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Champigny pleure Yann Arnaud, son acrobate du Cirque du Soleil

Écrit par sur mars 19, 2018

Yann Arnaud s’est tué pendant son numéro, samedi soir à Tampa, en Floride. L’artiste du Cirque du Soleil avait grandi dans le Val-de-Marne. Ses amis d’enfance le racontent.

« La crème des garçons », « un gymnaste incroyable » dont « on aimait suivre le parcours d’acrobate à travers les vidéos de ses numéros. » Tous ceux qui ont connu Yann Arnaud à ses débuts d’athlète sont sous le choc, notamment au sein de la section gym du Red Star Club de Champigny (Val-de-Marne).

Samedi soir, l’acrobate du Cirque du Soleil s’est tué lors d’une représentation du spectacle Volta, à Tampa, en Floride, sous les yeux de sa femme et de l’un de ses deux jeunes enfants. Une chute en plein numéro de sangles aériennes, dont on ne connaît pas encore l’origine. Agé de 38 ans, l’artiste était pourtant un professionnel expérimenté, au talent reconnu.

Originaire de Chennevières (Val-de-Marne), il avait appris la gymnastique, enfant, dans un club considéré comme un vivier : celui du Plessis-Trévise. « Au départ il faisait de la natation, c’est moi qui lui ai conseillé de venir avec moi à la gym, j’avais vu qu’il était doué pour ça », se souvient avec émotion Antoine Victot, ami d’enfance de Yann Arnaud, dont il est resté très proche. Tous les deux décident, dans les années 1990, de poursuivre cette discipline grâce au sport-études, au collège et lycée Louise-Michel de Champigny.

« Une condition physique exceptionnelle »

« Yann Arnaud nous a rejoints avec son frère, lui aussi très bon gymnaste, se souvient Bernard Farjat, responsable technique du club, à la retraite aujourd’hui. Yann était vraiment doué, il disposait d’une souplesse et d’une force exceptionnelle, d’une musculature harmonieuse, mais il était aussi un garçon incroyable, le copain de tout le monde, là pour tous les rendez-vous amicaux entre sportifs. »

Le monde du sport, il l’avait quitté après un passage à l’Insep (Institut national du sport, de l’expertise et de la performance). L’Equipe de France lui échappant, il s’est tourné vers le monde du spectacle. « Quand il a passé avec succès les auditions pour le spectacle Tarzan de Disney, ça a été une révélation, se souvient Antoine Victot, lui devenu journaliste. Notre entraîneur à Champigny avait déjà une appétence pour le cirque, il nous avait ouverts à cette discipline. »

Recruté par le Cirque du Soleil, Yann Arnaud est parti se former à Montréal, au Canada, avant de faire les tournées de la compagnie canadienne, qui recrute beaucoup en France. « Yann a adoré le monde du spectacle, ça faisait quinze ans qu’il avait rejoint le Cirque du Soleil, précise son ami d’enfance, en lien avec les parents de l’acrobate, qui vivent toujours à Chennevières. Yann était même le plus âgé du spectacle Volta, qui demande une condition physique exceptionnelle. »

« Est-ce son attache qui a lâché ? On attend l’enquête »

L’acrobate laisse derrière lui son épouse et ses deux filles, dont l’une d’une première union. « Il était un artiste de talent, dont le nom était connu, nous sommes tous en deuil, soutient à son tour Gilbert Edelstein, président du syndicat national du cirque. Son numéro de ruban donnait l’impression d’être facile mais était en réalité très complexe. Cet accident prouve à quel point le cirque reste un art difficile. »

Une tragédie qui reste à ce jour un mystère : « Il n’y a jamais de filet pour les numéros de sangles, confie un autre expert des cirques parisiens. Ce sont des numéros difficiles, bien sûr, mais pas très dangereux. Rien à voir avec le trapèze où le filet est obligatoire. On en a parlé entre gens de cirque, personne ne comprend ce qui a pu se passer. Est-ce son attache qui a lâché, un problème de matériel ? On attend l’enquête ».

D’autant que ce n’est pas la première fois qu’un artiste meurt en scène au Cirque du Soleil : en 2013, une funambule, également française, avait chuté de 15 m de haut à Las Vegas.