Réforme de l’université : le blocage du site de Tolbiac levé après une intervention policière
Écrit par Jonathan PIRIOU sur avril 20, 2018
Le blocage du site universitaire parisien de Tolbiac, lieu emblématique de la mobilisation contre la réforme de l’accès à la fac, a été levé vendredi 20 avril à l’issue d’une vaste opération de police lancée au petit matin. Une centaine de personnes qui occupaient cette tour de 22 étages ont quitté les lieux après l’arrivée des forces de l’ordre dans un climat tendu.
L’opération, qui a pris fin vers 6 heures vendredi, s’est déroulée « dans le calme » et sans « incident », a toutefois assuré la préfecture de police. Un individu a été interpellé pour outrage et rébellion.Ils sont passés par la porte arrière. Ils ont débarqués avec des tronçonneuses, des Famas. Ça s’est passé en quelques minutes. Nous avons été parqués dans l’amphi N, où nous dormions, avant d’être évacués, sans pouvoir récupérer nos affaires. Deux personnes sont à l’hôpital. On continuera à lutter contre la politique de Macron et la loi Vidal », raconte Emma, étudiante en L1 de langues à Paris-I, qui occupait les lieux depuis trois semaines, rencontrée devant le site de Tolbiac.
Notre journaliste, qui a pu entrer dans l’université vidée, décrit la plupart des murs taggués, des distributeurs de boissons et de nourriture éventrés, des sanitaires sales, de même que l’amphi qui servait de dortoir. Selon un agent de sécurité rencontré sur place, le matériel informatique qui équipait certains amphithéâtres a été volé.
Au moins une centaine de CRS avaient pénétré à 5 heures du matin sur le site, occupé depuis le 26 mars par des opposants à la réforme de l’université, essuyant notamment des jets de bouteilles de verre et autres projectiles. Quelques minutes avant le début de l’intervention, les occupants des lieux avaient sonné l’alarme, semant la confusion. Certains se sont retranchés à l’intérieur tandis que d’autres tentaient de s’enfuir en escaladant la grille tout en lançant des projectiles sur les forces de l’ordre, a constaté la journaliste de l’Agence France-Presse (AFP). La rue longeant le site avait été ensuite bouclée par la police.Mercredi, il avait promis que « l’Etat de droit » serait rétabli « partout » et « en particulier dans les facultés », en écho aux déclarations d’Emmanuel Macron, qui avait fustigé dimanche soir des protestataires « souvent minoritaires » et « des professionnels du désordre ».
L’intervention des forces de l’ordre avait été réclamée dès le 9 avril par Georges Haddad, président de l’université Paris-I dont dépend Tolbiac, inquiet de la situation sur place après la découverte de cocktails Molotov sur le site. La préfecture de police n’avait alors pas immédiatement donné suite à sa demande, invoquant une « appréciation technique ».Depuis plusieurs semaines, quatre universités étaient totalement bloquées et une dizaine de sites (sur 400) perturbés pour protester contre la loi sur l’orientation et la réussite des étudiants (ORE), accusée par ses détracteurs d’instaurer un système de « sélection » déguisée.
Le 9 avril, des CRS étaient également intervenus à la faculté de Nanterre, autre point chaud de la mobilisation, pour lever le blocage d’un bâtiment occupé. A Montpellier, le tribunal administratif a ordonné mercredi aux occupants de l’université Paul-Valéry, bloquée depuis la mi-février, de « libérer les lieux sans délai » mais les forces de l’ordre ne sont pas encore intervenues.