Donald Trump, cerné par les affaires judiciaires, s’en prend à Jeff Sessions
Écrit par Jonathan PIRIOU sur août 24, 2018
L’attaque a été aussi sèche que la riposte. La condamnation de l’un de ses anciens directeurs de campagne, Paul Manafort, et la décision de son ancien avocat, Michael Cohen, de l’impliquer dans une violation des règles de financement de campagnes électorales a, en effet, dressé Donald Trump, jeudi 23 août, contre son propre ministère de la justice. « Je mets maintenant toujours “justice” entre guillemets », a assuré le président des Etats-Unis au cours d’un entretien vigoureux accordé à la chaîne conservatrice Fox News.
Donald Trump reproche depuis plus d’un an à son ministre, Jeff Sessions, ancien sénateur républicain de l’Alabama, sa décision de se récuser dans l’enquête sur les interférences prêtées à la Russie pendant la campagne présidentielle de 2016. Il est convaincu que cette décision, motivée par le fait que l’attorney general avait omis de rendre publiques des rencontres avec des responsables russes pendant la même période au cours d’auditions au Sénat, l’a privé d’un rempart contre les investigations en cours.Les démocrates sont vraiment puissants au sein du ministère de la justice. (…) Jeff Sessions n’a jamais réellement pris le contrôle du ministère et c’est quelque chose d’assez incroyable », a-t-il ajouté jeudi, reprenant la thèse d’un biais idéologique régulièrement reproché à l’équipe du procureur spécial chargé de l’enquête russe, Robert Mueller, nommé par sa propre administration.
Spéculations sur un éventuel limogeage
L’attorney general des Etats-Unis, pourtant habitué à ces critiques récurrentes, a choisi de riposter presque immédiatement en faisant savoir que, tant qu’il exercera ses fonctions, « les actes du ministère de la justice ne seront pas influencés indûment par des considérations politiques ».
Alors que la rupture entre les deux hommes qui ont participé à une réunion commune à la Maison Blanche, jeudi, apparaît irréparable, cet échange a alimenté les spéculations sur un éventuel limogeage précipité de Jeff Sessions. Il a incité plusieurs sénateurs républicains à réagir en ordre dispersé. « Nous n’avons pas le temps et il n’y a pas de candidat probable qui puisse êtreconfirmé à mon avis dans ces circonstances actuelles », a assuré John Cornyn (Texas). Le président de la commission des lois responsable des auditions d’un candidat à la tête du ministère de la justice, Chuck Grassley (Iowa) a juré, au contraire, qu’une telle audition pourrait se tenir au cours de l’automne.
Dans son entretien à Fox News, Donald Trump s’en est pris également avec virulence aux « donneurs » (flippers), le terme qu’il a utilisé pour désigner les personnes qui concluent un accord avec les autorités judiciaires afin d’obtenir leur clémence. « Cela devrait presque être interdit. Ce n’est pas juste. (…) [Cela les incite] à dire de mauvaises choses à propos de quelqu’un (…) à juste inventer des mensonges », a poursuivi le président.
Immunité judiciaire
Il avait manifestement en tête la décision de son ancien avocat de plaidercoupable notamment dans l’affaire qui le concerne, celle d’un financement occulte en lien avec la campagne présidentielle de 2016. Michael Cohen avait, en effet, acheté à prix d’or, avant le scrutin, le silence de deux femmes qui assurent avoir eu par le passé une relation extraconjugale avec le magnat de l’immobilier.