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Affaire Maëlys : mis en examen pour meurtre, le suspect nie toujours

Écrit par sur décembre 1, 2017

 

 

Affaire Maëlys : mis en examen pour meurtre, le suspect nie toujours

Trois mois après la disparition de Maëlys, les charges s'accumulent contre le suspect numéro un. Après plus de six heures et demie d'audition par les trois juges d'instruction en charge de l'affaire, Nordahl Lelandais, 34 ans, ancien maître-chien de l'armée, a été mis en examen pour meurtrealors qu'il n'était poursuivi jusqu'à présent que pour enlèvement et séquestration. A la lumière de nouveaux éléments, les magistrats estiment qu'il est bien à l'origine de la disparition de la fillette et qu'il a aussi tué Maëlys. Même si l'intéressé continue de nier les faits qui lui sont reprochés.

Juges et enquêteurs ont minutieusement reconstitué les déplacements de Nordahl Lelandais la nuit du samedi 26 au dimanche 27 août durant laquelle a disparu Maëlys, 9 ans. Et plusieurs éléments l'accablent. Le procureur de Grenoble, Jean-Yves Coquillat, a expliqué que la disparition de Maëlys avait été fixée à 2 h 45. « A 2 h 46 et 12 secondes, M. Lelandais mettait son téléphone en mode avion. A 2 h 47 son véhicule est filmé par une caméra de vidéosurveillance du centre de Pont-de-Beauvoisin (Isère). A l'avant du véhicule, une silhouette frêle de petite taille, semble-t-il une enfant, ou quelqu'un de petit, qui est vêtue d'une robe blanche se trouve sur le siège passager avant. Avec des cheveux qui semblent bruns », détaille le magistrat. Or, lors de la fête de mariage d'où elle a disparu, Maëlys portait une robe blanche. « A 3 h 24 et 29 secondes, le véhicule est de nouveau filmé en sens inverse par la (même) caméra vidéo dans le sens du retour. Le conducteur est alors seul dans la voiture », insiste le procureur.

Confronté à ces images, Nordahl Lelandais a affirmé que le véhicule filmé n'était pas le sien, et qu'il ne se trouvait pas à cet endroit à ce moment-là. Mais pour le procureur, il s'agit bien de l'Audi A3 de Lelandais « qui est identifiable grâce à des autocollants, un défaut d'éclairage sur la plaque arrière et ses jantes ». Le suspect a fait trois allers-retours, de la salle des fêtes de Pont-de-Beauvoisin, à son domicile de Domessin (Savoie). Puis un aller simple pour rentrer chez lui.

A plusieurs reprises, il a coupé son portable. Pour ne pas être repéré, selon les enquêteurs. « Je voulais économiser ma batterie », a rétorqué le suspect. Quelques heures après la disparition de Maëlys, dimanche, Lelandais est entendu comme témoin par les gendarmes. Trente-cinq minutes après cette audition, il va nettoyer de fond en comble sa voiture à une station de lavage. De 17 h 23 à 19 h 45. En partant, il emporte toutes les lingettes qui lui ont servi à astiquer son véhicule. Les gendarmes ont quand même retrouvé une trace ADN de la fillette, sur le bouton d'éclairage des phares.

Accumulation d'éléments à charge

Malgré l'accumulation d'éléments à charge, Nordahl Lelandais ne s'est pas démonté devant les juges et a maintenu ses dénégations. « C'est un homme qui s'exprime calmement, avec beaucoup de sang-froid », a précisé le procureur. L'avocat du suspect, M e Alain Jakubowicz, n'a fait aucun commentaire après l'audition de son client. En apprenant que le suspect numéro un continuait à tout nier en bloc malgré ses nouvelles et lourdes charges, les parents de Maëlys n'ont pas caché leur déception par la voix de leur avocat, M eFabien Rajon : « Mes clients attendaient des aveux et ils sont donc en colère et déçus. Ils ne savent toujours pas où est leur fille, ce qui lui est arrivé. » Le procureur, lui, a laissé peu d'espoir aux parents de l'enfant. « L'hypothèse malheureusement la plus probable, c'est que l'enfant a été enlevée », estime le magistrat. Avec une fourchette horaire cruciale, entre 2 h 45 et 3 h 24. « C'est la période où l'homicide a eu lieu. Ensuite, il y a la période de dissimulation du corps. Cette affaire ne sera jamais complètement résolue tant que nous n'aurons pas retrouvé l'enfant. Mais il n'est pas certain que nous réussissions », a prévenu Jean-Yves Coquillat.

Du côté des proches de Nordahl Lelandais, on continue à croire en son innocence. « Ça ne peut pas être Nordahl, assure son père, Jean-Pierre Lelandais. C'est le papa qui parle. C'est un garçon qui est très gentil, qui aime bien les enfants. Jamais, jamais il ne ferait une chose comme ça. Il n'y a pas de raison, d'ailleurs. Je reste persuadé qu'il est innocent. La justice s'acharne sur lui. »

En début de journée, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Grenoble, saisie par l'avocat du suspect, avait annulé les quatre premières auditions de Nordahl Lelandais réalisées lors de sa première garde à vue. Car les gendarmes ne les avaient pas filmées comme l'exige la loi. Mais ces annulations n'auront pas d'incidence sur la suite de la procédure.