Macron sur BFMTV et Mediapart : les 8 annonces à retenir
Écrit par Jonathan PIRIOU sur avril 16, 2018
Pour la deuxième fois en quatre jours, Emmanuel Macron s’est livré dimanche soir à l’exercice de l’interview, cette fois face à Jean-Jacques Bourdin (BFMTV, RMC) et Edwy Plenel (Mediapart). Au programme figuraient tant le bilan de la première année du quinquennat que les grands enjeux des dernières semaines. Le président de la République était particulièrement attendu sur les sujets de la Syrie, de la laïcité et de l’immigration. Voici les points qu’il fallait retenir de cette soirée au théâtre Chaillot.
Macron juge que les frappes en Syrie étaient "indispensables"
"Les capacités de production d'armes chimiques ont été atteintes et détruites. Il n'y a aucune victime aux dires des autorités syriennes." Emmanuel Macron a fermement campé sur sa position concernant les frappes menées par la France, les Etats-Unis et le Royaume-Uni en Syrie dans la nuit de vendredi à samedi. Il a aussi indiqué qu'il a convaincu Donald Trump de garder ses forces en Syrie : "Il y a 10 jours, le président Trump disait que les Etats-Unis ont vocation à se désengager de la Syrie. Nous l'avons convaincu qu'il est nécessaire d'y rester, au-delà de ces frappes", a déclaré le président français.De là où je suis, on ne peut pas se contenter de donner des leçons de morale, a-t-il déclaré. Cette frappe était indispensable pour redonner de la crédibilité à la parole de notre communauté [internationale]." Le président s'est félicité d'avoir notamment recouvré cette "crédibilité" vis-à-vis des Russes.
2 – Le Président se dit "intraitable" sur la fraude fiscale, moins sur la spéculation
Entre la suppression de l'impôt sur la fortune et les autres "cadeaux faits aux plus riches", Edwy Plenel évoque 5 milliards d'euros évaporés depuis le début du quinquennat. "Je n'ai pas fait de cadeau", réfute Emmanuel Macron. Il avoue cependant une certaine impuissance à réguler les débordements. "L'ISF a été supprimé pour ceux qui investissent dans l'économie. Ceux qui spéculent? Je le regrette. Mais il est très difficile de séparer le bon grain de l'ivraie."
Quant aux 60 à 80 milliards d'euros perdus chaque année en France par la fraude fiscale, le Président se fait très formel. "Nous serons intraitables en matière de fraude fiscale, je m'y engage devant vous, il n'y aura aucune complaisance."
3 – Macron n'est "pas contre" une Journée de solidarité travaillée
Rebondissant sur les propos de la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, les journalistes ont questionné le Président sur la possibilité d'un nouveau jour férié travaillé. "C'est une piste intéressante, je ne suis pas contre", a répondu sans plus de détails Emmanuel Macron. Une telle journée de travail non payée permettrait de financer l'accompagnement des personnes âgées et handicapées.
4 – Emmanuel Macron : "Je sais l'effort qui a été fait par les retraités"
"Je sais l'effort qui a été fait, je ne crache pas dessus, et il sera compensé." Questionné sur la hausse de la CSG, Emmanuel Macron reconnaît le poids supplémentaire sur les épaules des retraités. Il évoque une compensation avec la suppression de la taxe d'habitation, tout en rappelant que les 40% de retraités les plus modestes ne sont pas concernés.Question de priorité, et le Président énonce la sienne clairement : "J'ai besoin de remettre le pays au travail." Aussi, "on a demandé un effort [aux retraités] pour pouvoir baisser les cotisations salariales de tous les travailleurs de France", et ainsi améliorer leur pouvoir d'achat, explique-t-il. Une mesure qu'il veut avant tout favorable aux "classes moyennes".
5 – Grève des cheminots : "Je ne veux pas privatiser la SNCF", dément le Président
"A partir du 1er janvier 2020, l'Etat reprendra la dette de la SNCF", a confirmé le Président. L'arrêt des embauches au statut de cheminot permettra par ailleurs de "dégager des marges de manœuvre", estime-t-il. "En l'espèce, rien n'est fait contre les cheminots car je ne remets pas en cause le statut de ceux qui l'ont", poursuit-il.
