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Quand Thomas Pesquet teste la qualité de l’eau dans l’espace

Écrit par sur janvier 16, 2018

Pendant les six mois passés en orbite dans sa Station spatiale internationale, Thomas Pesquet n'a pas fait que de belles photos de la Terre. L'astronaute a pu expérimenter l'Aquapad, un dispositif qui permet de tester la qualité de l'urine et de la sueur recyclées pour produire de l'eau de boisson. Cette nouvelle technologie de microbiologie sèche, développée par le laboratoire bioMérieux, consiste à analyser un millilitre d'eau sur une pastille de coton. En quelques minutes, les colonies de bactéries forment des points rouges et verts sur le test, qu'il suffit de photographier avec une application mobile qui est capable de les dénombrer et de déclarer si l'eau est potable ou non. Dans le cas de la mission Proxima, le séjour de six mois passé dans la Station spatiale internationale (ISS) de novembre 2016 à mai 2017, la réponse a toujours été positive : les astronautes ont pu boire sans crainte.

En apesanteur à bord de l'ISS, Thomas Pesquet devait manipuler les petits boîtiers de l'Aquapad. « J'avais l'équivalent de boîtes de Pétri en miniature (une boîte cylindrique transparente peu profonde, NDLR), dans lesquelles je devais injecter un peu d'eau de la station spatiale. Je les fermais ensuite dans une enveloppe étanche pour que les bactéries ne prolifèrent pas à l'extérieur, puis on comptait les souches de bactéries pour s'assurer que l'eau était bien potable », a-t-il expliqué lundi à Marcy-l'Étoile, au siège du géant mondial du diagnostic in vitro. L'astronaute a livré dans son retour d'expérience des propositions d'amélioration à bioMérieux : « Il faudrait ajouter un petit velcro pour éviter que les boîtes volent », a-t-il notamment suggéré. Les nouvelles versions d'Aquapad devraient également devenir encore plus petites, plus compacts, plus ergonomiques et plus autonomes. « Et être utilisées systématiquement à l'avenir dans la Station spatiale internationale et les véhicules d'exploration », a précisé Gilles Rabin, le directeur de l'innovation du Cnes. « On devrait avoir ces technologies à bord pour des missions d'exploration sur la Lune ou sur Mars », pronostique même Thomas Pesquet. L'Aquapad devraient également rapidement être utilisée sur Terre, notamment dans les pays en développement.

A310 parabolique et chinois

Pour Alexandre Mérieux, PDG de bioMérieux, « cette étude en condition extrême permet de donner une réponse rapide et automatisée et (…) permet de faire avancer la science ». Cette technologie pourrait ainsi être utile en cas de catastrophe naturelle, mais aussi de crise humanitaire pour vérifier la qualité de l'eau. Dans l'espace, son intérêt est aussi financier. « La manipulation me prenait 10 minutes au lieu des 45 minutes que ces opérations nécessitent normalement », précise Thomas Pesquet. « Le temps est la ressource la plus rare dans la station. Sauver 30 ou 40 minutes sur une opération de routine, ça se chiffre en millions de dollars à la fin de l'année ! », ajoute l'astronaute. La visite de ce dernier à Marcy-l'Étoile a par ailleurs été l'occasion de la signature formelle d'une nouvelle collaboration entre le Centre national d'études spéciales (CNES) et les laboratoires lyonnais.

Désormais, Thomas Pesquet se prépare pour de futures missions. « Être astronaute, c'est comme être militaire : Quand on a besoin de nous, on y va. Le reste du temps, on essaye de se maintenir en bonne condition et de faire marcher le système. » Le Français poursuit son entraînement. « Je maintiens mes compétences et j'essaye de développer de nouvelles cordes à mon arc. J'apprends le chinois pour le cas où je serai amené à voler avec nos collègues chinois. » L'astronaute s'apprête aussi à piloter l'A310 parabolique pour faire de la recherche en apesanteur.