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Mayotte : Annick Girardin annonce des mesures dans un climat très tendu

Écrit par sur mars 12, 2018

Mayotte a accueilli lundi dans un climat très orageux la ministre des Outre-Mer Annick Girardin. À peine débarquée de l'avion, elle s'est heurtée à un premier barrage routier sur l'île de Petite-Terre. Elle décidait alors d'ouvrir le dialogue en s'asseyant par terre. À son arrivée à Grande-Terre l'attendait un petit groupe de femmes portant une banderole « Gouvernement assassin », exprimant son exaspération face à l'insécurité et à l'immigration massive. Puis, sur la place de la République, Annick Girardin, revêtue d'une salouva (grande pièce d'étoffe) colorée offerte par une Mahoraise, a été accueillie par de vives interpellations de la foule, avant d'une fois encore s'asseoir par terre pour dialoguer. « On n'est pas fatigué, on est déterminé », scandaient des femmes en salouva, tandis que quelques banderoles proclamaient « Au secours Macron » et « Liberté égalité sécurité ».

« Je suis venue pour entendre les Mahoraises et les Mahorais », leur a-t-elle répondu, lançant « un appel au calme pour pouvoir dialoguer ». Ses interlocuteurs espérant mieux qu'un dialogue, réclamant annonces et propositions concrètes, elle a répondu : « C'est pour venir discuter avec vous du calendrier. (…) Je pense qu'il nous faut un mois pour apporter les réponses que vous attendez. » Ce n'est qu'après cet échange spontané que Mme Girardin s'est rendue à la rencontre d'élus locaux avant d'énumérer une série de mesures sur la sécurité. Pendant ce temps, Grande-Terre, en proie à un mouvement social qui paralyse le territoire depuis plus de trois semaines, était encore bloquée par douze barrages routiers, le plus grand nombre enregistré depuis le début de la crise.

Mayotte reste un département français.

 

Annick Girardin a ensuite annoncé lundi à Dzaoudzi une série de mesures en matière de sécurité et de lutte contre l'immigration irrégulière. « Le 101e département français reste Mayotte, Mayotte reste un département français », a martelé la ministre lors d'une conférence de presse pour signifier l'attachement à ce territoire, appelant à redéfinir les compétences du département autant que l'accompagnement de l'État. Elle a notamment énuméré les efforts faits en matière d'effectifs de sécurité, annoncé des mesures supplémentaires contre l'immigration clandestine et ouvert le chantier d'un possible statut d'extraterritorialité pour l'hôpital afin de dissuader la multiplication de naissances d'enfants nés de mères en situation irrégulière, ce qui est perçu comme un abus du droit du sol.

Mais, dans un communiqué, le collectif et l'intersyndicale à l'origine du mouvement ont dit « refuser de s'associer à cette mascarade », regrettant qu'il n'y ait « aucune intention de mener de véritables négociations sur (leurs) revendications » et déplorant « une tentative de divisions des élus ». Pour Maoulida Momed, un des porte-parole, les mesures annoncées par la ministre sont « des sous-mesures prises dans l'urgence qui ne résoudront rien sur le long terme ». De son côté, Mme Girardin a promis de revenir à Mayotte « avant le 15 avril » et a jugé « indispensable » de rencontrer l'intersyndicale, tout en soulignant qu'elle ne « méconnaî(ssait) pas la grande manifestation » prévue mardi à Mamoudzou.

Des gendarmes et des policiers supplémentaires

Parmi ses annonces, 60 gendarmes mobiles arrivés début mars resteront jusqu'à la fin de l'année scolaire, un demi-escadron de gendarmes mobiles présent depuis l'an dernier est pérennisé, une brigade de gendarmerie nationale est créée à Koungou, tandis qu'en parallèle sont augmentés les effectifs de la réserve territoriale de la gendarmerie. L'arrivée de nouveaux renforts est accélérée, avec la venue de 10 policiers supplémentaires en mars et 16 gendarmes d'ici au 1er août, affectés notamment à la prévention de la délinquance juvénile. Enfin 20 gendarmes et 10 policiers supplémentaires arriveront ultérieurement dans le cadre de la police de sécurité du quotidien.

Les crédits du fonds interministériel de la prévention de la délinquance sont portés à 330 000 euros, a déclaré Annick Girardin, notamment pour faciliter le développent de la vidéosurveillance et un partenariat dans le cadre de la zone de sécurité prioritaire en voie de création. En ce qui concerne la lutte contre l'immigration clandestine et ses conséquences, un état-major de la lutte contre celle-ci à terre et sur mer sera créé ce mois-ci, sous la direction d'un sous-préfet chef d'état-major qui sera nommé, a souligné la ministre. Elle a aussi cité « l'envoi immédiat par la marine nationale d'un navire patrouilleur militaire qui est sur place depuis vingt-quatre heures » afin de renforcer les capacités de surveillance en haute mer jusqu'à l'arrivée de nouveaux intercepteurs l'été prochain.

Un plan de destruction de l'habitat illégal

La capacité d'intervention maritime « est organisée de manière à ce que, 24 heures sur 24, il y ait de la présence pour lutter contre l'immigration clandestine et arrêter les kwassa-kwassa qui peuvent aujourd'hui aborder nos côtes », a souligné la ministre. La capacité d'appui aérien est renforcée avec une augmentation des rotations d'hélicoptères. Un groupe d'enquêtes interservices contre l'immigration irrégulière est créé et un officier de liaison affecté au ministère de l'Intérieurcomorien « parce que cette lutte contre l'immigration clandestine se fait bien sûr à partir des Comores », a précisé Annick Girardin.

Annick Girardin a aussi annoncé la mise en place immédiate d'un plan de destruction de l'habitat illégal, en particulier dans les zones de risques naturels, en associant étroitement les maires. Les procédures d'évacuation et de destruction des habitations illégales devraient être assouplies. En ce qui concerne la lutte contre l'abus du droit du sol, elle a souligné « la volonté de travailler avec un groupe dédié sur la possibilité de créer un hôpital ou de donner à l'hôpital de Mayotte un statut d'extraterritorialité de manière à répondre à ces questions ».