Il n'y aura plus de régimes spéciaux de retraite, y compris pour la SNCF
Emmanuel Macron persiste et signe sur les grandes lignes de la réforme. "Est-ce que je peux faire l'économie de cette réforme? Non." Il dément cependant vouloir privatiser l'entreprise publique. "Je ne veux pas privatiser la SNCF, je pense que ça n'a aucun sens." Pour "plus de transparence" dans le régime des retraites, Emmanuel Macron affirme par ailleurs vouloir la fin des régimes spéciaux, y compris celui des cheminots. Un changement qui serait mis en œuvre dans le cadre de la réforme du système des retraites, prévue pour 2019.
6 – Conflits sociaux : pour Emmanuel Macron, "il ne faut pas regarder que les symptômes de la colère"
Le Président reconnaît une colère dans la société, qui est pour lui "liée aux faits que nous n'avons pas réglé les problèmes profonds de ce pays. Il ne faut pas regarder que les symptômes", ajoutant qu'il faut "corriger les injustices à la racine". Il a poursuivi : "Cette colère, on ne peut la lever que si on arrive à conduire ces transformations, à les expliquer et à unifier le pays. […] C'est pourquoi je vais toujours au devant de cette colère."
Certains mécontentements sont liés à des décisions que j'ai prises, d'autres à un mal-être qui préexistait à mon élection
Plus tôt dans la soirée, le Président a cependant réfuté avec virulence l'hypothèse d'un front social uni. "Vous parlez de mécontentements très différents, avec des sources très différentes : certains liés à des décisions que j'ai prises, d'autres à un mal-être qui préexistait à mon élection", a-t-il rétorqué à Edwy Plenel. "Je conteste l'orientation de votre question qui viserait à voir une logique ou à créer une coagulation entre ces mécontentements."
7 – Islam et laïcité : selon le Président, "L'Etat est laïque, la société n'a pas à être laïque"
"Est-ce que vous comprenez que certains de nos concitoyens aient peur de l'islam?" Face à la question de Jean-Jacques Bourdin, Emmanuel Macron se fait moins assertif. "Cette religion est nouvelle pour la République", estime-t-il, évoquant des changements datant de "quelques décennies".
"L'Etat est laïque, la société n'a pas à être laïque." Le Président ne souhaite par exemple pas interdire le port du foulard dans la rue – situation qu'il distingue du port du foulard dans le cadre d'une fonction d'Etat, y compris dans les écoles. "Ce dont je veux être sûr, c'est qu'aucune femme ne soit obligée de le porter", a-t-il ajouté.
8 – Loi Asile et immigration : pour Emmanuel Macron, "on ne peut pas accepter l'absence de règles"
Emmanuel Macron reconnaît dans la vague migratoire un "phénomène qui va durer" et constate : "Il faut que nous nous organisions différemment." Quant aux étrangers en situation irrégulière, "on ne peut pas accepter l'absence de règles", affirme-t-il, évoquant la reconduite des personnes dans leurs pays d'origine dans les meilleures conditions possibles.
Dans le délit de solidarité, il y a des gens qui aident consciemment ou inconsciemment des passeurs
Le président a démenti avoir réduit sa majorité parlementaire au silence dans les négociations sur la controversée loi Asile et immigration, évoquant des "discussions légitimes". Jean-Jacques Bourdin évoque l'utilisation par Gérard Collomb du terme "submersion migratoire" : "Un terme malheureux?" "Non, pourquoi?" répond le président.
Emmanuel Macron refuse avec virulence l'idée que le projet de loi rende plus difficile les procédures de demande d'asile, rappelant la volonté de faire passer les délais de 14 mois à 6 mois en moyenne. Evoquant un appel d'Emmaüs lancé le jour même, Edwy Plenel lance le président sur la question du "délit de solidarité". Tout en reconnaissant des situations d'injustice, Emmanuel Macron est mitigé : "Dans le délit de solidarité, il y a des gens qui aident consciemment ou inconsciemment des passeurs, et ceux-là je ne veux pas les affranchir de ce délit."