Affaire Hulot : de quoi parle-t-on?
Écrit par Jonathan PIRIOU sur février 8, 2018
Le nom du ministre de la Transition écologique revient, selon l'Ebdo, dans deux affaires d'agression sexuelle présumée et de harcèlement, dont l'une datant de 1997. Soutenu par l'Elysée, il assure qu'il ne s'agit que de «rumeurs ignominieuses».
«Une épée de Damoclès». Le nouveau magazine Ebdo publie vendredi une enquête révélant que Nicolas Hulot a été le suspect dans deux affaires, l'une classée d'agression sexuelle présumée, l'autre pour des accusations de harcèlement. Alors que l'Elysée écarte toute démission du ministre de la Transition écologique en l'absence d'une mise en examen, Le Figaro fait le point sur ces révélations.
Une affaire de harcèlement sexuel soldée par une transaction
D'après le magazine, plusieurs sources concordantes évoquent le cas d'une ancienne salariée de la fondation Hulot ayant accusé le numéro 3 du gouvernement de harcèlement sexuel. Âgée de 31 ans, elle aurait déclaré aux policiers en charge du dossier Baupin en mai 2016: «J'ai connu des faits de harcèlement sexuel dans un emploi précédent où l'auteur avait sous-entendu que c'est moi qui avais essayé de le séduire, me culpabilisant.» L'affaire aurait été réglée, selon l'hebdomadaire, par une «transaction».Dans les rangs de l'Assemblée Nationale, plusieurs députés, dont certains écologistes, soupçonnent alors Nicolas Hulot. L'homme est plébiscité dans les sondages pour la présidentielle, mais renonce finalement à se présenter. «La décision la plus dure qu'il avait eue à prendre de toute sa vie», confie à l'époque l'eurodéputé Pascal Durand. Contactée par la rédaction d'Ebdo, l'ancienne salariée nie depuis un quelconque lien avec le ministre d'État.
• Une agression sexuelle datant de 1997
Une femme, issue d'une «grande famille française» et renommée Marie par l'Ebdo, déclare avoir été abusée par Nicolas Hulot durant l'été 1997. Connu pour son émission «Ushuaïa», l'homme est à l'époque le présentateur d'un nouveau programme télévisé, «Opération Okavango». Il a 42 ans et elle 20. Ils se rencontrent dans la maison d'Hulot: «On aurait pu se rencontrer dans plein d'autres endroits, mais c'est lui qui a insisté pour que cela se passe chez lui», se souvient-elle.Les détails de cette rencontre ne sont pas précisés. Ses proches assurent que la jeune femme a toujours refusé de parler de viol mais «d'acte sous contrainte». Elle n'a d'abord pas souhaité porter plainte pour éviter à sa famille «le scandale». Onze ans plus tard, elle décide finalement de raconter cette journée de l'été 1997 à une gendarmerie en Bretagne. Passé dix ans les faits sont prescrits, mais la femme déclare avoir «tenu à ce qu'il sache la façon dont [elle] avait vécu les choses.» Nicolas Hulot est entendu par les gendarmes d'Ille-et-Vilaine le 16 août 2008. Pour cause de prescription, le parquet de Saint-Malo classe l'affaire sans suite en novembre de cette même année.
• Des déclarations «diffamatoires» selon Hulot
Dès jeudi matin, Nicolas Hulot a démenti sur BFM TV ces «rumeurs ignominieuse»: «Je n'ai évidemment rien à me reprocher. (…) Ça fait mal, quand c'est injuste, quand c'est infondé, car moi hier on a fait pleurer mes enfants.» Il reconnaît le dépôt en 2008 d'une plainte par une jeune femme «majeure», concernant «des allégations remontant à 1997», et classée «sans suite»: «J'ai été auditionné par les gendarmes à ma demande, et les enquêteurs ont très rapidement considéré qu'il n'y avait absolument rien qui permettait de poursuivre cette affaire». Pour le reste, «ces propos sont mensongers et gravement diffamatoires», rétorque-t-il encore au magazine.
«C'est un honnête homme, un homme intègre et courageux» assure l'un de ses proches, Serge Oru, directeur général du WWF. Bérengère Bonte, auteure d'une biographie de Nicolas Hulot affirme, elle, que «c'est simplement un grand séducteur»