A République, manifestation de policiers contre la « haine anti-flics
Écrit par Jonathan PIRIOU sur mai 18, 2016
Les policiers ont manifesté, mercredi 18 mai, pour dénoncer la « haine anti-flics » et demander plus de « fermeté » vis-à-vis des « casseurs » – une première après deux mois d’affrontements parfois violents lors des manifestations contre le projet de loi travail.
Leur puissant syndicat Alliance (affilié à la CFE-CGC, syndicat de salariés et principalement de cadres), rejoint par d’autres organisations syndicales, a convié les policiers, hors service et en civil, à des rassemblements statiques dans une soixantaine de villes. Le plus important s’est tenu sous haute protection sur la très symbolique place de la République à Paris, où se réunit chaque soir depuis la fin de mars le mouvement citoyen Nuit debout.
Le rassemblement des policiers a lieu dans une certaine désunion, car Unité police SGP-FO, deuxième syndicat de gardiens de la paix, avait été empêché de manifester place de la République par la préfecture de police, qui évoquait des désaccords et « les risques de tension entre les participants ». En conséquence, Alternative CFDT a décidé de ne pas y participer officiellement, jugeant que le 18 mai devait être « un rassemblement général qui appartient à tous les policiers ».
Des policiers « exaspérés »
Avec plus de 350 membres des forces de l’ordre blessés depuis le début des manifestations – dont 11 mardi, selon le ministère de l’intérieur – les syndicats voulaient défendre leurs collègues pris à partie lors de la mobilisation contre le projet de loi El Khomri. Des slogans tels que « Tout le monde déteste la police » sont de plus en plus entendus dans les manifestations.
Le directeur général de la police nationale, Jean-Marc Falcone, a évoqué sur Europe 1 des fonctionnaires « un peu exaspérés », « soumis à une grosse pression » depuis les attentats de 2015, qui « se font agresser verbalement et physiquement ».
Les forces de l’ordre ont notamment été mises en cause après qu’un jeune homme a perdu l’usage d’un œil, à la fin du mois d’avril à Rennes, et une trentaine d’enquêtes de la « police des polices » (IGPN) ont été ouvertes.Applaudie au lendemain des attentats de janvier 2015, la police jouit pourtant toujours d’une « image exceptionnelle », avec 82 % des Français qui disent en avoir une bonne opinion, selon un sondage Odoxa pour Le Parisien.
Soutiens politiques
François Hollande a introduit, mercredi, le conseil des ministres en apportant « un message clair de soutien à l’ensemble des forces de police dans un contexte difficile », soulignant que « l’équilibre doit être parfaitement préservé entre le maintien de l’ordre et le respect de notre droit », selon le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll.
Le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, a-t-il précisé, « est revenu aussi sur le fait qu’il y a eu 1 300 arrestations depuis le début des manifestations ». Le premier ministre, Manuel Valls, a lui aussi soutenu les policiers sur Twitter :