avoir illégalement acquis les données de 50 millions de ses utilisateurs, Facebook s'est dit mardi "scandalisé d'avoir été trompé" par l'utilisation de ces données et a dit "comprendre la gravité du problème". Dans un communiqué, le réseau social a fait part de sa détermination "à appliquer vigoureusement nos politiques pour protéger les informations privées" et "à prendre toutes les mesures possibles pour que cela soit suivi d'effet". Son PDG, Mark Zuckerberg, qui n'a pas pris la parole sur son compte Facebook, a été invité à s'exprimer devant une commission parlementaire britannique, qui lui a donné jusqu'à lundi pour répondre. Le Parlement européen aimerait lui aussi l'entendre.
"Il n'y a aucune preuve, pas de trace écrite, rien"
Le scandale a déjà coûté sa place au patron de Cambridge Analytica, Alexander Nix, dont la suspension a été annoncée mardi par la société. Cette décision a été prise à la suite de la publication de "commentaires" du PDG enregistrés par la chaîne Channel 4 News, ainsi que d'autres "allégations" formulées à son encontre, qui "ne représentent pas les valeurs" de la société, spécialisée en communication stratégique et analyse de données à grande échelle, a-t-elle expliqué dans un communiqué.
Cambridge Analytica, qui dispose de bureaux au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, est accusé d'avoir récupéré sans leur consentement les données de 50 millions d'utilisateurs de Facebook pour élaborer un logiciel permettant de prédire et d'influencer le vote des électeurs, afin de peser dans la campagne de Donald Trump. Les commentaires en question sont issus d'une enquête diffusée lundi et mardi par la chaîne britannique, où le patron de Cambridge Analytica apparaît en caméra cachée répondant aux questions d'un reporter à l'identité déguisée. Les derniers éléments publiés mardi le montrent se vantant du rôle joué par son entreprise aux Etats-Unis dans la campagne présidentielle du candidat républicain Donald Trump en 2016. Recherche, analyse, "on a dirigé sa campagne numérique", assure-t-il avant de mettre en avant le système d'e-mails auto-destructeurs qu'il utilise.
"Il n'y a aucune preuve, pas de trace écrite, rien", explique-t-il, affirmant qu'il n'y a pas de danger que les parlementaires américains percent son secret à jour. "Ce sont des hommes politiques, pas des techniciens. Ils ne comprennent pas comment ça marche".
Des enquêtes aux Etats-Unis et en Europe
Une remarque qui a sans doute piqué au vif l'Information Commissioner's Office (ICO). L'autorité britannique indépendante, chargée de réguler le secteur et de protéger les données personnelles, a demandé l'autorisation d'enquêter au sein de Cambridge Analytica afin de pouvoir "fouiller les serveurs" et "effectuer une vérification des données".
Aux Etats-Unis, les procureurs de New York et du Massachusetts ont lancé une enquête sur ce scandale et, selon les médias américains, la Commission fédérale du commerce (FTC), un organisme public chargé de veiller à la protection des consommateurs et de la concurrence, a aussi ouvert une enquête. Les autorités chargées de la protection des données dans l'Union européenne se sont également saisies de l'affaire mardi. Le sujet était au menu d'une réunion de ces autorités à Bruxelles, a indiqué la Commission européenne, dont une représentante devait demander des "clarifications" à Facebook, dont le cours a dégringolé en Bourse