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A Valence, sous une pluie glaciale, les « gilets jaunes » ont « oublié de tout casser »

Écrit par sur février 3, 2019

Valence, samedi matin 2 février, avait tout d’une ville fantôme. Ou plutôt d’une cité sous couvre-feu. De rares silhouettes avançaient dans le froid, regardant autour d’elles, médusées par les ruelles désertes, les magasins fermés, comme les banques, les restaurants, les cafés, les musées, et frappées plus encore par la multitude de panneaux en bois calfeutrant les devantures des banques, hôtels, et commerces divers, retirant au chef-lieu de la Drôme toute fantaisie et couleur. Comme si on redoutait une attaque. Comme si on était en guerre.

Aussi, 300 grilles de protection installées au pied des arbres avaient été retirées, ainsi que 400 corbeilles, des bancs, et toutes sortes de mobiliers urbains. Des pavés avaient été recouverts de goudron pour empêcher qu’ils ne servent de projectiles.

Car depuis plusieurs jours, le maire (Les Républicains) de Valence (62 000 habitants), Nicolas Daragon, et le préfet du département à l’unisson, se déclaraient inquiets : entre 6 000 et 10 000 « gilets jaunes » pourraient, disaient-ils, participer à la grande manifestation régionale prévue ce samedi dans la ville, « dont 10 % de casseurs ». Un pronostic aussitôt jugé « provocateur » par les instigateurs du rendez-vous.
La mairie avait fermé ses portes, les mariages avaient été délocalisés, le marché de la place des Clercs, d’ordinaire si vivant, bel et bien annulé. Et le traditionnel rallye Monte-Carlo « historique », qui attire chaque année un nombreux public amateur de vieilles voitures de sport, avait été relégué à l’autre bout de l’agglomération. Le kiosque de Peynet paraissait lugubre au milieu du champ de Mars dépeuplé. Aucun enfant ne jouait dans le parc Jouvet. Les rares véhicules à sillonner la ville étaient ceux des compagnies républicaines de sécurité (CRS). Dans le ciel gris et bas volait un hélicoptère.