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La Tunisie plongée dans une crise politique délétère

Écrit par sur mai 31, 2018

Les couteaux sont tirés. La Tunisie vit depuis quinze jours une crise fratricide au cœur de la majorité au pouvoir, sous les yeux incrédules de l’opinion publique et des partenaires internationaux de la jeune et fragile démocratie d’Afrique du Nord. Mardi 29 mai, la tension est montée d’un cran quand le chef du gouvernement Youssef Chahed s’est livré, lors d’une allocution solennelle sur la chaîne publique Al-Wataniya, à une attaque en règle contre ceux qui cherchent à l’écarter du pouvoir.

Ironie amère, et qui en dit long sur le climat délétère de la scène politique tunisienne, M. Chahed a réservé ses flèches les plus acérées au chef de son propre parti, Nidaa Tounès, Hafedh Caïd Essebsi, le fils même du chef de l’Etat Béji Caïd Essebsi. « Les dirigeants [de Nidaa Tounès], et à leur tête Hafedh Caïd Essebsi, ont détruit le parti », a dénoncé M. Chahed, nommé à la tête du gouvernement en septembre 2016 à l’initiative même du président de la République.

Querelles fratricides

M. Chahed répliquait ainsi aux manœuvres de Hafedh Caïd Essebsi qui, aux côtés du syndicat Union générale du travail tunisien (UGTT), s’emploie à le pousser vers la sortie. Le « directeur exécutif » de Nidaa Tounès – il n’a à ce jour été élu par aucun congrès du parti – avait multiplié ces derniers jours les critiques virulentes à l’encontre du bilan du gouvernement pourtant dominé par des ministres issus de son parti. Hafedh Caïd Essebsi fustigeait en particulier « l’effondrement de tous les indicateurs économiques », « les tensions sociales » et « le déclin de la confiance politique », autant de défaillances qui nourrissent à ses yeux « la peur de l’effondrement de l’expérience démocratique en Tunisie ».