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Avec la disparition de France 4 de la TNT, où vont atterrir ses dessins animés?

Écrit par sur juin 4, 2018

POLITIQUE – Une petite chaîne va disparaître du petit écran. Loin du big bang audiovisuel que semblait promettre la ministre de la Culture, le "scénario d'anticipation" pour l'audiovisuel public présenté ce lundi 4 juin par Françoise Nyssen a acté la fin de la diffusion de la chaîne jeunesse France 4 sur le numérique hertzien avec l'ambition de bâtir à sa place "un champion industriel du numérique pour reconquérir le jeune public".

France Télévisions devra ainsi libérer "au moins le canal hertzien" de sa chaîne jeunesse France 4, a décrété la ministre de la Culture sans préciser si ce canal serait récupéré par la chaîne France Info, qui souffre de son positionnement actuel au canal 27 de la TNT.

Lancée en 2005 et initialement pressentie comme une "chaîne de la jeunesse et des nouvelles générations", France 4 a toujours peiné à trouver son public et sa place dans le paysage audiovisuel. Mini-généraliste, elle a toujours diffusé des dessins animés ("Ludo", "Zouzou", "Il était une fois la vie") mais aussi des séries ("Doctor Who"), des films, des émissions de divertissement (la première version de "Touche pas à mon poste" avec Cyril Hanouna) et même du sport qui lui a offert ses quelques records d'audience. Sa part d'audience moyenne n'a toutefois jamais dépassé 2%.

Au-delà d'un positionnement hybride et de résultats d'audience peu convaincants, la chaîne semble surtout payer le détachement progressif des enfants et des jeunes du petit écran. "La télévision ne représente plus que les deux tiers de la consommation de vidéos des jeunes (contre 24% pour YouTube et Facebook) et cette part diminue rapidement", argue le ministère de la Culture pour illustrer l'inadéquation entre la chaîne et son public.

A priori, France 4 ne devrait donc pas totalement cesser d'émettre mais basculer sur le numérique. La ministre comme la présidente de France Télévisions se sont néanmoins montrées évasives sur l'avenir de la chaîne, de son identité ou de ses programmes.

Flou général sur la suite

Ni le calendrier ni les modalités de cette bascule de France 4 sur le net n'ont encore été dévoilées. Sa grille devrait toutefois sortir du flux pour favoriser une offre de programmes à la demande. Ce lundi, Delphine Ernotte, la patronne de France Télévisions, a précisé que l'offre pour enfants allait être refondue autour "d'une marque unique", "une offre délinéarisée (à la demande, ndlr) et ambitieuse, sécurisée et sans publicité" tout en indiquant que des programmes pour enfants seraient maintenus sur les autres chaînes. Les programmes actuellement diffusés sur France 4 pourraient ainsi être ventilés sur d'autres canaux de France Télévisions.

Le dossier de presse fourni par le ministère de la Culture n'est pas beaucoup plus précis sur le sujet. Le nom de France 4 et de ses programmes phares n'y apparaissent nulle part. En revanche, le principe de la création d'un nouveau média numérique centré sur la jeunesse y est clairement affiché.

Ce nouveau "média générationnel" en ligne reprendra-t-il l'intégralité des programmes diffusés jusqu'ici sur France 4? Pour l'heure, le cadre fixé par le ministère met davantage l'accent sur les formats que sur les contenus. S'appuyant sur leurs offres existantes (dont Studio 4, la plateforme de webséries de France Télévisions…), les sociétés de l'audiovisuel public "lanceront une offre commune en direction des 13-30 ans et adaptée aux usages en mobilité". Ce nouveau média devrait "proposer des contenus innovants, des programmes courts, de la comédie, de la musique, des webséries, des documentaires immersifs, des écritures interactives…" Côté budget, le ministère promet des "moyens substantiels" sans plus de précision.

Inquiétudes dans le secteur de l'animation

Ce flou appelé à durer autour de l'avenir de France 4 et de ses programmes alimente une fébrilité certaine chez les professionnels de l'animation. Avant même la conférence de la presse de la ministre, ceux-ci avaient mis en garde contre la suppression de la chaîne publique ou sa fusion avec France 5, un temps envisagée, en soulignant le risque de déstabilisation que cette décision ferait porter sur l'ensemble de la profession. "La France n'a pas tant de champions qu'elle puisse se permettre de les déstabiliser d'un simple trait de plume", avertissait dans un communiqué, Stéphane Le Bars, Délégué Général du Syndicat des producteurs de films d'animation.

Sans répondre à ces interrogations, la ministre de la Culture Françoise Nyssen a tenu à préciser qu'elle sanctuariserait la production audiovisuelle assumée par France Télévisions (560 millions d'euros).

Aux yeux des professionnels de l'animation, France 4 constituait néanmoins la "plateforme de diffusion hertzienne indispensable à la dynamique et à la pérennité d'une industrie qui remporte succès sur succès à l'international (+55% à l'export entre 2015 et 2016) et qui créée massivement de l'emploi sur l'ensemble du territoire national (+40% de masse salariale entre 2014 et 2016)".

A défaut d'avoir trouvé son public, France 4 s'est au moins trouvé des avocats.