Législatives en Italie: pays cherche majorité
Écrit par Jonathan PIRIOU sur mars 5, 2018
Marquées par la percée du Mouvement 5 Etoiles et de la Ligue, les élections législatives italiennes n'ont pas dégagé de majorité. Quatre questions pour comprendre les enjeux.
L'Italie s'est réveillé ce lundi sans majorité. Déroute du Parti démocrate, percée historique du Mouvement 5 Etoiles et succès de la Ligue face au parti de Silvio Berlusconi sont les éléments principaux à retenir après les résultats. Ce vote ouvre la porte à une période de tractation entre formations qui revendiquent simultanément le droit de gouverner. Avant d'en connaître l'issue, retour sur les enjeux de ces élections.
Pour quoi votaient les Italiens ?
Plus de 46 millions d'électeurs italiens étaient appelés aux urnes dimanche, pour les élections législatives. Ils devaient élire 630 députés, via un bulletin rose. Ceux âgés de plus de 25 ans recevaient aussi un bulletin jaune pour choisir les 315 sénateurs.
Complexe, le nouveau système électoral italien combine scrutin proportionnel et majoritaire. Selon les experts, le seuil pour obtenir la majorité des sièges était de 40 à 45%.
Quelles étaient les forces en présence ?
La coalition de droite rassemblait le parti Forza Italia de Silvio Berlusconi, La Ligue de Matteo Salvini, classée à l'extrême-droite et alliée de Marine Le Pen, et le petit parti Fratelli d'Italia (Frères d'Italie). Face à lui se trouvait le Mouvement 5 Etoiles (M5S), parti qui se revendique antisystème, fondé par Beppe Grillo et désormais dirigé par le jeune Luigi Di Maio, âgé de 31 ans. Le Parti démocrate de l'ancien Premier ministre Matteo Renzi avait lui pour tâche d'endiguer la montée de l'euroscepticisme et du populisme. Un pari perdu d'avance à en croire les sondages.
Quels résultats ?
Selon des résultats portant sur 98% des bureaux de vote, la coalition de droite est arrivée en tête, avec 37% des voix. En son sein, c'est la Ligue qui a eu la faveur des électeurs, devant la formation de Silvio Berlusconi.
Le M5S a réalisé une percée historique, en récoltant à lui seul 32% des voix, ce qui en fait le premier parti du pays, à en croire ce scrutin.
Plus de 10 points derrière, le Parti démocrate de Matteo Renzi et du gouvernement sortant a obtenu 19% des voix, une baisse plus forte qu'attendu.
Les frondeurs de Liberi e uguali (libres et égaux, classé à gauche), sont eux à peine au-dessus du seuil des 3% nécessaires pour entrer au Parlement.
Qui pour gouverner ?
L'absence probable de majorité pour les deux forces politiques majoritaires ouvre une période de tractations. La Ligue et le M5S ont chacun revendiqué la prise en main du gouvernement ce lundi. La coalition de droite a "le droit et le devoir de gouverner dans les prochaines années", a déclaré Matteo Salvini lors d'une conférence de presse.
Luigi Di Maio, du M5S, n'a pas dit autre chose. "Nous avons la responsabilité de donner un gouvernement" à l'Italie, a-t-il dit lors d'une déclaration à la presse. Si son mouvement disait refuser toute alliance, il s'est dit prêt "à discuter avec toutes les forces politiques", mais sur la base du programme du mouvement.