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Voies sur berges à Paris : la piétonnisation annulée, la Mairie fait appel

Écrit par sur février 21, 2018

INFOGRAPHIE – Le Tribunal administratif de Paris a révoqué, ce mercredi, la fermeture à la circulation de ces voies situées le long de la rive droite de la Seine, converties en lieux de promenade par la maire de la capitale Anne Hidalgo.

La décision est un revers pour la Ville de Paris. Jeudi, le tribunal administratif a annulé l'arrêté de fermeture à la circulation des voies sur berges de la rive droite de la Seine, pris par la maire, Anne Hidalgo, en 2016. Les magistrats ont ainsi suivi l'avis exprimé deux semaines plus tôt par le rapporteur public. Avec cette mesure emblématique, immédiatement décriée par les automobilistes et la droite francilienne, la maire (PS) de la capitale entendait rendre aux piétons et cyclistes l'usage de ces 3,3 kilomètres de route en bord de fleuve. La décision du tribunal entraîne également la disparition de la promenade créée sur l'emplacement de la voie Georges-Pompidou.En détail, les juges dénoncent l'étude d'impact sur laquelle s'est basée la mairie pour réaliser son enquête publique. Il estime qu'elle «comportait des inexactitudes, des omissions et des insuffisances concernant les effets du projet sur la circulation automobile, les émissions de polluants atmosphériques et les nuisances sonores». Dans les faits, une étude réalisée par Airparif, un an après la mise en place de l'interdiction de circuler, concluait à un bilan mitigé quant aux effets sur l'air. Si elle soulignait l'amélioration substantielle de sa qualité sur les quais, cette dernière ne s'effectuait qu'au prix d'une dégradation de la situation dans l'est parisien, à la fin de la zone piétonne, et, dans une moindre mesure, sur les itinéraires de report.Le tribunal estime que la mairie était au courant des faiblesses de l'étude initiale, ces dernières ayant été «relevées par l'autorité environnementale dans son avis du 10 mai 2016», soit plusieurs mois avant le vote. Il conclue que «le public n'avait pu apprécier les effets de la piétonnisation des voies sur berges au regard de son importance et de ses enjeux». Estimant la procédure irrégulière, le tribunal a donc choisi d'annuler l'arrêté municipal.

À l'origine de ce recours en justice: des particuliers, des usagers de la route, la région Île-de-France, cinq départements franciliens et une petite centaine de communes de l'agglomération parisienne. Selon eux, la fermeture des voies sur berges rive droite entraînait non seulement des répercussions sur le centre de Paris mais également sur les arrondissements extérieurs, et même jusqu'en banlieue. À titre d'exemple, la région dénonçait un allongement du temps de parcours des automobilistes de 54 % sur les quais hauts, où s'était reportée une partie du flux automobile.

Appel et nouvel arrêté

Première à réagir, l'association 40 millions d'automobilistes s'est félicitée de cette «victoire», espérant que «la circulation automobile sera rétablie au plus vite». À l'inverse, lors d'une conférence de presse organisée en fin de journée, Anne Hidalgo a regretté cette décision, prise un «jour de pic de pollution». La maire de Paris estime que «les résultats sont là, tant en matière de baisse de la pollution que de baisse du trafic automobile […] Nous savions que bâtir une ville apaisée et respirable constituerait un combat de longue haleine sur lequel de nombreux obstacles seraient posés.» Elle dénonce «la droite parisienne et régionale. Pour elle, la circulation automobile est prioritaire sur la santé publique. Pour elle, une autoroute urbaine vaut mieux qu'un parc en cœur de ville.»