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Bure : affrontements entre forces de l’ordre et militants antinucléaires

Écrit par sur mars 3, 2018

Approchant à travers les champs du bois Lejuc, des opposants ont lancé des projectiles en direction de l'important dispositif des forces de l'ordre qui bloquaient l'accès à la forêt. Les gendarmes ont répliqué en lançant des grenades lacrymogènes, a constaté une journaliste de l'Agence France-Presse. Peu après, le gros du cortège de quelques centaines de manifestants, qui s'était mis en route vers 15 heures depuis Mandres-en-Barrois, a rebroussé chemin vers la route. Quelques opposants continuaient toutefois de s'en prendre aux forces de l'ordre, sous un épais nuage de fumée.

Le bois Lejuc a été retenu par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) pour y procéder à des forages exploratoires avant de déposer une demande d'autorisation formelle de création du site de stockage des déchets nucléaires, dans le cadre du projet baptisé Cigéo. Cette forêt, occupée par une quinzaine d'opposants, avait été évacuée le 22 février lors d'une importante opération policière. Malgré une interdiction préfectorale de manifester, les opposants au projet Cigéo – qui vise à enfouir à 500 m sous terre les déchets les plus radioactifs du parc nucléaire français – ont décidé de maintenir ce week-end un rassemblement prévu depuis le début de l'année.

Une marche 300 personnes

Les débuts du rassemblement s'étaient déroulés dans le calme, avec une marche d'environ 300 personnes, selon la police, entre Bure et Mandres-en-Barrois, et la tenue de réunions et de débats à huis clos entre les différents comités d'opposants. « La mobilisation est pour l'instant moins importante que lors des rassemblements précédents » et il n'y a « pas eu d'incidents pendant les contrôles », avait indiqué en début d'après-midi à l'Agence France-Presse la préfète de la Meuse, Muriel Nguyen, estimant à « plutôt 200 » le nombre de personnes rassemblées, loin des 700 initialement attendues. Vers 15 heures, un cortège, avec de nombreuses personnes masquées, avait quitté Mandres-en-Barrois pour prendre la route du bois Lejuc, encerclé par des fourgons de gendarmes mobiles.

Dès vendredi, les opposants avaient annoncé leur volonté d'outrepasser un arrêté préfectoral, pris jeudi soir, interdisant « toute manifestation » dans le secteur devant le risque de « troubles graves à l'ordre public ». La préfète avait évoqué un « fort risque d'affrontements avec les forces de l'ordre stationnées aux abords du bois », étant donné « le mot d'ordre visant à réinvestir » la zone. « Ce n'est pas avec des arrêtés contre les manifestations que l'on va perdre notre détermination. Le mouvement est en plein essor et est plus que légitime », a déclaré lors d'un point presse un opposant portant un masque de hibou, tenant avec les autres une banderole « Hulot m'a radicalisé ».

Un site choisi en 1998

« Au vu du dispositif militaire déployé pour entraver la tenue de ces rencontres, nous dénonçons la stratégie de la tension mise en place par les autorités et redoutons les conséquences d'une répression qui semble d'ores et déjà planifiée », a dénoncé le Réseau Sortir du Nucléaire. L'évacuation du bois Lejuc avait été décidée pour éviter que les opposants ne mènent à bien tout projet d'installer des constructions en dur dans le bois, ce qui l'aurait transformé en ZAD (« zone à défendre »), comme à Notre-Dame-des-Landes en Loire-Atlantique. « Ce n'était pas une ZAD, c'était une occupation symbolique. La ZAD, si elle se fait, c'est le gouvernement qui l'aura créée par son changement de discours », a critiqué samedi Jean-Marc Fleury, président de l'association des élus opposés à l'enfouissement des déchets radioactifs.

Le site de Bure a été choisi en 1998 pour accueillir un laboratoire souterrain qui doit préparer l'enfouissement à 500 mètres sous terre des déchets nucléaires les plus radioactifs ou à vie longue du parc français. Pour l'heure, aucun déchet radioactif n'est encore sur place. « Je suis à la disposition de tous les opposants légaux pour améliorer sans cesse le projet et les outils de concertation associés », a souligné vendredi le secrétaire d'État à la Transition écologique, Sébastien Lecornu, qui distingue « opposants légaux » et ceux qu'il appelle des « délinquants ». « Ce n'est pas l'opposition qui s'est radicalisée, c'est le gouvernement qui change sa façon de faire », a contesté Jean-Marc Fleury, estimant qu'ils ne peuvent « pas parler avec des gens qui (les) expulsent ».

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